Les miracles des Apôtres
… plus éclatants que ceux de Jésus
Jésus apparaît à ses disciples : Jean 20, 19-31
Autres lectures : Actes 5, 12-16; Psaume 117(118); Apocalypse 1, 9-11a.12-13.17-19
On est déjà passablement embêté, aujourd’hui, quand il s’agit de tenir un discours intelligible sur les miracles de Jésus, dans un monde où la science et la technologie n’en finissent pas de repousser les limites du ‘mystère’, que dire alors d’un texte biblique qui nous parle des miracles des Apôtres, encore plus éclatants que ceux de Jésus lui-même ? Et on en rajoute au sujet de Paul : Dieu accomplissait par les mains de Paul des miracles peu banals, à tel point qu'on prenait, pour les appliquer aux malades, des mouchoirs ou des linges qui avaient touché sa peau. Ces gens étaient alors débarrassés de leurs maladies, et les esprits mauvais s'en allaient. (Ac 19,11-12)
Les miracles dans l’Antiquité
Les peuples anciens accordaient une grande importance aux faits prodigieux et ce, en raison principalement de leur vision de l’univers où tout est imprégné de mystère, où les phénomènes de la nature sont perçus comme autant d’interventions des puissances divines. Tout est soumis à ces puissances et tout ce qui advient dépend de leur bon vouloir. L’activité thaumaturgique, en conséquence, très prisée, est répandue dans l’Antiquité en général.
Par exemple, dans le Premier Testament, on relate des miracles au fil de ses différents livres. Que l’on pense à ceux relatés dans l’Exode : plaies d’Égypte, traversée de la Mer Rouge, manne du désert; aux faits attribués à Élie (1R 17) et à Élisée (2R 4) : multiplications de nourriture, guérisons, résurrections de morts; et à de nombreux autres prodiges qui ponctuent l’histoire du peuple d’Israël. Le monde païen, quant à lui, offre également un vaste éventail de cas miraculeux de même facture que ceux de la Bible et tout aussi spectaculaires. Les ex-voto et les listes gravées sur les stèles, dans ses sanctuaires, en témoignent abondamment.
Les miracles dans le Nouveau Testament
Ceux de Jésus. On attribue à Jésus des miracles de tous ordres : guérisons, exorcismes, résurrections de morts, multiplications d’aliments, dominations des éléments de la nature. On le voit bien, on cherche à lui attribuer les mêmes miracles que ceux observés dans le Premier Testament, plus particulièrement ceux d’Élie et d’Élisée. Qu’en penser ?
Si la recherche scientifique a toujours reconnu l’historicité du pouvoir thaumaturgique de Jésus, elle ne prend toutefois pas à la lettre les contenus descriptifs de ses miracles ni n’atteste l’authenticité de chacun. Tous ces prodiges qui lui sont attribués sont effectivement largement exagérés. Mais pourquoi donc ?
Rappelons tout d’abord que l’ensemble de l’Évangile doit être lu à la lumière de la résurrection de Jésus, laquelle a été interprétée, dès le début, comme l’approbation intégrale de son œuvre par Dieu. En conséquence, cette approbation exigeait des croyants qu’ils épousent les causes promues par Jésus et qu’ils se mettent à sa suite. Pour ce faire, on jette un regard rétrospectif sur sa vie. On évoque, en les embellissant, –quand on ne le crée pas de toutes pièces– les épisodes qui conviennent pour éveiller et alimenter la foi et pour supporter l’enseignement éthique.
Ainsi donc, quand on reconnaîtra en Jésus la figure du prophète par excellence, on lui attribuera des prodiges similaires à ceux accomplis par les prophètes bibliques. Et quand on reconnaîtra en lui la figure du nouveau Moïse, du Messie, du Fils de Dieu, du Seigneur, bref, quand on le reconnaîtra comme la seule voix mandatée par Dieu, on lui fera endosser, de façon plénipotentiaire, les pouvoirs qui autrement n’appartiennent qu’à Dieu seul; en l’occurrence, les pouvoirs sur les forces maléfiques, jusqu’à délivrer de la maladie et de la possession; ceux sur les forces cosmiques, jusqu’à contrôler la mer en furie; ceux sur la matière jusqu’à faire surgir du pain et des poissons à volonté; ceux sur la vie, jusqu’à faire se réveiller les morts.
Ceux des disciples. Certes, Jésus ressuscité ne vit plus parmi les êtres terrestres, mais la foi des chrétiens atteste qu’il est néanmoins présent parmi eux. On éprouve la puissance de son action au sein de la communauté et on contemple ses œuvres qui s’accomplissent par les mains de ceux et celles qui se mettent à sa suite avec la volonté de prolonger sa mission. Luc, cet hagiographe aux récits si pittoresques, illustre bien l’origine de cette force agissante du Ressuscité en créant le beau récit de la Pentecôte. Un récit qui se résume à ceci : Christ est vivant et il est toujours actif dans le monde par son Souffle, son Esprit; mais plus encore, il a répandu ce Souffle sur la communauté naissante de façon à la rendre capable de prendre sa mission à charge et d’accomplir ses œuvres.
La façon de Luc d’affirmer que cette puissance est effective et efficace, c’est d’attribuer aux disciples les mêmes pouvoirs que ceux détenus par Jésus de Nazareth. Mais plus encore, Christ ressuscité, dépouillé des limites matérielles et transcendant désormais toutes les forces cosmiques, est plus puissant que Jésus de Nazareth. Pas étonnant que les disciples, par la force de son Souffle, accomplissent des prodiges encore plus éclatants que ceux de leur Maître.
Et nous ?
On ne saurait prendre à la lettre les propos de Luc concernant les actes prodigieux attribués aux disciples. Ils sont, en réalité, un condensé, ou une illustration, des réalisations extraordinaires que ceux-ci peuvent accomplir quand ils liguent leurs énergies au service du bien de leurs semblables. Rien de différent de ce que les croyants peuvent encore réaliser aujourd’hui. Une volonté continue de vivre à la manière de Jésus et de faire advenir ses œuvres finit effectivement par produire de véritables miracles.
Source: Le Feuillet biblique, no 2354. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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