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15e dimanche ordinaire C - 10 juillet 2016
 

Jésus, le Bon Samaritain

Le Bon Samaritain,

Le Bon Samaritain, Van Gogh, 1890, Rijksmuseum Kröller-Müller, Otterlo

 

 

Le premier de tous les commandements : Luc 10, 25-37
Autres lectures : Deutéronome 30, 10-14; Psaume 18(19); Colossiens 1, 15-20

 
Les trois évangiles synoptiques ont retenu l’affirmation de Jésus concernant le plus grand commandement (Luc 10, 27), mais seul Luc a retenu l’illustre parabole venant l’actualiser (vv. 30-37). Voilà une autre originalité de Luc dont il fut question dimanche dernier.

Une question après l’autre

     Même si la parabole du Bon Samaritain a traversé les siècles et marqué notre imaginaire, revisitons-la quand même en ce dimanche. Un docteur de la Loi, donc, toujours soucieux d’embarrasser le Maître, lui demande : Que dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle? (v. 25) Jésus, persuadé que son interrogateur est au courant de la Loi, lui demande de réciter le passage concernant ce point. Le spécialiste répond parfaitement. Qui donc est mon prochain? (v. 29) poursuit alors ce dernier, après que Jésus l’eut félicité pour la justesse de sa réponse. C’est alors que Jésus lui propose une parabole.

Une réponse surprenante

     La parabole en question met d’abord en scène un inconnu blessé qui git au bord du chemin (v. 30). Puis arrivent trois personnages qui pourraient revendiquer le rôle de prochain auprès de l’homme assailli par des bandits : un prêtre, faisant parti du haut clergé, un lévite, habitué à servir au sanctuaire et un Samaritain, étranger honni des Juifs. L’ordre de leur énumération est descendant, cela saute aux yeux et servira l’auteur de la parabole. Le docteur de la Loi aurait bien aimé que les deux premiers se penchent sur le malheureux mais force lui est de constater qu’ils n’en feront rien et nous verrons pourquoi. Quel enseignement recevons-nous en même temps que le légiste!

Un geste inattendu

     Au lieu de passer de l’autre côté du chemin comme le prêtre et le lévite qui, possiblement allaient officier au Temple et avaient peur d’enfreindre un interdit cultuel, le Samaritain le vit et fut saisi de pitié (v. 33). Oui, les trois voyageurs ont vu mais seul le dernier a agi. Cette leçon mérite d’être gravée dans la mémoire pour notre plus grand bien. En effet, pour agir devant l’épreuve ou la souffrance, il faut que le cœur soit touché. C’est pourquoi le Samaritain posera les gestes que lui dictera son cœur d’homme devant une humanité dépouillée, à moitié morte (v. 30).

Jésus interroge à son tour

     Après avoir raconté cette brève mais judicieuse histoire, Jésus se permet d’interroger son auditeur : Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé entre les mains des bandits? (v. 36) Celui qui a fait preuve de bonté (v. 37), répondra le docteur de la Loi. Réponse surprenante pour ce savant qui est au fait, nous l’avons dit, du précepte de la Loi concernant les risques d’impureté auxquels ses coreligionnaires s’exposent. Quoi qu’il en soit, cette réponse retourne de fond en comble notre manière de considérer le prochain.

Un geste de miséricorde

     Le geste que le Samaritain a posé en est un de miséricorde. Il s’est penché sur la misère de la victime en écoutant son cœur : il a eu pitié (v. 33). Dans le mot miséricorde, issu du latin, il y a les mots misère (miseria) et cœur (cor). Vu sous cet angle le docteur de la Loi doit saisir que pour se pencher sur la souffrance, pour être miséricordieux en somme, il faut avoir fait personnellement l’expérience de la miséricorde.

Une expérience positive

     Venir en aide à quelqu’un dans le besoin est le fait de toute personne qui a le cœur à la bonne place, mais pour vraiment compatir à l’autre il faut d’abord, qu’un jour, quelqu’un se soit penché sur notre souffrance. Si donc, dans notre histoire personnelle, nous pouvons nommer des personnes qui ont joué ce rôle, cette expérience peut devenir positive même si le souvenir de cette situation est encore douloureux. C’est ce que Jésus sous-entend en disant : Va, et toi aussi, fais de même (v. 37).

Se laisser aimer

     Pour aimer l’autre, il faut d’abord avoir été aimé, c’est bien connu, mais il faut aussi être capable de se laisser aimer. C’est là une composante humaine inéluctable. Alors le plus urgent n’est peut-être pas de poser un geste de bienveillance envers un misérable mais de se laisser sauver par un bon Samaritain qui nous révèle la miséricorde de Dieu. À partir de cette expérience fondamentale, nous pourrons à notre tour faire miséricorde. Le prochain devient alors celui qui nous ouvre à l’amour universel de Dieu. Le Bon Samaritain, à ne pas s’y méprendre, c’est Jésus lui-même. L’homme souffrant, c’est moi. Quelle belle découverte!

 

Ghislaine Salvail, SJSH

 

Source : Le Feuillet biblique, no 2489. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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