Le Psaume
128 : bénédiction
sur les fidèles
Le Psaume 128 (127) dans l'ordre de la liturgie)
enchante toujours ceux qui le lisent ou qui prient avec ses mots.
Il est en effet d'une grande sérénité et d'un
contenu très optimiste. Donnons-en la version de la liturgie
des heures :
- « Heureux qui craint le Seigneur
- Et marche selon ses voies!
- Tu te nourriras du travail de tes mains:
- Heureux es-tu! À toi, le bonheur!
- Ta femme sera dans ta maison
- Comme une vigne généreuse,
- Et tes fils, autour de la table,
- Comme des plants d'olivier.
- Voilà comment sera béni
- L'homme qui craint le Seigneur.
- De Sion, que le Seigneur te bénisse!
- Tu verras le bonheur de Jérusalem
- Tous les jours de ta vie, et tu verras les fils de tes fils.
- Paix sur Israël! »
Le Psaume décrit le portrait
idéal d'une famille heureuse. Il évoque le moment
du repas familial où les enfants sont réunis autour
de la table. C'est certainement l'instant par excellence de l'amour
fraternel. Quel contraste avec les premières pages de la
Bible. Le Livre de la Genèse présente une famille
éclatée. Une grande tension existe entre Ève
et son mari Adam. Lorsque Dieu interroge Adam sur ce qui s'est passé
à la suite de la séduction du serpent, il dit avec
des mots qui insistent sur la distance: « La femme que
tu m'as donnée... » Leurs enfants Caïn et
Abel seront les victimes d'un conflit familial majeur qui se termine
par un meurtre. Le sol est destiné à l'aridité:
« Maudit soit le sol à cause de toi! Il produira
pour toi épines et chardons. »
Le Psaume au contraire montre une
famille où le couple vit dans l'harmonie; la femme est comme
une vigne généreuse. Le travail de l'homme donne une
bonne nourriture: « Tu te nourriras du travail de tes
mains. » Les oliviers de la propriété servent
d'images de la progéniture : « comme des
plants d'olivier. »
Le Psaume est un psaume de sagesse
puisqu'il commence par la formule: « Heureux qui... »
C'est une expression typique de ce genre littéraire.
Le bonheur provient de ce que nous
dit le contexte. Nous avons ici un cantique des montées,
donc un chant utilisé par les pèlerins qui se rendaient
à Jérusalem pour prier au temple. Les gens qui allaient
prier là savaient qu'il ne pouvait en provenir que du bonheur.
Le temple était un lieu de louange pour tous. C'était
aussi un lieu où la liturgie pouvait rappeler les commandements.
« Une famille qui prie est une famille unie »
selon le vieux dicton américain. Les Israélites en
avaient déjà fait l'expérience. « Marcher
selon ses voies », « craindre le Seigneur »
sont des garanties de félicité, dit la Bible toute
entière. Même dans l'épreuve diront d'autres
écrits de sagesse. L'attachement à la Loi de Dieu
est un moyen de salut puisque la Loi est un don du Seigneur.
Un commentaire moderne du Psaume
doit donner à la femme du juste un rôle moins effacé.
Il doit dire aussi que le juste aura des filles qui ne sont pas
mentionnées ici et qui lui apporteront beaucoup de joie.
Faut-il voir encore une image de l'Église qu i goûte
le bonheur autour de la table eucharistique et à qui le baptême
enfante une longue et fructueuse lignée?
Pierre Bougie, PSS
professeur au Grand séminaire de Montréal
Article
précédent :
Le
psaume 130 ou le De profundis
|