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Ascension du Seigneur C - 8 mai 2016
 

Le Ressuscité rayonne de la gloire du Père

Ascension. Vitrail de la cathédrale Notre-Dame-des-Anges de Los Angeles

Ascension. Vitrail de la cathédrale Notre-Dame-des-Anges de Los Angeles.

 

 

Dernières instructions de Jésus : Luc 24, 46-53
Autres lectures : Actes 1, 1-11; Psaume 46(47); Hébreux 9, 24-28; 10, 19-33

 

La liturgie de la Solennité de l'Ascension du Seigneur, pour l'année C, nous offre en première lecture, et à l'évangile, les deux récits lucaniens de cet événement, de ce mystère si intimement lié à celui de la Résurrection du Seigneur.  Ce n'est pas sans en être surpris, dans un premier temps, lorsque nous constatons que le récit évangélique situe le départ, l'élévation de Jésus au soir même du jour de la Résurrection, alors que le récit qui ouvre les Actes des apôtres (Ac 1, 1-11) le place quarante jours après la Résurrection. Comment expliquer cette apparente contradiction entre deux textes émanant d'une même source?

Quelques observations sur l’Ascension

     Se peut-il que Luc 24, en situant l'ensemble des manifestations du Ressuscité à l'intérieur d'une même journée, ait voulu souligner avant tout le lien très étroit entre la victoire sur la mort de Jésus et sa glorification par le Père?  Le chiffre symbolique des quarante jours, consigné dans les Actes des apôtres, évoquerait-il plutôt une certaine période de temps pendant laquelle Jésus-Ressuscité se serait donné à voir par la communauté des disciples?

     Une seconde observation s'impose avant de concentrer notre attention sur le texte évangélique retenu par la liturgie.  Où trouvons-nous l'évocation de l'Ascension dans l'ensemble du Nouveau Testament? C'est à la fin des versets considérés généralement comme un ajout à l'Évangile de Marc (Mc 16, 9-20) que l'Ascension est présentée dans une formulation très courte : Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s'assit à la droite du Père. Quant à eux, ils s'en allèrent proclamer partout l'évangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l'accompagnaient.  L'Évangile de Matthieu, lui, se termine par un merveilleux envoi en mission, mais ne mentionne pas une Ascension du Ressuscité (Mt 28, 16-20). Ni la première (Jn 20), ni la seconde (Jn 21) finale de l'évangile johannique n'intègre une mention de l'Ascension du Seigneur.  Rappelons-nous que Jn 20, 31 est préoccupé de conclure en nous donnant le but de son écrit : Les signes que Jésus a donnés ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu'en croyant, vous ayez la vie en son nom.  Quant à l'épilogue de Jn 21, il aboutit à l'affirmation que s'il fallait écrire tout ce que Jésus a fait, le monde entier ne suffirait pas pour contenir les livres que l'on écrirait (Jn 21, 25b). On peut donc dire que c'est vraiment Luc qui a tenu à témoigner de la dimension glorification, élévation du Christ par le Père, comme déploiement de l'événement de la Résurrection de Jésus.

Une journée de Pâques fort occupée

     Le texte évangélique qui va retenir notre attention appartient au dernier chapitre de l'Évangile de Luc qui, comme les derniers chapitres de chacun de nos évangiles canoniques (Mc 16, Mt 28, Jn 20, Jn 21) est consacré aux récits touchant le Ressuscité.  La structure des trois scènes qui forment Lc 24 a son originalité.  Qu'il s'agisse de l'annonce de la Résurrection aux femmes à laquelle est jointe la visite de Pierre au tombeau (vv. 1-12), du récit de la rencontre sur le chemin d'Emmaüs (vv. 13-35) ou de l'apparition aux apôtres, se terminant par l'évocation de l'Ascension (vv. 36-53), chacune insiste pour rattacher les événements qui se déroulent au dessein éternel de Dieu :  la première scène invite les femmes à se rappeler ce que Jésus leur avait dit en Galilée (Lc 24,6 renvoyant à Lc 18,31 où Jésus intervient : Prenant les douze auprès de lui, il leur dit  :  Voici que nous montons à Jérusalem, et que va s'accomplir tout ce qui a été écrit par les prophètes sur le Fils de l'homme); dans la scène d'Emmaüs, c'est Jésus Ressuscité lui-même qui renvoie ses compagnons de route à ce que les prophètes  ont dit et qui leur interprète tout ce que Moïse  et les prophètes ont dit de lui (vv. 25.27); enfin, dans l'apparition aux apôtres, Jésus ressuscité est présenté comme rappelant aux apôtres son enseignement touchant le fait qu'il devait accomplir tout ce qui était écrit à son sujet dans la loi de Moïse, les prophètes et les psaumes, et ouvrant    leur intelligence à la compréhension des Écritures (vv. 44-45).

     L'évangile  proclamé ce dimanche, commence précisément avec le verset qui suit  ceux que nous venons de citer.  Le dessein du Père infiniment miséricordieux, dit Jésus, implique que le Christ souffrirait, qu'il ressusciterait d'entre les morts, le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom  pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem (Lc 24,46s.).

L’essentiel de la foi

     J'emprunte à Augustin George qui a rédigé le Cahier Évangile 5  sur l'Évangile de Luc quelques remarques venant éclairer notre propos. Chacun de nos quatre évangiles canoniques nous offre une apparition  de Jésus à ceux qui seront ses témoins et les porteurs du mystère pascal : les onze, pour Mt 28, 16-20 et Mc 16,14-20;  les disciples pour Jn 20,19-23. Chez Luc, cette apparition est accordée aux onze et à leurs compagnons. C'est « le kérygme » que Luc nous offre, c'est-à-dire « l'essentiel de la foi »; ce que l'on proclamait aux non-Chrétiens (Juifs et Païens) pour toucher leur cœur. Une fois que les disciples avaient accueilli « la réalité  mystérieuse de la Résurrection de Jésus, ils pouvaient, dit Augustin George, accéder à la signification de l'événement, accueillir le message de Pâques (vv.44-49), parce que Jésus leur en donnait la clé. Ce kérygme qui  couronne l'évangile de Luc s'articule ainsi :

  • la passion et la résurrection du Christ  sont annoncées dans les Écritures;
  • la prédication de la conversion  au nom de Jésus  en vue du pardon des péchés est essentielle;
  • la fonction de témoins est assignée aux apôtres qui devront porter le message à  toutes les nations à partir de Jérusalem;
  • les témoins ne peuvent accomplir leur tâche s'ils n'ont pas reçu l'Esprit que Jésus va leur envoyer et ils doivent attendre à Jérusalem ce don de l'Esprit.

     Cette proclamation de l'essentiel de la foi, que l'on retrouve aussi  dans les grands discours apostoliques des Actes des apôtres, nous conduit en Luc vers Béthanie (v. 50). Pourquoi Béthanie, serions-nous tentés de penser? N'était-ce pas là que s'était mise en route la procession de l'entrée messianique et la lamentation sur Jérusalem?  Là, Jésus ressuscité donne une large bénédiction aux personnes présentes; là, les témoins se prosternent devant Jésus, exprimant ainsi quelque chose de leur croissance dans la reconnaissance de qui est Jésus. S'enchaînent ensuite le retour à Jérusalem, la mention que ce retour se fait en grande joie, que les disciples sont présents  au temple avec assiduité  pour louer Dieu. Avec ces termes de Jérusalem, de joie, de temple, de louange, est-ce que la fin de l'évangile ne serait pas bien nouée à son commencement?

     Entre nos deux récits lucaniens de l'Ascension, la liturgie  de ce dimanche a fait place en seconde lecture, à He 9, 24; 10,23, afin de nous offrir une possibilité supplémentaire d'aller plus loin dans notre contemplation de la face « glorification par le Père »  du Christ ressuscité. Par son sacrifice unique, Jésus a détruit le péché et c'est donc avec pleine assurance que nous pouvons entrer au sanctuaire du ciel (He 10,19). OUI, Celui qui a promis est fidèle; nous garderons indéfectible la confession de l'espérance (He 10,23). Le Luc des « Il faut »  communierait profondément à l'espérance de l'auteur de la Lettre aux Hébreux.

     En cette année du jubilé extraordinaire de la Miséricorde, ne serions-nous pas bien inspirés de creuser, dans le kérygme proclamé par Luc, la référence à la conversion pour le pardon des péchés.  Aux jours du ministère de Jésus, il est souvent question de pardons-signes. Ici, au soir de Pâques, c'est  de prédication universelle du salut. Jacques Dupont et Augustin George soulignent cette conversion offerte à tous et à toutes, ce pardon des  péchés pour toutes les nations.

 

Lorraine Caza, CND

 

 

Source : Le Feuillet biblique, no 2489. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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