Célébrer
la délivrance de la servitude avec le Psaume 114
Le Psaume 114 (113 A dans l'ordre de la Bible grecque).
Voici la version du Psaume que l'on utilise dans la Liturgie des
heures (le bréviaire) :
- Quand Israël sortit d'Égypte,
Et Jacob, de chez un peuple étranger,
Juda fut pour Dieu un sanctuaire,
Israël devint son domaine.
La mer voit et s'enfuit,
le Jourdain retourne en arrière.
Comme des béliers, bondissent les montagnes,
Et les collines comme des agneaux.
Qu'as-tu mer à t'enfuir,
Jourdain, à retourner en arrière?
Montagnes, pourquoi bondir comme des béliers,
collines, comme des agneaux?
Tremble, terre, devant le Maître,
devant la face du Dieu de Jacob,
lui qui change le rocher en source,
Et la pierre en fontaine!
Ce poème fait partie des psaumes
du Hallel , un groupe de psaumes (113 à 118) que l'on chantait
autrefois comme maintenant, à l'occasion de la Pâque.
On célébrait la délivrance de la servitude
d'Égypte. L'Exode, mot qui veut dire sortie, désignait
tous les événements entourant la libération
de l'esclavage du peuple d'Israël au temps de Moïse. Ces
événements historiques pouvaient être encadrés
comme on le fait dans le psaume par le passage de la mer Rouge et
le passage du fleuve le Jourdain.
Ce psaume est d'une très jolie
composition et il est facile de s'en servir dans nos liturgies.
Il est simple à comprendre et il inspire la joie. On note
le parallélisme entre les deux passages, celui de la mer
Rouge et celui du Jourdain. On remarque la brièveté
du texte, l'imagination de l'auteur qui fait bondir montagnes et
collines, ainsi que l'effet de surprise des comparaisons (montagnes
comme des béliers, collines comme des agneaux). Le psaume
a été composé, semble-t-il à Guilgal,
un sanctuaire près du Jourdain. Ce lieu est entouré
de montagnes, selon l'allusion qu'on y fait. Plus tard, il a été
utilisé dans la liturgie du temple de Jérusalem où
l'on faisait des rituels de l'eau. On versait de grands vases d'eau
fraîche sur l'autel comme pour appeler la pluie.
Un des épisodes de l'Exode
qui est évoqué dans le psaume est celui de l'eau qui
sortit du rocher pour désaltérer le peuple lorsque
Moïse a frappé le roc de son bâton. Le Dieu de
Jacob, l'ancêtre des douze tribus, « change le rocher
en source et la pierre en fontaine ».
Tout le psaume fait penser que le
peuple a mangé la Pâque avant de traverser la mer Rouge
et de nouveau après avoir traversé le Jourdain. Ce
sont des repas sacrés qui commémorent la présence
de Dieu à la vie des hommes un peu comme le fait l'eucharistie.
Comme la Passion et la Résurrection
du Christ renouvelleront spirituellement les événements
de l'Exode, Josué qui était à la tête
du peuple franchissant le Jourdain, a été considéré
par les Pères de l'Église (les premiers évêques
de la communauté chrétienne), comme une figure de
Jésus , dont il est l'homonyme. Jésus est la forme
grecque du nom Josué.
La critique historique rapproche
l'événement de la traversée du Jourdain de
ce qui se produisit en 1267 d'après un chroniqueur arabe :
le Jourdain cessa de couler pendant dix heures parce que des éboulements
de terrain avaient barré la vallée, précisément
dans la région d'Adama-Damieh. Le langage de la nature nous
parle de Dieu et de son plan de salut avec poésie.
Pierre Bougie, PSS
professeur au Grand séminaire de Montréal
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