L'esprit
d'enfance : le Psaume 131 (130)
Seul poème, dans le livre des Psaumes, attribué à
une femme. Il comporte en effet le verset « comme un petit
enfant contre sa mère ». Cette image viendrait
plus facilement sous la plume d'une femme qui a fait l'expérience
de la maternité ou qui s'est occupé d'êtres
humains dans la petite enfance. Toutes les personnes de la terre
ont ressenti un jour le bien-être de l'enfant encore bébé
et qui a reposé contre sa mère. Le poupon jouit alors
d'un calme et d'une tranquilité qu'il ne retrouvera probablement
jamais plus.
Lisons le Psaume dans toute sa longueur
(il est parmi les plus brefs de tout le livre):
- Yahvé, je n'ai pas le coeur fier, ni le regard hautain.
- Je n'ai pas pris un chemin de grandeurs ni de prodiges qui me
dépassent.
- Non, je tiens mon âme en paix et silence;
- comme un petit enfant contre sa mère,
- comme un petit enfant, telle est mon âme en moi.
- Mets ton espoir, Israël, en Yahvé,
- dès maintenant et à jamais!
Le titre proposé par la Bible
de Jérusalem, « L'esprit d'enfance »,
place le Psaume à l'origine d'un grand courant de la spiritualité
chrétienne. Il recèle une valorisation de l'enfant
telle que Jésus l'a faite dans les évangiles. À
l'époque, l'être humain, tant qu'il n'avait pas atteint
l'âge d'agent productif, le service de la maison ou le travail
aux champs, n'était pas digne d'intérêt. Jésus
a changé cela en disant: « Si vous ne retournez
à l'état des enfants, vous n'entrerez pas dans le
Royaume des Cieux. » (Mt 18,3) Il y a là une
invitation à reconnaître que Dieu agit envers nous
à la façon d'un père qui a la tendresse d'une
mère.
Thérèse de l'Enfant
Jésus en a fait l'expérience, elle qui est connue
pour avoir emprunté la Petite Voie : « Rester
petit, c'est reconnaître son néant, attendre tout du
Bon Dieu, ne pas trop s'affliger de ses fautes, ne point gagner
de fortune, ne s'inquiéter de rien,... vouloir ne pas se
suffire à soi-même,... se sentir incapable de gagner
sa vie, la Vie éternelle... » Le psaume a de l'actualité
chez les couples qui ne veulent pas d'enfant. Les époux manquent
alors de confiance en l'avenir qui appartient à Dieu. L'élaboration
de grands projets du lendemain qui sont exagérés et
chimériques ne rend pas heureux. La confiance en Dieu, si!
Pierre Bougie, PSS
professeur au Grand séminaire de Montréal
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