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Dimanche de la Trinité A - 15 juin 2014

 

Qui donc est Dieu ?

 

Le fils médiateur et le jugement : Jean 3, 16-18
Autres lectures : Exode 34, 4-6.8-9; Psaume (Daniel 3); 2 Corinthiens 13, 11-13


La Trinité ! Où trouve-t-on ce vocable dans le Nouveau Testament ? Chose sûre, il n'apparaît pas dans les trois versets évangéliques de ce dimanche, ni dans aucun des livres néotestamentaires. Il faut, semble-il, chercher son origine lors de messes votives, au VIIe siècle. Puis, après cinq siècles de pratique, cette célébration de la Trinité fut reconnue et imposée officiellement à tout l'Occident, en 1334. Il va sans dire que, bien avant cette date, les Apôtres et les premières communautés chrétiennes invoquaient Dieu Père, Fils unique et Esprit. Les écrits du Nouveau Testament pullulent de mentions relatives à l'être et à l'agir des Trois, indissociablement unis et manifestant chacun un agir singulier. En puisant aux trois lectures de ce dimanche, il est possible d'apprivoiser le Dieu unique dans son débordement d'amour.

Le mystère de Dieu :
une première percée

     Quelle est donc la « carte d'identité » de Dieu, si on peut s'exprimer ainsi ? Comment se manifeste-t-il ? Nous le savons, le Dieu Vivant se fait connaître dans la splendeur de la création et dans ses interventions auprès de son peuple. Dieu se révèle à Abraham, à Moïse. Ce dernier, au cours de sa méditation et de sa prière d'intercession, découvre une facette du mystère de Dieu. Un moment fulgurant entre tous, qui déclenche un éblouissement ! YHWH descend dans la nuée, se tient avec Moïse, ici, et lui il crie le nom de YHWH: YHWH! YHWH! Dieu de grâce -de tendresse- et de miséricorde! Lent à la colère, généreux d'amour fidèle et de vérité! (Exode 34, 5-6, La Bible, nouvelle traduction, Bayard).

     Dieu rejoint donc les humains avec grande bienveillance, et si gracieusement qu'il dévoile son être insondable, ce qu'auparavant aucun individu n'aurait pu saisir par lui-même. Il est : JE SUIS (Ex 3, 14-15; 33, 18-23). Quelle découverte réconfortante que de rejoindre Dieu dans son être tout aimant, qui fait grâce! L'écrivain emprunte le mot hébreu râhum = tendresse, dont la racine désigne également le sein maternel, l'utérus, donc un amour viscéral, qui vient des entrailles. Pour sa part, Chouraqui traduit ainsi la dernière partie du verset : abondant en chérissement et vérité. Il y a insistance sur le dynamisme de vie et d'amour qui dit la grandeur et la force d'un amour d'alliance. Dieu marche avec son peuple malgré les faiblesses et les trahisons de ce dernier; Dieu, fidèle et patient, ne saurait se désintéresser de la créature fragile et aimée qu'il a créée.

L'intimité ultime de Dieu,
Père, Fils et Esprit

     Les justes et les prophètes du Premier Testament ont bien saisi l'être agissant et fécond de YHWH, mais, ils ne soupçonnent pas encore le vrai visage de Dieu. Les écrits du Nouveau Testament invitent à avancer davantage dans la compréhension du mystère, et nous font regarder Jésus de Nazareth, le Seigneur. C'est Lui et Lui seul qui dévoile l'être intime de Dieu, son Père qui ne se replie pas sur lui-même, puisqu'il engendre son Fils bien-aimé, unique, distinct, son propre Fils (Romains 8, 31). Par la venue de Jésus qui devient homme parmi les hommes, ceux-ci peuvent saisir qu'ils ont trouvé grâce aux yeux du Père. Dans la Palestine de l'époque, le Fils dévoué au Père se donne sans restriction aux femmes et aux hommes qu'Il côtoie. Il exprime l'infinie tendresse de Celui qui l'a envoyé vers ceux et celles qui sont infirmes, laids, rejetés. Il ira jusqu'au bout de sa mission en obéissant au Père. En aimant jusqu'à la fin (Jn 13, 10), il entrera dans la nuit de son agonie et le supplice de la croix jusqu'à l'heure où il remit l'esprit (Jn 19,30), et, alors, le Père le relèvera.

     Observons à nouveau que le Père et le Fils ne se referment pas sur eux-mêmes : ils ne sauraient se complaire dans leur intimité, leur échange d'amour s'opère dans l'Esprit, le Souffle, rûah, en hébreu. Cette présence de l'Esprit est soulignée, dès la Genèse, dans le récit de la création de l'univers (3, 8). II repose dans le coeur et l'esprit d'Isaïe (Is 42, 1-7; 61, 1-3), pour ne citer que cet exemple. Dans le Nouveau Testament, les Évangiles évoquent très souvent la présence vivifiante et réconfortante du Souffle de vie. Il conduit Jésus au désert, se manifeste lors de son baptême dans le Jourdain (Jn 1, 32-33). À la demande du Fils, le Père enverra l'Esprit à ceux qui croient et observent les commandements (Jn 14, 15-31).

     Les épîtres de Paul et les Actes des Apôtres utilisent à eux seuls plus de 130 fois le mot Esprit. Lors de la Pentecôte, l'Esprit descend sur les Apôtres qui s'expriment alors en différentes langues; sous son impulsion, les disciples-missionnaires prêchent aux foules, et plusieurs individus se convertissent (Actes 1, 2; 2, 4; 4, 8; 7, 55; 8, 29). Les épîtresdécrivent abondamment comment l'Esprit suscite la ferveur chrétienne, lors des premières fondations ecclésiales en Syrie, en Anatolie, en Grèce et en Italie. À maintes reprises, dans son enseignement magistral, Paul, à l'écoute de son expérience spirituelle, décèle finement l'action amoureuse et efficace du Paraclet au fond des coeurs. Retenons, ici, ce verset de la Lettre aux Romains : En effet, ceux-là sont fils de Dieu qui sont conduits par l'Esprit de Dieu : vous n'avez pas reçu un esprit qui vous rende esclaves et vous ramène à la peur, mais un Esprit qui fait de vous des fils adoptifs et par lequel nous crions : Abba, Père. Cet Esprit lui-même atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Enfants, et donc héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ, puisque, ayant part à ses souffrances, nous aurons part aussi à sa gloire (Rm 8, 14-17).

Entrer dans la ronde éternelle
de l'amour en Dieu

     Hier, comme aujourd'hui, Dieu se révèle à travers son Fils et nous rejoint dans l'Esprit, au coeur de notre humble quotidien. Il nous appelle à une prise de conscience plus aigüe de notre participation à sa vie trinitaire, à une renaissance joyeuse et résolue. Il nous initie à communiquer à tous et à toutes, sans exception, la tendresse qui l'habite, incommensurable, comme l'a manifestée Jésus, son envoyé parmi nous : Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle (3, 16).N'oublions pas que le récit présentant la rencontre de Jésus avec Nicodème -contexte destrois versets de l'évangile de ce dimanche- évoque le notable juif en recherche, au seuild'un renouveau, d'une renaissance venant d'en-haut.

     Pour que cette communion s'établisse entre Dieu et les humains, l'acte de croire en Jésus Christ, Sauveur et Seigneur doit jaillir du fond de nos entrailles par une adhésion, humble et loyale, ardente et sincère. Dans le bref extrait évangélique, reviennent les mots croire, salut et jugement. Ce dernier terme a souvent créé une peur malsaine et traumatisé les croyants. Évidemment, ce n'est pas Dieu qui juge, car Dieu est essentiellement bienveillant et miséricordieux, fidèle et patient. Dieu soutient et accompagne, relève et donne, toujours et sans cesse, le salut en Jésus Sauveur. En s'enfermant dans un repliement sur lui-même, dans un refus volontaire, c'est l'homme qui se juge. Quant au croyant sincère, il ne peut que se réjouir de la bonté de Dieu et rendre grâce comme le suggère l'extrait de la 2e lecture, tiré de la Lettre de saint Paul aux Corinthiens : ... soyez dans la joie ... encouragez-vous, soyez d'accord, vivez en paix... Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l'amour de Dieu et la communion de l'Esprit Saint soient avec vous tous.

     La présence trinitaire en nos coeurs croyants, aujourd'hui, nous apprend à établir des relations durables, engagées et chaleureuses avec autrui, dans sa différence; elle nous invite à créer des solidarités. Il importe d'« entrer dans la ronde éternelle de l'amour en Dieu... » comme le dit si justement le jésuite Hans Urs von Balthasar, un grand théologien du XXe siècle.

 

Julienne Côté, CND

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2408. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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