L'explorateur
Maître, nous avons vu quelqu'un ... (Marc 9, 38).
L'explorateur était revenu parmi les siens, qui étaient
désireux de tout savoir sur l'Amazone. Mais comment pouvait-il
jamais enfermer dans des mots le sentiment qui avait envahi son
coeur, quand il avait aperçu des fleurs d'une beauté
à vous couper le souffle et perçu les bruits de la
forêt, la nuit? Comment communiquer ce qu'il avait ressenti
dans son coeur, quand il avait pressenti le danger des bêtes
sauvages ou poussé son canoë au-dessus des régions
traîtresses du fleuve?
Il dit à ces gens : «
Allez trouver par vous-mêmes. Rien ne remplace le risque personnel
et l'expérience personnelle ». Pour les guider, tout
de même, il traça un plan de l'Amazone.
Les gens s'emparèrent du plan,
l'encadrèrent et l'affichèrent dans leur hôtel
de ville, s'en firent des copies personnelles et quiconque possédait
une de ces copies se considérait comme un expert de l'Amazone
: ne connaissait-il pas, en effet, tous les détours, toutes
les courbes du fleuve? ne connaissait-il pas sa largeur et sa profondeur,
la localisation des rapides et celle des chutes?
L'explorateur ne vécut que
pour regretter ce plan. Peut-être eût-il été
préférable qu'il ne traçât rien (A. De
Mello, Comme un chant d'oiseau, p. 42).
LIEN: Pour rencontrer Dieu, il ne suffit pas de recevoir des informations
à son sujet, même les plus pertinentes; il faut s'engager
et prendre le risque de l'expérience personnelle. Dieu est
comme un vaste pays à découvrir, un pays sans frontière,
et l'Évangile est comme un plan pour nous y aider, pour nous
mettre en route. Il ne faut cependant pas rester immobile, contemplant
et étudiant soigneusement le plan que nous aurons pris soin
d'encadrer, car on se priverait de découvertes extraordinaires.
Il faut se mettre en route et s'engager personnellement.
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Quel beau pourboire!
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