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Dimanche du St-Sacrement du Corps et du Sang du Christ A - 25 mai 2008

 

 

Avoir faim de donner le pain de Dieu

Discours sur le pain de vie : Jean 6, 51-58
Autres lectures : Deutéronome 8, 2-3.14b-16a; Psaume 147(148); 1 Corinthiens 10, 16-17

Dans trois semaines s’ouvrira à Québec le 49e Congrès eucharistique international. Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus déclare : Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie (Jean 6, 51). Le thème choisi pour le congrès 2008 fait écho à cette parole : « L’Eucharistie, don de Dieu pour la vie du monde » ! L’occasion est belle de laisser la parole de Jésus nous réchauffer le cœur pour que nous sachions encore une fois le reconnaître à la fraction du pain. Ainsi, nous pourrons entrer plus à fond dans le mystère eucharistique dans lequel Dieu continue de donner sa vie au monde.

  
  La fête du Saint-Sacrement permet à l’Église de montrer Dieu qui, dans le Christ, se donne lui-même pour que le monde ait la vie : De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi, je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi (6, 57). Mais au moment où nous voulons proclamer publiquement notre foi en Jésus véritablement présent avec son corps et son sang dans l’eucharistie, nous constatons que plusieurs de nos frères et sœurs ne se retrouvent plus autour de la table eucharistique. En cela, nous vivons une expérience semblable à celle de Jésus. Devant son discours sur le pain de vie, les Juifs discutaient entre eux : “Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger” ? (6, 52).

Le mystère d'une Présence

  Dans ces conditions, il importe de bien comprendre le discours de Jésus sur le pain de vie. Ainsi, nous pourrons non seulement entrer plus à fond dans le mystère, mais nous serons mieux à même de témoigner de notre foi au Saint-Sacrement du corps et du sang du Christ. Nous pourrons mettre en pratique ce que saint Pierre nous recommande dans sa première lettre : Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous
(1 Pierre 3, 15).

  Jésus commence par nous parler de sa provenance : il est descendu du ciel (Jn 6, 51), il vient de Dieu. Or, quand Dieu nous donne son Fils, il ne nous donne pas n’importe quoi. Moi, je suis le pain (6, 51), dit Jésus. Dans notre société de surabondance, nous oublions parfois que le pain est une nourriture de base. Le pain est un aliment tout simple, mais aussi un aliment complet. Mystérieusement, il est assimilé en nous et soutient notre vie physique. En nous donnant son Fils, Dieu nous nourrit. Il nous donne son pain. Il soutient toute notre vie.

Le pain de la vie

  Jésus descend du ciel comme le pain de vie (6, 48). Bien plus : Moi, je suis le pain vivant (6, 51). Le don que nous fait Dieu en Jésus ne se limite pas à faire durer la vie que nous connaissons. Il ne s’agit pas seulement de ne pas mourir. En Jésus, Dieu nous donne de vivre pour l’éternité : Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement (6, 51). Le don que Dieu fait de son Fils ne s’est pas limité aux quelques années où Jésus a marché sur notre terre. Tout comme Dieu le Père nous a donné son Fils, le Fils se donne lui-même et il continue de se donner : Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie (6, 51).

  Comment comprendre cette expression mystérieuse ? Il faut d’abord se rappeler que nous sommes ici dans l’évangile de Jean. Or Jean est passé maître dans l’art d’utiliser les symboles. Souvent, il dit bien plus qu’il n’y paraît lors d’une première lecture. Ainsi, avant le discours de Jésus, les Galiléens lui demandent : Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? Quelle œuvre vas-tu faire ? Au désert, nos pères ont mangé la manne ; comme dit l’Écriture : Il leur a donné à manger le pain venu du ciel (6, 30-31). Quand ils parlent ici de la manne, « les Galiléens se réfèrent à la Loi qui avait été donnée au Sinaï et dont Israël faisait sa nourriture quotidienne »1. Jésus leur répond sur le même registre : Moi, je suis le pain de la vie (6, 35). Jésus affirme ainsi qu’il accomplit en sa personne ce que la Loi devait accomplir pour le peuple d’Israël. Or, il le fait bien mieux puisque le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde (6, 33), pas seulement au peuple d’Israël.

  Le même genre de symbolisme est à l’œuvre dans le passage que nous lisons ce dimanche. Jusqu’ici, Jésus avait parlé du pain que Dieu son Père donne au monde : Ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel ; c’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel (6, 32). Ici, il parle d’un autre pain : Le pain que je donnerai (6, 51). Ce n’est plus le Père, mais le Fils qui donne un autre pain. Ce pain, il le donnera dans le futur.

Pour la vie du monde

  De quel pain s’agit-il ? Le pain que je donnerai, c’est ma chair (en grec : sarx), donnée pour que le monde ait la vie (6, 51). Pour bien comprendre cette parole mystérieuse, il importe de se rappeler le sens du mot grec sarx, que nous traduisons par « chair ». « La chair qualifie la condition terrestre et fragile, par op-position à l’esprit qui indique l’origine divine et céleste »2. Quand Jésus déclare qu’il donne sa chair pour que le monde ait la vie, il indique d’abord de quelle manière il va mourir. Il indique aussi que la mort n’aura pas le dernier mot. Sa mort débouche sur la vie, la vie éternelle. Pas seulement pour lui, mais aussi pour nous : Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement (6, 51).

  Mais quand il se présente comme le pain vivant, qui est descendu du ciel (6, 51), Jésus va encore plus loin. Il ajoute : Ma chair est la vraie nourriture et mon sang est la vraie boisson (6, 55). Ce faisant, il nous indique que le don de sa vie pour nous se prolonge dans le mystère eucharistique. À chaque Eucharistie, Jésus continue de donner sa vie pour que le monde ait la vie (6, 51). À travers le pain et le vin transformés pendant l’Eucharistie, il nous donne véritablement son corps et son sang : Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi je demeure en lui (6, 56). À chaque Eucharistie, nous continuons de cueillir les fruits de l’arbre de la croix, les fruits de la vie éternelle.  

  Le premier fruit de l’Eucharistie, Jésus l’exprime ainsi : Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi je demeure en lui (6, 56). Nous devenons la demeure du Christ et nous demeurons en lui. Ce faisant, nous renouons avec la démarche première de tout disciple. Au début de l’évangile de Jean, les deux premiers hommes à suivre Jésus lui demandent : Où demeures-tu ? (Jn 1, 38). Il leur répond : “ Venez et voyez.” Ils vinrent donc et virent où il demeurait, et ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là (1, 39).

  Jésus nous indique un autre fruit de l’Eucharistie : De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi (6, 57). Non seulement nous demeurons dans le Christ, nous vivons par lui. Comme le Père l’a envoyé, Jésus, qui est vivant, nous envoie aussi. C’est ce qu’il dira après sa résurrection : De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie (20, 21). En accueillant le corps et le sang du Christ, nous acceptons donc une mission. Celui qui demeure en nous demande que nous le portions aux hommes et aux femmes qui croisent notre route.

1 Xavier Léon-Dufour, Lecture de l'Évangile selon Jean, II (chapitres 5-12). (Parole de Dieu), Paris, Cerf, 1990, p. 135.

2 Xavier Léon-Dufour, Dictionnaire du Nouveau Testament. Deuxième édition revue, Paris, Seuil, 1975, p. 158.

Source: Le Feuillet biblique, no 2145. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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