Vraiment, il est ressuscité ?
Le tombeau vide : Jean 20, 1-9
Autres lectures : Actes 10, 34a.37-43; Psaume 117(118); Colossiens 3, 1-4 ou 1 Corinthiens 5, 6b-8
Lapins, chocolats et œufs
Que célébrons-nous à Pâques ? À regarder les images de la culture populaire, cette fête est centrée sur les lapins, le chocolat et les œufs. Pourtant, l’essentiel est ailleurs. Pâques célèbre la résurrection de Jésus, le cœur de la foi chrétienne. Comme le dit Paul dans sa lettre aux Corinthiens : Si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vide, et vide aussi votre foi. (1 Co 15,14)
Est-ce que Jésus est ressuscité ? La question est fondamentale et la réponse à cette question détermine si nous sommes chrétiens ou non. La meilleure façon de se pencher sur le sujet est de retourner aux textes bibliques pour voir comment cette résurrection est présentée.
Chacun des quatre évangiles raconte l’histoire du matin de Pâques d’une façon personnelle. L’évangile de Jean met en scène trois personnages principaux : Marie de Magdala, Simon-Pierre et l’autre disciple (celui que Jésus aimait). Il est marqué par la hâte des personnages qui se déplacent toujours en courant. La première à constater que la pierre a été enlevée du tombeau est Marie de Magdala à l’aurore, à l’heure où la lumière commence à prendre la place de la noirceur. À ce moment du récit, on voudrait bien en savoir plus, mais la réaction de Marie est de courir pour rejoindre les deux disciples. À l’écoute de cette nouvelle, ils commencent une course vers le tombeau. On a hâte d’en savoir plus. Vite, au tombeau!
Le tombeau vide !?!
À l’entrée des deux disciples, la tension augmente. Que voient-ils dans le tombeau ? En fait, l’important est plutôt ce qu’ils ne voient pas. Il n’y a que des bandelettes et un linge roulé, mais le corps de Jésus est absent. Le texte indique que l’autre disciple vit cela et il crut. Comment est-il parvenu à cette conclusion ? À quoi est-ce qu’il croit au juste ? Le narrateur nous donne alors une piste de réponse en affirmant qu’avant ce moment, il n’avait pas compris l’Écriture selon laquelle Jésus devait se relever d’entre les morts. En effet, plusieurs passages des évangiles montrent que l’événement de la mort/résurrection de Jésus a surpris les disciples qui ne s’attendaient pas du tout à cela. L’élément déclencheur qui a mené à cette compréhension : la vue du tombeau vide et des linges pliés avec soin indiquant que le corps de Jésus n’a pas été volé ou déplacé.
Au-delà de ce récit où la compréhension semble instantanée pour un des deux disciples, le narrateur note que le recours aux Écritures semble avoir été fondamental pour interpréter l’absence du corps de Jésus. Le texte ne dit pas à quelles Écritures on fait référence, mais les premiers chrétiens vont relire les textes d’Isaïe, des psaumes, des Maccabées, de Daniel, de Jonas… pour comprendre que Jésus est ressuscité.
Qui est l’autre disciple ?
Le premier à croire au Ressuscité n’est pas nommé. Il s’agit de l’autre disciple, celui que Jésus aimait. Si on poursuit la lecture de l’évangile, on voit que c’est le témoignage de ce disciple qui est à la base de ce qu’on va appeler l’évangile selon Jean. Le nom de Jean est attribué au 4e évangile vers la fin du 2e siècle, mais il ne se retrouve pas dans le texte. On va alors dire que le disciple bien-aimé se nommait Jean. Mais, il s’agit d’une hypothèse puisque ce texte n’est pas signé et reste anonyme. En fait, l’anonymat de l’autre disciple est peut-être un excellent moyen pour que les lecteurs de l’évangile puissent s’identifier à lui.
Nous sommes l’autre disciple ! En effet, l’objectif de cet évangile est de faire vivre aux lecteurs le parcours de ce disciple qui a suivi Jésus tout au long de ses activités publiques. Comme ce disciple, on le suit depuis sa rencontre avec Jean Baptiste jusqu’à sa mort. Et maintenant, avec ce tombeau vide, la lecture du texte nous pose une question : va-t-on réagir de la même manière que l’autre disciple et croire à partir de la description de ce qu’il a vu ? La lecture de cet évangile nous amène à nous identifier au disciple bien-aimé qui croit à la suite de la vision du tombeau vide.
Passer du voir au croire
Après avoir dit que l’autre disciple vit et cru, le narrateur fait une parenthèse très importante sur le rôle des Écritures pour comprendre que Jésus s’est relevé d’entre les morts. La lecture de cette note nous invite nous aussi à relire les Écritures pour comprendre comment elles peuvent nous aider à comprendre la mort de Jésus, l’absence de son corps et son nouveau mode de présence dans la communauté chrétienne.
Pourquoi êtes-vous chrétien ?
Si je suis chrétien, c’est que j’ai reçu une éducation chrétienne de la part de mes parents et de mes professeurs. Puis, à la fin de mon adolescence, j’ai fait un choix personnel en décidant que oui, je croyais que Jésus est ressuscité et que ce choix allait changer ma façon de vivre et de comprendre la vie. Le message que j’ai reçu de mes parents, eux-mêmes l’ont reçu de leurs parents et ainsi de suite. En fait, si on remonte le fil du temps, notre foi prend racine dans le témoignage des disciples de Jésus qui vont transmettre leur conviction qui sera ensuite partagée de génération à génération. Donc pour savoir si le Christ est vraiment ressuscité, le mieux est de relire les témoignages qu’ils nous ont laissés dans le Nouveau Testament. On peut même poursuivre notre recherche et faire comme eux en relisant les textes de l’Ancien Testament qui les ont inspirés dans leurs recherches pour comprendre qui était Jésus. Après ce travail de relecture, vous pourrez mieux comprendre pourquoi les disciples ont affirmé que Jésus est ressuscité et ce que cela veut dire. Puis, vous pourrez faire de votre foi (ou non-foi) un choix personnel.
Pour aller plus loin....
Connaissez-vous la différence entre « pâque » et Pâques » ?
Au singulier, on parle de la fête juive, alors qu'au pluriel, avec une majuscule, il s'agit de la fête chrétienne.
La pâque juive commémore la sortie d'Égypte. Le rituel de la pâque aurait été au départ une célébration de pasteurs nomades qui sacrifiaient une bête au printemps pour prier pour la fécondité et la protection du troupeau. Ce rituel aurait pris un nouveau sens en le reliant à la sortie d'Égypte où une bête était sacrifiée pour marquer les maisons des Israélites avec son sang pour qu'ils soient épargnés de la dernière des dix plaies, soit la mort des premiers-nés tant des humains que des animaux.
Source: Le Feuillet biblique, no 2353. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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