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4e dimanche de Pâques B - 26 avril 2015

 

Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis

Le berger avec son troupeau

Berger et ses moutons (Paul Vayson)

 

 

Le pasteur véritable et le mercenaire : Jean 10, 11-18
Autres lectures : Actes 4, 8-12; Psaume 117(118); 1 Jean 3, 1-2

 

Avec la célébration de ce dimanche, nous changeons de registre. Depuis la veillée pascale, en effet, nous avons été témoins de l’expérience pascale des disciples. Saint Marc nous a alors raconté que les femmes du matin de Pâques ont trouvé le tombeau vide ; qu’un jeune homme vêtu de blanc leur annonça que Jésus de Nazareth […] est ressuscité et qu’il vous précède en Galilée (Mc 16, 6-7) ; et que les femmes s’enfuirent du tombeau sans rien dire à personne car elles avaient peur (Mc 16, 8). Le dimanche de la Résurrection du Seigneur, saint Jean nous a raconté que l’annonce de Marie Madeleine a provoqué la course de Pierre et du disciple bien-aimé au tombeau. Seul ce dernier vit et crut. Au second dimanche de Pâques, le Christ ressuscité nous a offert sa paix par trois fois (Jn 20, 19.21.26) et nous avons contemplé la démarche spirituelle de Thomas, notre jumeau. Nous étions alors invités par saint Jean à entrer dans une béatitude : Heureux ceux qui croient sans avoir vu (Jn 20, 29). Dimanche dernier, nous avons retrouvé les disciples d’Emmaüs, les onze Apôtres et leurs compagnons à Jérusalem. Et saint Luc nous a fait comprendre que le Ressuscité n’est pas un esprit, mais bien celui qui, en chair et en os, nous envoie témoigner à toutes les nations, en commençant par Jérusalem (Lc 24,47). Cette semaine, nous nous retrouvons au temps du ministère de Jésus. Et celui-ci se présente comme le bon pasteur, le vrai berger (Jn 10,11).

     Depuis le Concile Vatican II, au quatrième dimanche de Pâques, l’Église proclame chaque année un extrait de l’Évangile du bon pasteur (Jn 10). L’année A, nous en lisons les dix premiers versets; cette année, les huit versets qui suivent; et l’an prochain, année C, nous en lirons les quatre derniers versets. Dimanche du bon pasteur, le quatrième dimanche de Pâques marque aussi la journée mondiale de la prière pour les vocations, que nous célébrons pour la cinquante-deuxième fois cette année. L’extrait que nous lisons s’ouvre sur une déclaration de Jésus, qui ne laisse place à aucune ambigüité : Je suis le bon pasteur, le vrai berger (Jn 10, 11a). Or, si Jésus est le bon pasteur, c’est que le vrai berger donne sa vie pour ses brebis (Jn 10, 11b). Plus littéralement, il se dessaisit de sa vie, il la dépose. On comprend mieux pourquoi cette page d’Évangile est proclamée au cœur de nos célébrations pascales. Par le don de sa vie pour nous sur la croix et par sa résurrection d’entre les morts, Jésus révèle qu’il est depuis toute éternité le bon pasteur, le vrai berger. Il ne cesse de donner sa vie pour ses brebis.

Je suis le bon Pasteur

     L’image du berger qui conduit ses brebis est fréquente dans la Bible. Les chefs politiques d’Israël sont souvent comparés à des bergers dans l’Ancien Testament (Jr 2, 8; 10, 21; 23, 1-8). Le prophète Ezéchiel n’est pas tendre à leur endroit. Parole du Seigneur Dieu : Malheur aux bergers d’Israël qui sont bergers pour eux-mêmes! N'est-ce pas pour les brebis qu’ils sont bergers? Au contraire! vous buvez leur lait, vous vous êtes habillés avec leur laine, vous égorgez les brebis grasses, vous n’êtes pas bergers pour le troupeau (Ez 34,2-3). Et Dieu réagit : Maintenant, j’irai moi-même à la recherche de mes brebis, et je veillerai sur elles. Comme un berger veille sur les brebis de son troupeau quand elles sont dispersées, ainsi je veillerai sur mes brebis […]. C’est moi qui ferai paître mon troupeau, et c’est moi qui le ferai reposer, déclare le Seigneur Dieu (Ez 34,11-12a.15).

     Les paroles de Jésus font écho à cet oracle. Le berger mercenaire, lui, n’est pas le pasteur, car les brebis ne lui appartiennent pas : s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse. Ce berger n’est qu’un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui (Jn 10,12-14). Jésus, au contraire, vient accomplir la prophétie d’Ez 34. Fils unique du Père, il est berger à la manière de Dieu. Moi, je suis le bon pasteur; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père; et je donne ma vie pour mes brebis (Jn 10,15). La connaissance dont parle Jésus n’est pas qu’intellectuelle. Elle est amour : « la connaissance qui lie Jésus et les siens trouve sa source et sa plénitude dans l’amour qui lie le Fils et le Père » (note TOB). Voici à quoi nous avons reconnu l’amour : lui, Jésus, a donné sa vie pour nous (1 Jn 3, 16). « La mort de la croix est l’expression suprême de cet amour » (note TOB).

L'amour du Fils

     Or, l’œuvre d’amour du Fils se poursuit pour tous les peuples et pour toutes les générations. La suite du discours l’indique bien. J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie; celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur (Jn 10, 16). Cette parole permet de lier cette page évangélique à la journée mondiale de prière pour les vocations. Chaque homme, chaque femme est aimé de Dieu. Or, cet amour se transmet dans la voix du Fils qui appelle. À chacune et chacun le Christ bon pasteur donne un nom auquel est liée une mission : Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom (Jn 10, 3). En attendant le rassemblement universel du troupeau autour de son unique pasteur à la fin des temps, la voix du Fils suscite d’autres bergers, issus du troupeau. N’était-ce pas la promesse faite par Dieu par la voix de Jérémie : Je vous donnerai des pasteurs selon mon cœur : ils vous conduiront avec sagesse et plein succès (Jr 3, 15)? Ressentir l’appel à être pasteur et s’y conformer implique de se laisser plonger dans l’amour qui unit le Père et le Fils pour pouvoir, à son tour, communiquer cet amour aux brebis confiées au berger.

L'amour du Père

     Le passage évangélique se termine en insistant à nouveau sur le mystère pascal : Le Père m’aime parce que je donne ma vie pour la reprendre ensuite. Personne n’a pu me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, et le pouvoir de la reprendre : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père (Jn 11, 17-18). En réponse à l’amour du Père, Jésus, le bon berger, dépose sa vie et la reprend. Il engage sa liberté dans l’obéissance au commandement reçu de son Père. Si nous avons le pouvoir de donner la vie, nous n’avons pas celui de la reprendre. Contrairement au Christ, nous ne pouvons nous ressusciter nous-mêmes. Comme lui, nous pouvons cependant nous laisser plonger dans l’amour du Père, risquer Dieu en nous donnant totalement à lui et à nos frères et sœurs. N’est-ce pas là le cœur de toute vocation chrétienne?

     Dans l’Eucharistie où le Père nous rassemble autour de Jésus bon pasteur et vrai berger, engageons donc notre liberté. Ainsi nous pourrons entendre le Fils nous appeler chacun chacune par notre nom. Nous pourrons répondre librement à l’appel de Dieu comme l’a fait le Christ. Ainsi les pasteurs de demain pourront donner leur vie pour que le troupeau suive l’unique berger qui nous conduira en vie éternelle.

 

Yvan Mathieu, SM

 

Source : Le Feuillet biblique, no 2444. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Le Christ ressuscité envoie les Apôtres en mission