Un chant
de pèlerinage : le Psaume 133
Le Psaume 133 (132 dans la liurgie)
est une des plus courtes prières du Psautier, ce livre des
Écritures qui contient les 150 psaumes. Remarquons en le
lisant qu'il n'est pas tout à fait une prière puisque
ses mots ne s'adressent pas à Dieu; ils s'adressent plutôt
aux autres personnes réunies pour l'assemblée de prière.
Le psaume se classe parmi les Psaumes des montées, c'est-à-dire
ces chants que l'on utilisait dans les pèlerinages vers Jérusalem
et son temple.
Lisons la version qu'en présente
la Bible de Jérusalem (1998):
- Voyez! Qu'il est bon, qu'il est doux d'habiter en frères
tous ensemble! C'est une huile excellente sur la tête, qui
descend sur la barbe, qui descend sur la barbe d'Aaron, sur le
col de ses tuniques. C'est la rosée de l'Hermon, qui descend
sur les hauteurs de Sion; là, Yahvé a voulu la bénédiction,
la vie à jamais.
Le texte hébreu qui est évidemment
original est connu par ceux qui affectionnent la culture populaire
du peuple d'Israël. La culture folklorique, musique et danse
des pionniers de l'État d'Israël, a ramené ce
beau psaume sur les lèvres des jeunes d'aujourd'hui:
- Hiné ma tov ou manaïm shevet ahim (frères)
gam-iahad: ka shèmen hatov al-harososh (tête)
iored al-hazaqan-haharon weiored al-pi midotav: ketal-hermon weired
al-harrei tsion (Sion) ki wham tsioua Yahvé et-haberaka
(la bénédiction) haiim al haolam.
À toutes les époques,
ce psaume a connu la faveur de ceux qui aiment vivre avec les autres.
Les philosophes disaient comme Aristote, que l'être humain
est un «animal social», mais chez les croyants, il y a
plus que l'instinct grégaire. C'est la foi en Dieu qui réconforte
et qui donne joie. Le partage d'une même confiance en Dieu,
créateur et sauveur, procure paix et réconfort. Les
Israélites d'autrefois avaient été dispersés
par la violence des envahisseurs. Lorsqu'ils se retrouvaient en
marche vers Jérusalem, qu'il faisait bon se retrouver et
ne pas avoir à se méfier des compagnons de route.
Le bien-être consistait dans une aisance avec des gens au
même objectif.
La beauté de ce psaume n'empêche
pas de le trouver un peu étrange. Comparer une chose bonne
à l'odeur d'un parfum est tout à fait inattendu! Et
pourtant que c'est charmant. Lorsqu'il y avait intronisation d'un
prêtre de la lignée d'Aaron, l'onction de parfum se
diffusait partout. Se retrouver pour prier y est comparable.
L'autre image très neuve et
bien propre à l'Orient est la rosée de l'Hermon. C'est
une poussière d'eau fraîche qui vient de la montagne
aux neiges éternelles et qui a été comme soufflée
sur Sion, la colline du temple de Jérusalem. La chaleur dont
pourraient souffrir les pèlerins qui gravissent des pentes
abruptes, est oubliée. On s'asseoit pour conclure le pèlerinage
de la fête des tentes: c'est un repas de communion qu'il fait
bon partager. Nos communautés religieuses vivent ce psaume
d'une façon plus dense. Elles n'ont qu'un coeur et qu'une
âme selon l'idéal des Actes des apôtres :
« Qu'un coeur et qu'une âme, ils mettaient tout
en commun. » (Actes 2,44) Le psaume 133 est un psaume
d'unité. Il anticipe une parole de Jésus : « C'est
à ceci que tout le monde vous reconnaîtra pour mes
disciples: l'amour que vous aurez les uns pour les autres. »
(Jean 13,35).
Pierre Bougie, PSS
professeur au Grand séminaire de Montréal
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