Les Psaumes
pour la foi
Nous commençons notre étude des Psaumes par l'étude
du plus court de tous les psaumes, le Psaume 117(116). Dans la liturgie,
il porte le numéro 116 et dans les Bibles, qui suivent la
numérotation hébraïque, le numéro 117.
Comme il est court, nous pouvons le transcrire au long:
- Louez le Seigneur tous les peuples,
- louez le Seigneur toutes les nations,
- sa miséricorde pour nous a été confirmée
- et la fidélité du Seigneur demeure à
jamais. Alleluia!
Les plus anciens se souviennent peut-être
de la version latine que l'on chantait en guise de chant de sortie,
par exemple dans les bénédictions du Saint-Sacrement:
- Laudate Dominum omnes gentes,
- Laudate Dominum omnes populi
- Quoniam confirmata est super nos misericordia ejus
- et veritas Domini manet in eternum (Alleluia!)
Observations
Regardons les mots les plus importants.
Le mot « Louez » : il se trouve deux fois pour
traduire le mot hébreu « hallal » puisqu'on
le trouve au tout début du psaume et à la fin simplement
transposé dans « Alleluia » que le français
n'a pas traduit, mais simplement reproduit tel quel de la langue
originale. Cette racine hallal est très importante
dans les psaumes puisqu'elle englobe tous les psaumes. On retrouve
ce mot hallal ou alleluia une multitude de fois dans les
150 psaumes et s'il est saupoudré un peu partout, c'est que
la tonalité générale du livre des psaumes est
à la joie et à l'action de grâces.
Le Psautier (le nom officiel du livre
des psaumes) est une invitation à la louange et à
un grand Merci! De fait, les lamentations ou plaintes du psalmiste
sont le genre de prières le plus répandu parmi les
psaumes, mais même là on exalte la puissance du Seigneur
qui peut nous venir en aide. Le son hallal et cette combinaison
de lettres apparaît fréquemment dans diverses langues
comme expression d'excitation spontanée et joyeuse. L'allemand
halali ou hali halo exprime l'excitation de la chasse
comme sport. L'arabe tahlil reproduit le chant des femmes
qui encouragent les hommes à la guerre; 'ahalla est
le cri des jeunes mères qui saluent un enfant nouveau-né
et tahallalah exprime les cris joyeux en général.
L'hébreu hall dénote l'enthousiasme d'un jeune
homme ou d'une jeune femme devant la beauté de son conjoint,
mais encore plus l'enthousiasme devant la grandeur de Dieu. Ceux
qui chantent hall se battent la poitrine ou se passent la
main sur la gorge pour faire sortir de leur lèvres une trille,
un petit son rythmé qui est une vraie incantation. Notre
psaume est donc très typique du milieu d'où il est
originaire.
Le mot « peuple »
est dans un des deux cas rendu ici par nation, en hébreu
oum c'est-à-dire la nation en tant que mère
des individus qui la composent. Ce sont les païens qui sont
invités à proclamer la grandeur de Dieu qui a fait
tant de belles choses pour Israël, surtout le retour de l'exil.
Le mot « miséricorde » est un des termes
qui appliqué à Dieu signifie son amour (hébr.
hèsed) manifesté dans l'alliance vue comme
pacte de famille liant entre eux des parties qui ont un lien de
parenté physique entre elles. Il y a oubli des torts qui
ont été causés par la partie plus faible de
l'alliance.
Le mot « fidélité »
que l'on rend parfois par vérité (en latin veritas)
n'est pas un concept philosophique mais plutôt une description
de ce qu'est pour Dieu la constance dans son comportement. Il est
fidèle à lui même quand il pardonne et qu'il
demeure le même dans la parole donnée. Même s'il
a permis une épreuve dans l'exil de son peuple Israël,
Dieu demeure inébranlable dans ses engagements.
Commentaire
Le peuple d'Israël ne s'est
pas exprimé en langage abstrait d'habitude. Ainsi pour parler
d'un être qui existe vraiment, il a parlé de l'être
qui loue Dieu. Chanter la louange de Dieu, c'est l'équivalent
de vivre. Un être qui est empêché de louer a
cessé d'exister. Ici, les nations païennes, les communautés
d'étrangers trouvent donc un appel à être lorsqu'elles
sont invitées à chanter Dieu.
Le « nain » parmi
les psaumes a joué un beau rôle. Saint Paul en a parlé
(Rm 15,11)
lorsqu'il a dit que l'amour de Dieu s'étendait à tout
l'univers, à toutes les nations en dépit des fautes
de ses témoins. Souvenons-nous de la fidélité
de Dieu bien nécessaire, puisque disait Péguy: la
vertu qui est devenue la plus rare dans les temps modernes: la fidélité.
(Courrier de Russie, 19 septembre 1905)
Pierre Bougie, PSS
professeur au Grand séminaire de Montréal
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Louez
le Seigneur, tous les peuples!
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