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Dimanche de la Pentecôte A - 8 juin 2014

 

Le souffle du Ressuscité, l'Esprit Saint

 

Jésus apparaît à ses disciples : Jean 20, 19-23
Autres lectures : Actes 2, 1-11; Psaume 103(104); Galates 5, 16-25


Pentecôte ...50ème jour...Que célébrons-nous ? ...  Pour  le peuple de la Première  Alliance, le jour qui suivait les 7  semaines (49 jours) après  la fête de la Pâque était la fête de la moisson des blés (Ex 34, 22; Dt 16, 9; Lv 23,16).  Pour nous, peuple de la Nouvelle Alliance, ce que nous célébrons, c'est la  clôture de ce temps qui s'est ouvert par la  célébration de  la Résurrection de Jésus, le merveilleux temps pascal, que nous fêtons solennellement. S'il en est ainsi, alors pourquoi la Liturgie de notre Église, en l'année A du cycle liturgique, nous propose-t-elle comme texte évangélique du jour une péricope relatant un événement qui aurait eu lieu au soir de la Résurrection ?  C'est que lorsque le 4ème évangile nous livre son message, il considère les choses d'une façon autre que celle que nous adopterions spontanément.  On pourrait même dire que son regard est différent de celui des autres évangiles.  Pour Jean, la  Passion et la Mort, la Résurrection et la glorification de Jésus, le don de son Souffle aux disciples forment un seul et même mystère pascal.  On ne peut donc se surprendre de le voir situer le don de l'Esprit, le soir même de la résurrection.

Le premier jour de la semaine

     Si maintenant, nous regardons attentivement le cadre de présentation de ce don de l'Esprit, ne discernons-nous pas, dans le vocabulaire utilisé, une évocation des premières eucharisties chrétiennes ? Le soir de ce même jour, le premier de la semaine, et les portes étant closes là où étaient les disciples, par peur des Juifs, Jésus vint et se tint au milieu, et il leur dit: Paix à vous! ...et il leur montra ses mains et son côté. Premier jour de la semaine...disciples réunis, portes closes, venue de Jésus au milieu de l'assemblée...don de la paix...rappel de la croix à travers ce geste de montrer ses mains et son côté... On notera que Jean parle de deux visites successives du Ressuscité et la seconde où Thomas est présent, a plusieurs traits de ressemblance avec la première. Elle a lieu huit jours plus tard, encore une fois un premier jour de la semaine, les disciples sont réunis à l'intérieur, portes closes,  Jésus vient et se tient au milieu d’eux et il dit : Paix à vous!, et fait référence aux mains et au côté.

Le souhait de paix

     Le Paix à vous que l'on retrouve  dans cette seconde visite  apparaissait déjà deux fois dans les cinq versets du texte que nous méditons (vv. 19.21) : une première fois, en lien avec la venue de Jésus et la seconde, au moment de l'envoi en mission. Ce don de la paix, il était déjà annoncé  dans le discours d'adieux : Je vous laisse la paix; je vous donne ma paix; je ne vous la donne pas comme le monde la donne. Que votre coeur cesse de se troubler et de craindre (Jn 14, 27). Et cet engagement de Jésus  de donner la paix aux siens, nous avons le privilège de le réentendre à chaque eucharistie, entre la prière du Notre Père et la communion. Ce même souhait de paix fait aux disciples, nous le trouvons aussi  dans une apparition pascale de l'évangile de Luc, qui présente bien des affinités avec notre texte johannique. Jésus se tient en personne au milieu  des disciples, et leur dit : Paix à vous. Il est question de stupeur et d'effroi, non à cause des juifs, mais parce qu'ils croient voir un esprit. Jésus montre non pas ses mains et son côté, mais ses mains et ses pieds.  Les disciples vivent alors une joie.

La paix, source de joie

     De joie, nous parlait aussi notre texte johannique, précisant que les disciples qui étaient, dans un premier temps, envahis par la peur des juifs, avaient été comblés de joie à la vue du Seigneur. Le discours d'adieu avait préparé les disciples à l'expérience de cette joie. Dans le contexte de l'invitation persistante à demeurer dans l'amour, Jésus promettait : Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous  et que votre joie soit parfaite (Jn 15, 11). Toujours dans le discours d'adieu, évoquant son départ tout en évoquant un prompt retour, Jésus avait dit : En vérité, je vous le dis, vous allez pleurer et vous lamenter; le monde lui se réjouira; vous serez dans la tristesse, mais votre tristesse se changera en joie. La femme sur le point d'accoucher, s'attriste, parce que son heure est venue; mais quand elle a enfanté, elle oublie les douleurs, dans la joie qu'un homme soit venu au monde. Vous aussi, maintenant, vous êtes tristes; mais je vous reverrai et votre coeur se réjouira, et votre joie, personne ne pourra vous la ravir (Jn 16, 20-22).

L’envoi en mission

     Le premier Paix à vous est situé au coeur de la présentation de l'apparition de Jésus : Il vient (et l'on pense à Jn 1, 11); Il se tient au milieu d'eux (et l'on pense à Jn 1, 26);  Il dit Paix à vous; Il montre ses mains et son côté (geste correspondant à Jn 20, 27). Le second Paix à vous, lui, introduit l'envoi en mission. Cet envoi est éblouissant : Comme le Père m'a envoyé, moi  aussi, je vous envoie (v. 21). Établir une correspondance entre la mission confiée à Jésus par le Père  et la mission des disciples  donnée par Jésus !...Et cette parole est suivie d'un geste qui n'est pas moins saisissant.  Jésus souffle sur eux  et l'on pense au Souffle créateur de Gn 1,2; 2,7, rappelé en Sg 15, 11, ainsi qu'au Souffle sur les ossements desséchés de Ez 37, 9. Est-ce la création nouvelle qui est évoquée ici, comme elle l'est en Jn 1, 33 et 19, 30 ?

La remise des péchés

     Vient enfin la mission de remettre ou de retenir les péchés, qui rejoint la mission de Jésus lui-même énoncée en Jn 1, 29 et fond ensemble deux images vétérotestamentaires : celle du Serviteur Souffrant (Is 53) et celle de l'agneau pascal, symbole de la rédemption (Ex 12, 1). Encore ici, le récit de Jean que nous approfondissons rejoint la fin du récit de Lc 24, 36-49 où  le Ressuscité dit aux disciples qu'ils sont témoins du fait qu'au nom de Jésus, le repentir en vue de la rémission des péchés est proclamé à toutes les nations. À noter cette importance donnée par Jésus ressuscité au pardon des péchés.

     La liturgie de la Pentecôte en cette année A nous offre donc comme texte évangélique ce qu'on pourrait appeler le récit   johannique de Pentecôte, au soir de Pâques et, comme première lecture ce qu'on pourrait appeler une Pentecôte lucanienne, le 50ème jour.  Il est intéressant de comparer le caractère particulier de chacun de ces textes.

     En  seconde lecture, Paul, dans la Première aux Corinthiens (1 Co 12,  3-7.12-13), décrit le rôle multiforme de l'Esprit, dans la confession de foi, dans la variété des dons de la grâce, des fonctions, des activités, en vue du bien de tous et de toutes. La  plongée dans l'unique Esprit au baptême nous outille pour former un seul Corps et comble notre soif la plus profonde.     

 

Lorraine Caza, CND

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2407. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Temps d'absence, temps de présence