Les colonnes de l'Église
Profession de foi de Pierre : Matthieu
16, 13-19
Autres lectures : Actes 12, 1-11 ; Psaume
33(34); 2 Timothée 4, 6-8.17-18
L’Église est, littéralement, le rassemblement des croyants. Un tel rassemblement n’existait pas avant Pâques. C’est la résurrection de Jésus qui donne naissance à la foi au Christ ressuscité, dont l’Église est la résultante visible. Au cœur de ce phénomène, il y a la confession de foi de certains témoins privilégiés, comme saint Pierre et saint Paul.
Anticipation de la foi pascale de Pierre
Une lecture trop littérale de l’évangile d’aujourd’hui, mais malheureusement bien répandue, fait de la confession de Pierre à Césarée-de-Philippe le moment crucial où le Christ révèle son plan de fonder une Église et où il en confie les commandes à son disciple Pierre. Ce serait pourtant négliger le fait que la véritable confession de Pierre arrive après Pâques, lorsqu’il soutient que Jésus est ressuscité et qu’il a été établi Christ et Seigneur par le Roi du Ciel, Dieu en personne (Actes 2,36) ! La confession de Pierre à Césarée-de-Philippe n’est que l’anticipation de sa foi pascale. Pierre rassemblera un jour autour de lui les croyants au Christ ressuscité, devenant ainsi un des « piliers » de l’Église (le mot est de Paul : Galates 2,9).
Pierre solide
Le récit des Actes des apôtres fait de Pierre le premier à annoncer la Bonne Nouvelle du Christ Jésus (Actes 2,14-41). Pierre demeure la figure emblématique de la jeune Église jusqu’à son dernier discours, en Actes 15,7-11. C’est saint Paul qui prendra la relève jusqu’à la fin du livre, en Actes 28,30-31. Marc fait de Pierre le premier disciple de Jésus (Marc 1,16-18) et le premier des Douze à être nommé (Marc 3,16). Luc se souvient qu’après avoir renié son maître trois fois, Pierre affermit ses frères dans la foi pascale (Luc 22,32). Jean fait de lui le pasteur des brebis au départ de Jésus (Jean 21,15-17). Tous les évangélistes rappellent que Jésus avait changé le nom de son premier disciple, de Simon en Pierre (Matthieu 16,17; Marc 3,16; Luc 6,14; Jean 1,42). Pour ma part, je me plais à m’imaginer (sans aucun fondement scripturaire) que ce changement de nom servait à illustrer le caractère entêté du saint personnage… Quoi qu’il en soit, Simon deviendra effectivement un Pierre solide, autour de qui se rassembleront tous ceux et celles qui invoquent le nom de Jésus comme Seigneur et Sauveur. C’est ce phénomène d’après Pâques que l’évangile d’aujourd’hui résume et prophétise.
Le service pastoral de Pierre
Il importe de souligner que le pouvoir donné à Pierre est fonction de sa foi et de son esprit de service. Appelé à rassembler ses frères et sœurs et à les raffermir dans l’unité de la foi, Pierre s’offre comme point de rassemblement des croyants et comme point d’appui à la foi chancelante des autres. C’est dire qu’il supporte toute l’Église au-dessus de lui, grâce à la force que lui confère sa foi dans le Seigneur. Saint Pierre n’est donc pas au-dessus de tout le monde, mais à la base de tout le monde en Église! Il ne faudrait pas non plus s’imaginer saint Pierre comme le gardien farouche des portes du Ciel, grand scrutateur des œuvres méritantes de chacun et de chacune… Les clefs du Royaume des cieux lui ont été confiées afin qu’il veille à ce que la porte reste grande ouverte pour tous. C’est Satan ou la puissance de la Mort (Matthieu 16, 18) qui ne doit pas l’emporter sur lui et devant qui il doit tenir bon, grâce aux clefs reçues. On peut dire qu’après la nuit fatidique du Jeudi Saint, où il a par trois fois renié son Sauveur, saint Pierre connaît à la fois la faiblesse du cœur humain et les armes redoutables du Tentateur. Qui serait en meilleure posture pour monter la garde devant les portes du Royaume des Cieux, afin que tout cœur repentant y ait accès et que Satan ne puisse pas tout détruire?
Pierre et Paul : les richesss de la différence
Par ailleurs, saint Pierre n’a pas été l’unique « pilier » de l’Église de Jésus Christ. Déjà saint Paul considérait saint Jacques et saint Jean comme autant de « colonnes » supportant l’édifice spirituel des croyants (Galates 2,9). En écrivant ainsi aux Galates, Paul de Tarse était loin de se douter qu’un jour il serait lui-même considéré par l’Église comme l’une de ses principales «colonnes» spirituelles.
Saint Pierre et saint Paul ont contribué à l’essor de l’Église dans sa plus tendre jeunesse. Cela ne veut pas dire qu’ils étaient toujours du même avis ! Après avoir reconnu les honneurs dus au premier des apôtres, Paul n’hésite pas à rappeler aux Galates une sérieuse dispute qui les a momentanément séparés l’un de l’autre (Galates 2,11-14). Ainsi, la recherche de la vérité de l’Évangile passe nécessairement par le dialogue et les divergences d’opinion, qu’on se le tienne pour dit! Inutile de limoger ou d’excommunier ceux ou celles qui ne pensent pas comme nous ! L’Église est appelée à grandir dans l’unité et la charité, sans devoir promouvoir de force l’uniformité ou la conformité à une règle préétablie. Le défi est de taille pour nos évêques, héritiers des responsabilités des apôtres de la première heure. Que saint Pierre et saint Paul leur viennent en aide !
La communauté soutient Pierre par sa foi et sa prière
Actes 12, 1-11
Tandis que Pierre était ainsi détenu, l’Église priait pour lui devant Dieu avec insistance (Actes 12,5).
La délivrance miraculeuse de Pierre de sa prison nous invite à réfléchir sur les sacrifices consentis par le chef des apôtres pour le service de l’Évangile et de ses frères et sœurs dans la foi. Pierre vient d’être témoin du martyr de Jacques, le frère de Jean. Il attend son propre procès dans un cachot, attaché avec des chaînes. Obéissant à la voix de l’ange, Pierre suit ce dernier vers la liberté, sans trop comprendre. Mais nous savons qu’il finira un jour par témoigner en faveur du Christ au prix de sa vie. Comment a-t-il su garder ferme le cap, avec espérance? Sans doute, la prière de l’Église en faveur de son pasteur lui aura été d’un grand secours. C’est pourquoi nos pasteurs comptent sur nos prières et sur notre appui moral et matériel, afin de les confirmer et de les soutenir dans l’offrande qu’ils font de leur vie.
La confiance du serviteur de l'Évangile
2 Timothée 4, 6-8.17-18
Je suis resté fidèle (2 Timothée 4,7)
Ce court extrait de la Seconde lettre dite de saint Paul à Timothée dresse le bilan de la mission de l’Apôtre des Nations. Ayant échappé combien de fois à la gueule du lion, Paul se prépare à rencontrer son Seigneur dans l’effusion de son propre sang. Il s’est bien battu et il est resté fidèle! S’il s’est fièrement rendu au bout de sa course, la nôtre ne fait que commencer.
Source: Le Feuillet biblique,
no 2150. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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