Quand
la joie l'emporte sur la peur
Jésus apparaît à ses disciples:
Jean
20, 19-23
Autres lectures : Actes
2, 1-11; Psaume
103(104); 1
Corinthiens 12, 3-7.12-13
Lextrait de lÉvangile
selon saint Jean lu cette année au dimanche de la Pentecôte
est bref, tout juste cinq versets. La concision des propos nenlève
cependant rien à la richesse de sens qui sen dégage.
Le premier
jour
Lévangéliste situe la scène
le soir du premier jour de la semaine, autrement dit le dimanche.
Dès les débuts du christianisme, le dimanche est un
temps privilégié de rencontre avec le Seigneur. Cest
encore le cas pour les croyants que lont dit « pratiquants
» et ce, malgré louverture des commerces le dimanche,
les exigences du monde du travail ou lattrait des loisirs.
Ils
avaient peur
Les disciples, après la mise à mort de
leur Maître, sont terrorisés, craignant subir le même
sort que lui. Leur réaction est tout à fait naturelle
: senfermer, pour se protéger. Aurions-nous agi différemment?
Au fait, combien de fois restons-nous enfermés dans nos peurs,
parce que cest
sécurisant? Parce que ça
nous dispense douvrir nos portes et daller vers ce qui
nous semble menaçant?
Jésus
vint
Sans avertissement, voilà Jésus parmi
ses disciples. Personne ne lavait appelé, aucune prière,
aucune supplication vers les cieux. Cest la beauté
de la chose : le Ressuscité se rend de lui-même présent
au cur de la situation de détresse de ses amis. Leffet
le plus bénéfique de nos prières nest-il
pas de nous le rappeler ? Le Christ vient à nous sans même
que nous ayons besoin de lui faire de grands signes ou de lui casser
les oreilles à coup de formules répétées.
Lévangéliste précise : Il
était là au milieu deux. Autrement dit au
centre du groupe, pas plus près du disciple quil aimait
ou de Pierre, figure dautorité. Pas non plus entre
Jacques et Jean, qui avaient rêvé se tenir à
ses côtés dans son Royaume (Matthieu
20,
20-21). Au milieu. Aussi visible du plus grand que du plus petit.
La
paix soit avec vous
Cest peut-être la phrase-clé du
récit et, de fait, le fil conducteur de tout le temps pascal.
Au deuxième dimanche de Pâques, en effet, la liturgie
nous proposait ce même extrait (avec quelques versets en plus).
Nous entendions alors ce même souhait de paix de la part du
Seigneur. Ainsi, lensemble du temps pascal cette année
se trouve en quelque sorte encadré par la paix du Seigneur.
En ces temps où des soldats de chez nous combattent à
létranger, ces mots sont plus que jamais de circonstance.
La paix au sens biblique signifie cependant davantage que labsence
de guerre, comme on lentend généralement de
nos jours. Ce terme désigne un ensemble de conditions qui
permettent une vie paisible : bonheur matériel et spirituel,
santé, prospérité, repos de lâme
et du corps
Les
disciples furent remplis de joie
Jésus montre ensuite ses mains et son côté.
Ce nest pas pour rappeler jusquà quel point il
a souffert en croix, mais pour bien sidentifier. La manière
dont le récit décrit sa venue pourrait laisser croire
quil sagissait dune sorte desprit immatériel,
de fantôme. Il nen est rien. Celui qui se tient devant
les disciples est bien le même que lhomme crucifié
trois jours auparavant. Seulement, il appartient désormais
à une autre sphère dexistence en-dehors de la
matérialité de la vie humaine. Ce qui explique son
arrivée malgré les portes verrouillées.
La réaction de joie des disciples contraste
avec la peur qui les paralysait quelques instants auparavant. La
présence du Ressuscité au milieu deux a
opéré cette formidable transformation. Déjà,
le temps passé en compagnie du prédicateur de Nazareth
avait changé profondément la vie de ces hommes. Maintenant
cest plus fort que tout. Ils pourront sortir du lieu clos
et prêcher à leur tour lÉvangile. Le danger
à lextérieur demeure le même. Mais maintenant,
la joie lemporte sur la peur. Parce quils ont vu et
compris que la vie lemporte sur la mort, grâce à
Jésus.
Moi
aussi, je vous envoie
Après avoir réitéré le
don de la paix, le Christ donne le coup denvoi. Le ton est
solennel. Lévangéliste insiste : linitiative
de la mission vient du Père. Lenvoi des disciples se
situe donc dans la continuité de lenvoi du Christ par
le Père. Cet aspect du récit mérite une attention
particulière en ce dimanche de la Pentecôte, fête
missionnaire par excellence. Il nous recentre sur notre condition
de baptisés qui fait de nous des envoyés, au nom du
Père, par le Fils, dans lEsprit.
Recevez
l'Esprit Saint
Le voilà justement, lEsprit Saint, le
souffle que Jésus répand sur ses disciples. Sa mention
explique le recours à ce texte pour le dimanche de la Pentecôte.
Dans la première lecture (Actes
2, 1-11), lévangéliste Luc décrit
autrement la venue de lEsprit. Celle-ci survient alors que
Jésus est déjà retourné vers son Père
(lascension). Son effusion se produit en public, avec des
témoins issus dune multitude de nations. Cette mise
en scène nous situe peut-être encore mieux que le récit
de Jean dans lesprit de la fête de la Pentecôte.
Elle est fête missionnaire et fête de lÉglise,
envoyée unir toutes les nations dans un même Esprit,
au-delà des barrières de langues et des divisions
ethniques.
C'est
toujours le même Esprit
Comme il faut sy attendre, le passage en deuxième
lecture (1
Corinthiens 12, 3b-7.12-13) est spécifiquement choisi
pour la fête de la Pentecôte. Paul insiste sur lunicité
de lEsprit qui offre une variété de dons qui,
à leur tour, suscitent des fonctions multiples. La Pentecôte
est une fête missionnaire. Mais que serait la mission sans
les dons de lEsprit qui confèrent à lÉglise
toute sa vitalité ?
Jean
Grou, bibliste
Source: Le Feuillet biblique,
no 2143. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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