Prier
avec les Psaumes ou la Liturgie des Heures
Plusieurs personnes sont mal à l'aise devant ces poèmes
venus d'un lointain passé. Il ne leur semble pas possible
d'exprimer leurs sentiments, leurs préoccupations, leur joie
à travers les mots utilisés par des fidèles
ayant vécu il y a plus de 2000 ans. Par ailleurs, le psautier
demeure la base de la prière officielle de l'Église
(Liturgie des Heures) et on retrouve des extraits de psaumes dans
chaque eucharistie (chant de méditation - souvent aussi:
antiennes d'entrée et de communion). Comment peut-on se familiariser
avec les psaumes, entrer dans leur univers, en faire sa prière?
Au cours des mois qui viennent, nous allons prendre contact avec
quelques psaumes en espérant que cette prise de contact amènera
une plus grande familiarité et développera le goût
de cette forme de prière qui est, en même temps, Parole
de Dieu.
Les quelques questions qui suivent
peuvent être posées pour entrer dans l'univers de chaque
psaume. Ils constituent, en quelque sorte, une méthode simple
d'analyse. Toutefois, chacune de ces questions ne trouve pas nécessairement
une réponse dans chaque cas.
1. Quel est l'accent majeur du psaume?
2. Qui parle à la première personne (je ou nous)
dans ce psaume?
3. À qui ce psaume s'adresse-t-il? (Qui est figuré
à la deuxième personne: vous ou tu?)
4. À quelle personne Dieu est-il figuré: je, tu
ou il?
5. Y a-t-il dans le psaume des mentions d'événements
connus par ailleurs, des références à d'autres
passages de la Bible?
6. Pour prier avec ce psaume, où pouvons-nous nous situer?
Observations
1. L'accent majeur du psaume. Il s'agit de dégager
la note dominante du psaume: s'agit-il d'une action de grâce,
d'une supplication, d'un enseignement de sagesse, d'une hymne de
louange etc... Souvent un même psaume va présenter
des caractéristiques de plusieurs genres. Par exemple, le
Ps
22(21): les vv. 2-19 sont une longue lamentation; les vv.
20-22, une prière de supplication et les vv. 23-32, une action
de grâce. Il est clair que la lamentation occupe la plus grande
place, mais elle prépare la supplication qui est au coeur
même du psaume et l'action de grâce anticipe déjà
sur le résultat de la prière. On peut donc dire que
ce psaume est surtout une prière de supplication où
la description du malheur est particulièrement développée.
2. La personne (ou le groupe) qui parle à la première
personne est un bon indice du genre de psaume. Cependant, il n'y
a pas toujours un « je » ou un « nous »
dans chaque psaume. Les psaumes en « nous »
expriment la prière du peuple d'Israël dans son ensemble
ou bien d'un groupe particulier, par exemple les pauvres, les exilés.
Le « je » peut figurer une personne quelconque
qui exprime sa prière - c'est là probablement la forme
la plus ancienne de prière - mais parfois le « je »
recouvre, en fait, le peuple tout entier qui s'exprime comme un
individu. Le « je » peut également représenter
le roi qui prie en son nom ou au nom du peuple. Enfin, il désigne
parfois Dieu lui-même qui prend la parole pour répondre
à la personne priante.
3. Le psaume peut évidemment s'adresser à Dieu qui
est alors figuré à la deuxième personne: c'est
le mode le plus habituel de la prière. Mais il peut aussi
s'adresser à un auditoire réel ou supposé.
Dans le contexte liturgique, certaines parties des psaumes s'adressent
à l'assemblée réunie pour l'inviter à
participer à la prière (voir, par exemple, Ps 118(117),27).
Enfin, il arrive que le psalmiste s'adresse à ses adversaires
pour les menacer des châtiments divins (voir, par exemple,
Ps 137(136), 8-9).
4. Si, dans un psaume, Dieu parle à la première personne,
on a affaire à un oracle (par exemple: Ps 95(94), 8-11);
si on s'adresse à Dieu à la deuxième personne,
il s'agit d'une prière de demande ou de reconnaissance (par
exemple: Ps
94(93),1-6); lorsqu'on parle de Dieu, à la troisième
personne, on se trouve en présence d'une hymne (par exemple:
Ps
95(94), 1-7) ou d'un enseignement (par exemple: Ps
1).
5. De nombreux psaumes font mention explicitement de grands événements
de l'histoire d'Israël : l'exode, le don de la loi, la conquête
de la Terre promise, etc... Parfois, il est fait mention d'événements
plus particuliers, par exemple, la délivrance de Jérusalem
en 701, racontée en 2 R
19,35 et évoquée en Ps 34(33), 8. Cela ne signifie
pas nécessairement que le psaume est contemporain des événements
mentionnés mais illustre le lien entre la prière et
les événements de l'histoire. Nous devons cependant
admettre qu'il y a sûrement dans les psaumes de nombreuses
allusions à des événements inconnus de nous
mais qui n'échappaient pas aux contemporains du psalmiste.
6. Pour faire de chaque psaume une prière, nous pouvons
nous situer, soit du côté du « je »
ou du « nous » qui prononce le psaume, soit
du côté du « vous » auquel il s'adresse.
Mais cette identification est parfois difficile. On peut alors prier
en solidarité avec les autres croyants et croyantes de maintenant
ou d'autrefois, qui se retrouvent à travers ces cris d'angoisse
ou ces hymnes de louange. Je vous invite à faire l'expérience
de cette méthode à partir d'un psaume de votre choix.
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