Le jour
que fit le Seigneur
Lors des grandes fêtes, en particulier lors du repas pascal,
les Juifs chantent le Hallel - le mot signifie louange, d'où
Alléluia - recueil de six psaumes: 113 (112) à
118 (117). Jésus lui-même a observé cette coutume,
le soir de son dernier repas avec ses disciples (cf. Mc
14,26). Le fait que ces psaumes aient été chantés
à la suite l'un de l'autre a entraîné diverses
perturbations dans la transmission du texte; c'est pourquoi cette
section est la plus troublée de tout le psautier en ce qui
concerne la division des psaumes et leur numérotation.
Le psaume 114(113a)
fait explicitement référence à la Pâque
juive: le passage de la mer et celui du Jourdain. Par contre, les
chrétiens ont retenu comme hymne pascal par excellence le
psaume 118(117),
originellement prévu pour la fête des Tentes, semble-t-il
(cf. v. 27). En ce temps pascal, nous allons découvrir
ce psaume que nous retrouvons dans la liturgie, entre autres, de
la Veillée pascale, du jour de Pâques, et du dimanche
suivant.
Lire
le psaume 118(117)
1. Quels liens peuvent être faits entre le texte de ce
psaume et la célébration de Pâques?
2. Comment un(e) chrétien(ne) peut-il (elle) se situer
pour prier ce psaume?
Observations
Quelques observations, tout d'abord,
à partir de questions de base pour entrer dans un psaume.
Celui-ci est complexe et comporte probablement des parties dialoguées
entre deux choeurs ou un soliste et un choeur. Comme il n'est pas
facile de déterminer exactement les changements d'interlocuteur,
on a l'impression d'une certaine confusion, spécialement
à partir du v. 15. Cette difficulté ne doit pas
nous empêcher d'aller plus loin.
Il s'agit nettement d'une action
de grâce pour avoir été délivré
d'un mal qui menaçait la vie même. Celui qui prie a
été attaqué par des adversaires puissants mais
Dieu est intervenu pour le sauver (cf. vv. 10-13,18). À
l'origine, il s'agissait peut-être d'une action de grâce
individuelle, à la suite d'un événement précis
mais le psaume a été réinterprété
dans un sens collectif (cf. vv. 1-4): c'est tout le peuple
d'Israël qui remercie Dieu de le délivrer de ses ennemis.
Durant la plus grande partie du psaume, les interlocuteurs s'invitent,
à tour de rôle, à louer Dieu; en quelques occasions,
on s'adresse directement à Dieu (vv. 21.25-28), sans
qu'on puisse toujours percevoir clairement les raisons de ce changement.
C'est le v. 24 qui a servi de
point de départ à l'interprétation chrétienne
de ce psaume: « Voici le jour que fit Yahvé, pour
nous allégresse et joie. » Le jour par excellence
est celui de la résurrection, ce jour unique, source de la
joie et de l'espérance chrétienne. Par ailleurs, le
v. 22 était déjà appliqué à
Jésus dans Mt
21,42 (voir aussi Mc
12,10-11; Lc
20,17; Ac
4,11). Jésus est identifié à la pierre
rejetée par les constructeurs, c'est-à-dire par le
peuple juif, mais établie par Dieu comme fondement du nouveau
peuple, l'Église. Partant de là, il est facile d'appliquer
à Jésus les passages du psaume qui évoquent
la délivrance d'un péril extrême, en particulier
les vv. 17-18 qui mentionnent la délivrance de la mort
elle-même. Lus dans une perspective chrétienne, ces
versets s'appliquent à l'initiative de Dieu qui n'épargne
pas la mort à son Fils, mais qui le délivre même
dans la mort.
Dans la résurrection de Jésus,
c'est toute l'humanité qui est délivrée de
la mort. C'est donc le Christ total - tout le corps mystique, depuis
Jésus lui-même jusqu'au dernier des croyants - qui
peut entonner cet hymne et dire à Dieu: « Je te
rends grâce, car tu m'as exaucé; tu fus pour moi le
salut. » (v. 28)
Jérôme Longtin, ptre
Note
Au verset 25, on trouve, en hébreu, les mots hoshiah-na,
sauve donc! Cette formule est passée dans la langue latine,
puis française et est encore utilisée dans la liturgie
sous la forme Hosanna. D'ailleurs, la deuxième partie du
Sanctus de la messe latine est inspirée directement des versets
25 et 26 de ce psaume.
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