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chronique du 5 février 2008
 

Un choix décisif


Il est écrit : Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Matthieu 4, 6).

François de Laval était en classe de rhétorique, en 1636, lorsqu’il fut profondément affligé par la mort de son père. Grâce à l’aide d’un oncle, l’évêque d’Évreux, il put continuer ses études à La Flèche, puis au collège de Clermont, à Paris.

   L’illustre veuve du haut et puissant seigneur Messire Hugues de Laval avait ses croix à porter : Hugues, son sixième fils, meurt tout jeune (il avait onze ans), loin du château de Montigny; deux ans plus tard, c’est le fils aîné des Laval qui tombe victime de sa bravoure à la bataille de Fribourg où commandait Condé ; l’année suivante, le second fils succombe à la bataille de Nordlingen.

  Qui va continuer le nom glorieux des Laval ? François se trouve naturellement appelé à succéder à ses frères aînés dans l’héritage. Le chanoine d’Évreux (François avait été fait chanoine par son oncle) devient par le sort des choses seigneur de Montigny. Il a vingt-deux ans. Il n’a reçu encore aucun des ordres sacrés. Un nom glorieux l’attend et, qui sait un avenir superbe. On fait pression sur lui : l’évêque d’Évreux insiste pour que François renonce à l’état ecclésiastique ; même sa mère souhaiterait maintenant le voir revenir au monde, se pourvoir en mariage, afin de perpétuer le nom et la gloire des Laval. Voilà bien une situation cornélienne. Que va-t-il arriver ?

  François de Montigny pèse le pour et le contre. D’un côté, il y a les insistances d’un évêque, les larmes d’une mère, la promesse d’un avenir reluisant; de l’autre côté, il y a les âmes à sauver, il y a Dieu à qui François s’est donné totalement. Le tonsuré ne songe pas sérieusement à se reprendre. Il prie, il réfléchit. Et lui qui, jusqu’ici, avait été porté pour ainsi dire par les siens, il devra décider par lui-même. Dans le secret, il résout de rester parmi le monde aussi longtemps qu’il le faudra pour assister sa mère et préparer son frère cadet à prendre la succession paternelle. Mais il ne renoncera pas à sa vocation. Au bout de dix-huit mois,il obtient de Madame de Laval la permission de retourner au collège de Clermont…

  Le Père Bagot l’aida beaucoup de ses conseils ; et le premier mai 1647, François fut ordonné prêtre. Il avait tout juste vingt-quatre ans et un jour. Mais il avait la maturité de celui qui écrira un peu plus tard : « Il n’y a que Dieu seul… tout le reste n’est que pur néant ». Et sous sa plume, ces affirmations ne sont pas de la littérature (Émile Bégin, François de Laval).

LIEN : Le carême, avec ses grandes évocations du désert, des origines de l’humanité et de la primauté de la Parole de Dieu, nous ramène à l’essentiel et aux questions fondamentales de la vie : pourquoi vivons-nous ? Que faisons-nous de notre liberté ? Tout homme ou toute femme est confronté un jour ou l’autre à ces choix qu’il ne peut reporter indéfiniment et où il sent que toute sa vie est en jeu. Il voudrait connaître d’avance son programme, savoir ce qui va faire son bonheur ou son malheur… Mais il est acculé à prendre des risques (Feu Nouveau, janvier 1993, p. 24).

 

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