INTERBIBLE
Au son de la cithare
célébrer la paroleintuitionspsaumespsaumespsaumes
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Célébrer la Parole

 

orant

Imprimer

2e dimanche de Carême A - 12 mars 2017
 

« Nous étions avec lui sur la montagne sainte »

La Transfiguration. Le Christ transfiguré entre Élie (le prophète) à sa droite et Moïse (la Loi) à sa gauche. En bas de gauche à droite les apôtres Jacques, Jean et Pierre.

La Transfiguration. Le Christ transfiguré entre Élie (le prophète)
à sa droite et Moïse (la Loi) à sa gauche.
En bas de gauche à droite les apôtres Jacques, Jean et Pierre.

 

 

Transfiguration de Jésus : Matthieu 17, 1-9
Autres lectures : Genèse 12, 1-4; Psaume 32(33); 2 Timothée 1, 8-10


Dans la seconde lettre attribuée à Pierre, dans le Nouveau Testament, ce dernier recommande fortement aux personnes auxquelles il s'adresse d'avoir d'autant plus de zèle pour affermir leur vocation et leur élection.  Et pour tenir ses gens éveillés, il s'engage à employer son zèle à leur rappeler ses enseignements. Il affirme : Ce n'est pas en effet, en suivant des fables sophistiquées que nous vous avons fait connaître la puissance et l'Avènement de Notre Seigneur Jésus Christ, mais après avoir été témoins oculaires de sa majesté. Il reçut en effet de Dieu le Père honneur et gloire, lorsque la Gloire pleine de majesté lui transmit une telle parole : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé qui a toute ma faveur »Cette voix, nous, nous l'avons entendue; elle venait du Ciel, nous étions avec lui sur la montagne sainte (2 Pi 1, 16-18).

Lumière sur Jésus

     Nous laissons-nous suffisamment surprendre par cette prédication de Pierre ou du disciple qui a placé son enseignement sous le nom du chef des apôtres de Jésus?  Il faut certainement que l'événement de la Transfiguration, qui est raconté dans les trois évangiles synoptiques, ait fameusement impressionné ceux qui en ont été témoins ! Pensons-y bien : alors que Pierre s'applique à rappeler à ses fidèles l'Évangile qu'il leur a transmis, c'est à l'épisode de la Transfiguration qu'il les renvoie en tout premier lieu...N'est-ce pas là une invitation qui nous est faite de donner une attention toute spéciale à cet événement de la vie de Jésus?

     En ce deuxième dimanche du carême, nous retrouvons, comme chaque année d'ailleurs, cet épisode  du ministère de Jésus, et en cette année A du cycle liturgique, c'est sur le texte de Matthieu que nous sommes invités à méditer.  La sainte quarantaine peut parfois sembler longue; on comprend donc que notre mère Église ménage un moment lumineux dans le parcours vers la passion et la mort de Jésus, un moment qui anticipe aussi en quelque sorte l'Évangile de la Résurrection. Nous  ne saurions oublier qu'il existe un autre jour de l'année où nous célébrons ce mystère de la Transfiguration : le  6  août,  quarante  jours avant la célébration de la Croix glorieuse qui a lieu le 14 septembre, démontrant que  Transfiguration et mystère pascal sont inséparables.

     Dans quel contexte les évangiles selon Matthieu, Marc et Luc ont-ils situé cette vision glorieuse? Les trois évangélistes nous racontent d'abord la merveilleuse confession de foi de Pierre, la première annonce de la Passion, la présentation des conditions pour suivre Jésus, l'annonce de la venue prochaine du Royaume et c'est alors que nous est présenté l'événement lumineux sur la montagne. Puisque nous allons donner notre attention au récit matthéen, remarquons que chez cet évangéliste, Jésus répond à la confession de foi de Pierre par une déclaration de la plus grande importance : Tu es heureux, Simon, fils de Jonas, car cette révélation t'est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux.  Eh bien ! moi, je te dis  que tu es Pierre  et sur cette pierre, je bâtirai mon Église, et les  portes de l'Hadès  ne tiendront pas contre elle.  Je  te  donnerai les clefs  du Royaume des cieux : quoi que tu  lies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour lié,  et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux  pour délié (Mt 16, 17-19).

     Par ailleurs, le même Matthieu a mis en relief la réaction négative de Pierre devant la première annonce de la passion. Or le contraste est frappant entre la merveilleuse confession de foi attribuée à  Pierre, la renversante réponse de Jésus et ce refus radical de l'apôtre devant la perspective de la passion.

Un moment de révélation

     Fixons maintenant notre attention sur le récit matthéen. La transfiguration de Jésus prend du relief dans l'ensemble du récit du fait qu'il est situé six jours après les événements que nous venons de rappeler (temps) et qu'il a lieu sur une haute montagne (espace). C'est devant Pierre, Jacques et Jean, les trois disciples  qui auront le privilège d'être les témoins privilégiés de son agonie, à Gethsémani, que se déroule cette révélation. Encore ici il y a un contraste entre les ténèbres de Gethsémani et la radieuse lumière de la Montagne Sainte.  Le caractère lumineux de l'événement est évoqué par le visage de Jésus resplendissant comme le soleil et par ses vêtements éblouissant comme la lumière.  Puis, comme pour relier toute l'histoire de la première alliance à ce présent déroutant, deux géants de l'histoire d'Israël font leur apparition : Moïse est là comme le représentant de toute la Loi et Élie rappelle tous les Prophètes. Moïse et Élie conversent avec Jésus. Luc précisera le sujet de l'entretien, le départ de Jésus pour Jérusalem. L'émerveillement de Pierre, si manifeste dans sa seconde lettre, s'exprime ici par sa réaction spontanée qui l'amène à reconnaître: nous sommes bien ici. Il suggère de bâtir trois tentes, une pour Jésus, une pour Moïse et une pour Élie. Ce qui suit, dans le récit, ne nous donne pas la réponse de Jésus, mais une parole venant de la nuée lumineuse qui pris tous les participants sous son ombre. Cette voix fait tomber les trois apôtres face contre terre et les remplit de frayeur. Cette voix est porteuse d'une révélation inouïe : Celui-ci est mon Fils bien-aimé qui a toute ma faveur; écoutez-le (v. 5).  L'intervention de Jésus qui suit est pleine de compassion: il s'approche, il les touche, il les invite à se relever et à ne pas avoir peur. Le récit matthéen se termine avec l'image des trois apôtres qui lèvent les yeux et ne voient plus que Jésus seul, puis avec la consigne de Jésus aux trois de ne rien dire de ce dont ils viennent d'être témoins, avant sa résurrection d'entre les morts.

Jésus, le Fils bien-aimé

     La révélation par le Père de l'identité de Jésus comme le Fils bien-aimé ayant toute sa faveur nous renvoie à la scène du baptême par Jean. On se souviendra de la réaction du Baptiste lorsque Jésus s'est présenté à lui, au Jourdain. Jean affirmait que c'était plutôt lui qui devait être baptisé par Jésus. À cela, Jésus avait répliqué de laisser faire pour l'instant et que c'était ainsi qu'il convenait d'accomplir toute justice. Jean avait alors baptisé Jésus, mais les cieux s'étaient ouverts lorsque Jésus était remonté des eaux. Sous la forme d’une colombe, l'Esprit était alors descendu sur Jésus et une voix avait retenti : Celui-ci est mon Fils bien-aimé qui a toute ma faveur.

     D’aucuns seront étonnés du contraste entre la révélation par le Père de l'identité de Jésus et le mystérieux silence du Père au Golgotha lorsque Jésus crucifié crie vers le ciel : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?  Ce cri impénétrable, ne l'oublions pas, est la seule parole de Jésus en croix dans les évangiles de Matthieu et de Marc. Le silence des cieux à la croix est inséparable de la parole au Baptême de Jésus et à la Transfiguration. Au tout début  du ministère de Jésus, puis, dans le contexte  des annonces  de sa passion et de sa mort, le Père a proclamé Jésus comme son Fils bien-aimé  qui a toute sa faveur. Le silence de la croix n'efface pas cette indicible réalité, mais nous invite à continuer sans cesse à en découvrir et à en honorer la richesse jamais épuisée du mystère pascal.

 

Lorraine Caza, CND

 

Source : Le Feuillet biblique, no 2524. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
Éternelles tentations, éternelle solution!