Dieu,
tu nous as rejetés : le Psaume 60 (59)
Le Psaume 60 (59) est un peu déconcertant
car il comporte bien des noms étrangers qui nous déroutent
(Soukkôt, Galaad
). Une fois cette difficulté
surmontée cependant, cette prière nous saisit par
sa beauté dramatique. Cest une lamentation après
une défaite, et chacun de nous se trouve un jour dans cette
situation : un affaissement après léchec,
puis une prière qui amorce une remontée. Nous présentons
ici la version française de la liturgie des heures.
3 Dieu, tu nous as rejetés, brisés;
tu étais en colère, reviens-nous!
4 Tu as secoué, disloqué le pays;
répare ses brèches : il seffondre.
5 Tu mets à dure épreuve ton peuple,
tu nous fais boire un vin de vertige.
6 Tu as donné un étendard à tes fidèles,
était-ce pour quils fuient devant larc?
7 Que tes bien-aimés soient libérés;
sauve-les par ta droite, réponds-nous!
8 Dans le sanctuaire, Dieu a parlé :
« Je triomphe! Je partage Sichem,
je divise la vallée de Soukkôt.
9« À moi Galaad, à moi Manassé!
Éphraïm est le casque de ma tête,
Juda, mon bâton de commandement.
10 « Moab est le bassin où je me lave;
sur Édom, je pose le talon.
Crieras-tu victoire sur moi, Philistie? »
11 Qui me conduira dans la Ville-forte,
qui me mènera jusquen Édom,
12 sinon toi, Dieu, qui nous rejettes
et ne sors plus avec nos armées?
13 Porte-nous secours dans lépreuve :
néant, le salut qui vient des hommes!
14 Avec Dieu nous ferons des prouesses,
et lui piétinera nos oppresseurs!
Les premiers versets font une constatation.
Les ennemis qui viennent presque toujours du Nord ont triomphé.
Le pays est ruiné et même létendard (verset
6) mènerait larmée dans un repli vers le Sud.
Le Psalmiste lance un cri vers Dieu en faveur des combattants :
« Sauve-les! » (verset 7)
Quoi de mieux quand les choses vont
mal que dévoquer de meilleurs jours! Une voix dans
le temple résume les victoires du passé en assumant
le rôle de Dieu : « Je triomphe! »
(verset 8) Au temps de Josué, cétait succès
sur succès : Sichem, Soukkôt, qui sont au centre
de la Palestine, puis Galaad, Manassé au Nord-Est. Moab est
un territoire vassal à lest de la mer Morte. Moab est
comparé à un esclave qui lave les pieds de son maître
en signe de soumission. « Moab est le bassin où
je me lave. » (verset 10) La tribu dÉphraïm
et celle de Juda ont été les chefs à réussite
dans la conquête. « Éphraïm est le
casque de ma tête, Juda, mon bâton de commandement. »
(verset 9)
Lorsque nous transposons ces événements
dans lordre de la vie chrétienne, nous reconnaissons
nos faiblesses dans le combat spirituel. Nous reprenons à
notre compte les mots du Psalmiste : « Avec Dieu,
nous ferons des prouesses! »(verset 14) Notre solidarité,
nous la voulons avec celui que la Bible appelle le Lion de Juda :
Jésus Christ! Il a dit : « Dans le monde,
vous trouverez la détresse, mais ayez confiance : je
suis vainqueur du monde! » (Jean 16, 33)
Le sulpicien Jean-Julien Weber a
proposé de lire le psaume selon un parcours de lhistoire
de lÉglise. Elle a connu des moments où elle
semblait près de sa perte : le IIIe siècle, avec
les persécutions sanglantes réitérées;
le IVe siècle, où lArianisme triomphait; le
Xe siècle, où le clergé fasait honte; le XVIe
siècle où le paganisme renaissait et où le
protestantisme éloignait des nations entières. Et
cependant Dieu, par la main de ses saints a tout remis en ordre.
La prière du psaume 59(60) marque la confiance puisquelle
est une demande adressée à Dieu. « Sois
sans crainte petit troupeau! » (Luc 12, 32)
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