Un peu
plus d'huile
Seigneur, laisse-le encore cette année,
le temps que j'y mette du fumier. Peut-être donnera-t-il du
fruit à l'avenir (Lc 13, 8).
Depuis des mois, elle souhaitait en silence que son mari reçoive
le sacrement des malades. Le prêtre passait, un vieil ami
que lui tutoyait depuis toujours. Hier, assis dans son lit pour
ne pas étouffer, il a dit soudain : « Va le chercher
». Il était inutile de préciser. Elle a été
au presbytère. Il est venu. Quand il a eu fait l'onction,
le malade a dit très sérieusement : « Mets-y
un peu plus d'huile »(G. Bessière, Journal étonné,
p. 73).
LIEN: La parabole du figuier a été appelée
« l'Évangile de la seconde chance ». Le plaidoyer
en faveur de l'arbre entre au service d'une juste compréhension
de la miséricorde de Dieu, qui tient à nous donner
des « secondes chances » pour que nous rompions avec
le péché et que nous reprenions vie. Un peu plus de
fumier pour donner à l'arbre une seconde chance de se reprendre
et de porter du fruit; un peu plus d'huile pour donner au malade
une meilleure chance de reprendre souffle; autrement dit, un peu
plus d'attention et d'amour pour toute personne demandant qu'il
lui soit donné une autre chance pour se reprendre et réorienter
sa vie dans le sens du bien.
* * * * *
« Il y a une pédagogie du pardon qu'il faut tenter
de mettre en pratique. Il faut du temps pour arriver à bien
pardonner: c'est un vrai travail intérieur, un long entraînement,
un désir qui se creuse, une décision qui mûrit.
Reconnaître la liberté et la responsabilité
de celui qui a fait mal. Relire le passé avec souci de rester
vrai. Purifier son cur du risque d'oubli et du désir
de vengeance. Penser à l'autre avec passion et sérénité.
Le cur qui pardonne est longuement travaillé (X. De
Chalendar, Le pardon, p. 78).
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