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16e dimanche ordinaire C - 17 juillet 2016
 

Accueillir la meilleure part

Marthe et Marie accueillant Jésus à Béthanie (Otto van Veen)

Marthe et Marie accueillant Jésus à Béthanie (Otto van Veen)

 

 

Chez Marthe et Marie : Luc 10, 38-42
Autres lectures : Genèse 18, 1-10; Psaume 14(15); Colossiens 1, 24-28

 

L’évangile de ce troisième dimanche d’été nous donne à lire un texte qui se trouve toujours dans la section de l’évangile de Luc qui lui est propre. La situation sur laquelle nous aurons à réfléchir suit immédiatement celle du bon Samaritain commentée dimanche dernier. La scène est d’une grande sobriété. Il est seulement précisé que Jésus entre dans un village. L’auteur ne trouve même pas utile d’en donner le nom. L’évangile de Jean le précisera : c’était à Béthanie (Jn 11, 1). Là nous seront révélés deux aspects importants de la vie spirituelle.

Jésus entre dans une maison amie

     Il semble, à première vue, que Jésus était attendu car aussitôt entré dans le village, le texte nous apprend qu’une femme appelée Marthe le reçut dans sa maison (Luc 10, 38). Aucune mention du message de bienvenue et de la raison d’entrer là plutôt qu’ailleurs. Ce qui nous fait dire qu’il s’agit d’une maison familière. D’entrée de jeu nous apprenons que l’hôtesse, Marthe, a une sœur nommée Marie (v. 39). Nous comprenons alors que ce sont ces deux femmes et leurs comportements qui feront l’objet de l’enseignement de Jésus. Aucun autre personnage ne viendra briser ce trio. Cependant, chacun jouera son rôle.

Le récit de la Genèse

     Dans la première lecture nous voyons une Sara qui s’active pour bien recevoir les trois visiteurs venus rencontrer Abraham sous le chêne de Mambré (Gn 18, 1-2). Mais ni Abraham ni Sara ne reconnaissent d’abord le caractère divin de ces trois envoyés dont l’un était Yahvé descendu du ciel vers Abraham pour lui annoncer la promesse d’une descendance. Ce caractère divin ne se manifestera que progressivement dans la suite du texte (v. 22). Quoi qu’il en soit, l’hospitalité du couple est longuement détaillée. Le choix de la première lecture est judicieux. Nous pouvons donc, sans en forcer la pertinence, faire des rapprochements avec le passage d’évangile. Ce qui n’est pas toujours le cas.

Le récit évangélique

     Si les deux récits mettent l’accent sur l’accueil, le message évangélique, pour sa part, nous réserve un aspect intéressant dans la manière de considérer l’hospitalité. Marthe donc, s’affaire comme Sara (Gn 18, 6) aux multiples occupations du service (v. 40). Les hôtesses d’aujourd’hui comprendront, sans qu’on leur fasse un dessin, que recevoir c’est servir. Cependant, nous qui lisons ces lignes après plus de deux mille ans, nous nous interrogeons : Marthe avait-elle découvert toute la dimension de cet Hôte de passage? Avait-elle perçu qu’il était l’Envoyé du Père? Pas encore. Sans doute était-elle consciente du fait de la popularité de Jésus, de ses enseignements et de ses miracles. Il était sûrement, à ses yeux, un grand prophète. Mais l’auteur de l’évangile demeure muet sur cette question de fond. Il ne veut pas hâter cette reconnaissance qui viendra en son temps.

Marie et Marthe

     Jésus parlait, Marthe s’affairait et Marie écoutait. Deux sœurs heureuses et soucieuses de l’importance de l’accueil mais deux manières de l’offrir. C’est là la pointe du récit. Marie est-elle allée remplacer Marthe? Marthe est-elle venue elle aussi s’asseoir au pied du Maître ? Rien ne l’indique car ce n’est pas là l’enseignement à retenir. Jésus n’a pas voulu opposer les deux manières d’accueillir. Il ne veut pas non plus avancer que l’une est préférable à l’autre. Non. Jésus veut éveiller notre attention à la source profonde de toute existence humaine : celle de l’être et du faire. Il importe de savoir que ce n’est pas ce que nous faisons qui compte mais ce que nous sommes quand nous le faisons. Donner avec le sourire, tendre la main en levant les yeux ajoutent un supplément d’âme au geste, fut-il le plus banal.

L’art de servir et d’écouter

     Marthe oublie que servir c’est aussi être là tout simplement, les mains et le cœur ouverts. Elle s’active tellement qu’elle risque d’oublier celui qu’elle reçoit, celui qui lui parle. Et Jésus se permet de le lui rappeler doucement : Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites(…) Une seule chose est nécessaire (vv. 41-42). Si Marie oublie peut-être de partager la tâche, ce qui importe pour Jésus c’est d’allier les deux. Ainsi la personne qui reçoit et celle qui est reçue y gagneront au change. Dans l’Eucharistie nous recevons l’Hôte par excellence et un échange mystérieux s’accomplit. En cet instant sublime, c’est Jésus qui fait le service, qui donne à manger. C’est aussi Lui qui nous parle au fond du cœur et qui est tout heureux qu’on l’écoute. Il nous offre la meilleure part (v. 42), à nous de l’accueillir.

 

Ghislaine Salvail, SJSH

 

Source : Le Feuillet biblique, no 2490. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Jésus, le Bon Samaritain