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Les Psaumes

 

David
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chronique du 4 avril 2003
 

Le miroir de la Providence

Le problème de la persistance du mal dans un monde sauvé par Dieu et celui qui en découle, la rétribution des justes et des méchants, hantent la conscience humaine depuis toujours. Le livre de Job, par exemple, est entièrement consacré à cette question. Il est donc normal que ces interrogations fondamentales aient fait leur chemin jusque dans la prière d'Israël. De fait, les psaumes abordent ces questions de plusieurs manières et ne proposent pas une réponse unique; par exemple, les psaumes 38(37) et 39(38), avec des accents parfois très proches du livre de Job, s'adressent à Dieu en reconnaissant que le malheur est un juste châtiment du péché, ce qui est l'opposé de la position de Job. Le psaume 37(36) expose, de son côté, la doctrine traditionnelle de la rétribution, telle qu'on le trouve aussi, par exemple, dans le Psaume 1. C'est Tertullien (auteur chrétien du IIIe siècle) qui a donné à ce psaume 37(36) le titre de « miroir de la Providence ».

Lire le Psaume Ps 37(36)

1. Quel est l'accent majeur de ce psaume?

2. Qui parle en « JE » dans ce psaume?

3. À qui le psaume s'adresse-t-il?

4. À quelle personne Dieu y est-il figuré?

5. Y a-t-il, dans ce psaume, des allusions à des événements connus qui permettraient de le situer dans l'histoire?

6. Où pouvons-nous nous situer pour prier ce psaume?

Observations

     La note dominante du psaume est nettement une comparaison entre le sort du juste et celui de l'impie. Sur le ton de l'enseignement, le psalmiste invite à s'en remettre avec confiance à la justice de Dieu; malgré les apparences, Dieu trouve toujours le moyen de punir le méchant et de récompenser le juste. Les malheurs qui frappent les amis de Dieu sont des occasions pour celui-ci de manifester sa bonté. Il s'agit là de la doctrine la plus conventionnelle de la rétribution terrestre, typique de la tradition de la sagesse. C'est pourquoi ce psaume appartient au courant littéraire qu'on appelle sapientiel.

     Par ailleurs, ce psaume est un poème alphabétique, c'est-à-dire que chaque strophe commence par une lettre de l'alphabet, dans l'ordre (au v. 28b, il y a une exception, c'est pourquoi les traducteurs corrigent habituellement le texte pour rétablir la lettre aïn). Cette forme de poésie a été très populaire en Israël; on en retrouve des exemples dans les Psaumes, les Proverbes, les Lamentations. Elle restreint cependant la liberté d'expression du poète, ce qui entraîne certaines difficultés dans la cohérence du texte.

     L'auteur du poème s'exprime en JE à deux endroits: v. 25 et 35-36. Il se présente comme quelqu'un d'âge mûr (v. 25), donc rempli d'expérience. Il se base sur ce qu'il a vu pour appuyer ses dires (vv. 35-36).

     Le sage s'adresse à quelqu'un dont l'identité n'est pas précisée mais qui apparaît comme un disciple qui doit être formé. Le maître lui promet une longue vie (v. 27) et du bonheur, s'il reste fidèle à Dieu.

     Le sage parle de Dieu à la troisième personne. Il s'agit donc bien d'un poème didactique, c'est-à-dire qui vise à enseigner quelque chose. Dieu y apparaît comme celui sur qui on peut compter en tout temps (cf. vv. 3.5.7), celui en qui on espère (v. 9), celui qui connaît tout (v. 18), qui aime le droit (v. 28), qui n'abandonne pas ses fidèles (vv. 24.28.33), celui, enfin, qui peut donner le salut (v. 3a). Il s'agit donc bien du Dieu de l'Alliance.

     Ce psaume est parcouru par un thème qui revient de manière constante, celui de la possession de la terre (vv. 9.11.22.27.29.34). Il semble donc que l'auteur est privé de la possession de la Terre Promise, ce qui suggère une date proche du temps de l'exil (587-538). À moins qu'il ne s'agisse d'un juif de la Diaspora qui aspire à retourner dans le pays de ses ancêtres, ce qui suppose une époque plus récente (entre le Ve et le IIe siècle a.c). Cette spiritualité de la possession de la terre s'est développée au cours des siècles, sans cesse alimentée par les menaces que les puissances étrangères faisaient peser sur le pays d'Israël. On la retrouve dans les béatitudes: « Heureux les doux, car ils posséderont la terre » (Mt 5,4), ce qui se rapproche de plusieurs passages de notre Psaume (cf.vv. 9b.11a.22a.29b, etc...).

     Ce genre de poème ne correspond pas tellement à la prière à laquelle nous sommes habitués. On peut pourtant, avec le psalmiste, chanter la louange de Dieu qui, envers et contre tout, veille sur les siens et ne les abandonne pas. On peut encore, avec le disciple à qui s'adresse le sage, accueillir l'exhortation morale qui s'adresse à tous comme une invitation à la conversion. Enfin, chacun peut aussi se retrouver dans la personne du sage qui exerce sa responsabilité à transmettre son expérience religieuse et de communiquer à d'autres le fruit de sa méditation du mystère de Dieu.

Jérôme Longtin, ptre

 

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