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22e dimanche ordinaire C - 28 août 2016
 

Les places à table

James Tissot,

Le repas chez le pharisien, James Tissot, entre 1886 et 1894.

 

 

Sur le choix des places : Luc 14, 1.7-14
Autres lectures : Ben Sirac 3, 17-18.20.28-29; Psaume 67(68); Hébreux 12, 18-19.22-24

 

Luc introduit la première partie du chapitre quatorze dans le cadre d’un repas. L’invité, Jésus, observe les agissements des convives. Il en profite pour donner un enseignement sur la manière de se comporter quand une invitation nous est adressée. Pour appuyer ses dires il se servira d’une parabole. Sans doute pour ne pas froisser les personnes qui s’attablent déjà. Remarquons enfin, qu’il s’agit là d’un jour spécial et d’un repas donné par un homme important : Un jour de sabbat, Jésus est entré chez un chef des pharisiens (Luc 14, 1).

Un rappel de sagesse

     Jésus ne vient pas enseigner du neuf. Les invités savent ce que la Sagesse populaire leur a appris depuis longtemps et aussi ce que leurs pères et mères leur ont transmis au sein de leur famille. Mais les vieux réflexes sont difficiles à déraciner. Vouloir la première place fait partie de ceux-là. Jésus veut éviter le pire à tous ceux et celles qui ont la chance de prendre place autour de la table de ce notable, cependant une chose étonne. Jésus ne dit pas que prendre la meilleure place est mal, mais que c’est prendre un risque que de le faire : car on peut avoir invité quelqu’un de plus important que toi. (v 9) Jésus aime l’humilité mais pas l’humiliation.

La première place

     Nous l’avons dit, Jésus ne fait que reprendre la sagesse traditionnelle mais ses disciples se sont souvenus de cette parabole et y ont jeté un autre regard et une autre interprétation : l’invitation offerte de prendre part à la Table de Dieu. Ils se souviennent combien les évangiles ont souvent comparé le salut à un repas, à un banquet, à une noce. C’est pourquoi la tradition chrétienne a jugé bon de creuser la parabole pour en tirer un avertissement d’une grande importance. En effet, la personne qui se glorifie, qui s’attribue le mérite de ses agissements, de son comportement, de sa rectitude de vie, va naturellement convoiter la première place. Être vu est important pour elle. Mais cela comporte des risques, de grands risques!

La dernière place

     Lorsque Jésus parle de préséances, les premiers chrétiens, eux, se sont souvenus de la manière dont on traitait les païens, les pécheurs publics, les impurs au temps de Jésus. Des figures et des situations ont émergé : la samaritaine au puits, le publicain au temple, la femme adultère, le lépreux, la cananéenne. Et combien d’autres encore! À travers ces faits et gestes ils ont retenu l’attitude d’accueil de Jésus. Le message était toujours le même : l’homme et la femme sont sauvés en toute gratuité. Jésus regardait au cœur avec les yeux de Dieu son Père. Personne ne se fait grand lui-même, disait-il. Pour parler simplement disons qu’on n’entre pas chez Dieu avec sa liste d’épicerie. Et le message est toujours le même.

Le déjeuner des pauvres

     La dernière partie du texte peut prêter à controverse : Quand tu donnes un déjeuner, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents… (v. 12). Nous reconnaissons là la manière orientale de faire passer un message important. Il faut, on dirait, exagérer la dureté de la pelure pour mieux savourer l’amande. Bien sûr, Jésus ne veut pas exclure nos proches de nos repas de fête. Ce qu’il veut que l’on retienne c’est d’éviter l’exclusion. Il veut nous rappeler d’ouvrir notre table et notre maison à tous ceux et celles qui sont isolés, pauvres, handicapés. Même s’il s’agit d’un festin ou d’un repas quotidien, ce geste sera retenu à la résurrection des justes (vv. 13-14).

Moi, l’invité

     Se regarder en toute lucidité est toujours difficile mais combien révélateur. L’humilité n’a pas bonne presse aujourd’hui comme hier. Les stars ont la cote! Mais qu’en est-il de moi qui écris ces lignes? Qu’en est-il de vous qui me lisez? Nous savons, vous et moi, que le salut ne s’achète pas. Qu’il ne se gagne pas à coup d’efforts et de prouesses et encore moins sous les flashs de la célébrité. Ma mère disait : Dans le ciel, bien des couronnes vont changer de tête. Cela se passe de commentaires. L’histoire d’obscures personnalités mises en lumière lors de leur décès nous étonne toujours sans pour autant nous en faire les imitateurs. L’exemple du saint frère André est touchante mais… Que faire alors? Nous décourager? Ce n’est pas chrétien. Il ne nous reste qu’un choix : devenir le saint, la sainte que Dieu a rêvée. Ce saint, cette sainte sera unique et facilement reconnaissable par le Maître du festin lors des noces éternelles.

 

Ghislaine Salvail, SJSH

 

Source : Le Feuillet biblique, no 2496. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Une histoire de portes