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Dimanche de la Pentecôte A - 11 mai 2008

 

 

Quand la joie l'emporte sur la peur

Jésus apparaît à ses disciples: Jean 20, 19-23
Autres lectures : Actes 2, 1-11; Psaume 103(104); 1 Corinthiens 12, 3-7.12-13

L’extrait de l’Évangile selon saint Jean lu cette année au dimanche de la Pentecôte est bref, tout juste cinq versets. La concision des propos n’enlève cependant rien à la richesse de sens qui s’en dégage.

  
Le premier jour

  L’évangéliste situe la scène le soir du premier jour de la semaine, autrement dit le dimanche. Dès les débuts du christianisme, le dimanche est un temps privilégié de rencontre avec le Seigneur. C’est encore le cas pour les croyants que l’ont dit « pratiquants » et ce, malgré l’ouverture des commerces le dimanche, les exigences du monde du travail ou l’attrait des loisirs.

Ils avaient peur

  Les disciples, après la mise à mort de leur Maître, sont terrorisés, craignant subir le même sort que lui. Leur réaction est tout à fait naturelle : s’enfermer, pour se protéger. Aurions-nous agi différemment? Au fait, combien de fois restons-nous enfermés dans nos peurs, parce que c’est… sécurisant? Parce que ça nous dispense d’ouvrir nos portes et d’aller vers ce qui nous semble menaçant?

Jésus vint

  Sans avertissement, voilà Jésus parmi ses disciples. Personne ne l’avait appelé, aucune prière, aucune supplication vers les cieux. C’est la beauté de la chose : le Ressuscité se rend de lui-même présent au cœur de la situation de détresse de ses amis. L’effet le plus bénéfique de nos prières n’est-il pas de nous le rappeler ? Le Christ vient à nous sans même que nous ayons besoin de lui faire de grands signes ou de lui casser les oreilles à coup de formules répétées.

  L’évangéliste précise : Il était là au milieu d’eux. Autrement dit au centre du groupe, pas plus près du disciple qu’il aimait ou de Pierre, figure d’autorité. Pas non plus entre Jacques et Jean, qui avaient rêvé se tenir à ses côtés dans son Royaume (Matthieu 20, 20-21). Au milieu. Aussi visible du plus grand que du plus petit.

La paix soit avec vous

  C’est peut-être la phrase-clé du récit et, de fait, le fil conducteur de tout le temps pascal. Au deuxième dimanche de Pâques, en effet, la liturgie nous proposait ce même extrait (avec quelques versets en plus). Nous entendions alors ce même souhait de paix de la part du Seigneur. Ainsi, l’ensemble du temps pascal cette année se trouve en quelque sorte encadré par la paix du Seigneur. En ces temps où des soldats de chez nous combattent à l’étranger, ces mots sont plus que jamais de circonstance. La paix au sens biblique signifie cependant davantage que l’absence de guerre, comme on l’entend généralement de nos jours. Ce terme désigne un ensemble de conditions qui permettent une vie paisible : bonheur matériel et spirituel, santé, prospérité, repos de l’âme et du corps…

Les disciples furent remplis de joie

  Jésus montre ensuite ses mains et son côté. Ce n’est pas pour rappeler jusqu’à quel point il a souffert en croix, mais pour bien s’identifier. La manière dont le récit décrit sa venue pourrait laisser croire qu’il s’agissait d’une sorte d’esprit immatériel, de fantôme. Il n’en est rien. Celui qui se tient devant les disciples est bien le même que l’homme crucifié trois jours auparavant. Seulement, il appartient désormais à une autre sphère d’existence en-dehors de la matérialité de la vie humaine. Ce qui explique son arrivée malgré les portes verrouillées.

  La réaction de joie des disciples contraste avec la peur qui les paralysait quelques instants auparavant. La présence du Ressuscité au milieu d’eux a opéré cette formidable transformation. Déjà, le temps passé en compagnie du prédicateur de Nazareth avait changé profondément la vie de ces hommes. Maintenant c’est plus fort que tout. Ils pourront sortir du lieu clos et prêcher à leur tour l’Évangile. Le danger à l’extérieur demeure le même. Mais maintenant, la joie l’emporte sur la peur. Parce qu’ils ont vu et compris que la vie l’emporte sur la mort, grâce à Jésus.

Moi aussi, je vous envoie

  Après avoir réitéré le don de la paix, le Christ donne le coup d’envoi. Le ton est solennel. L’évangéliste insiste : l’initiative de la mission vient du Père. L’envoi des disciples se situe donc dans la continuité de l’envoi du Christ par le Père. Cet aspect du récit mérite une attention particulière en ce dimanche de la Pentecôte, fête missionnaire par excellence. Il nous recentre sur notre condition de baptisés qui fait de nous des envoyés, au nom du Père, par le Fils, dans l’Esprit.

Recevez l'Esprit Saint

  Le voilà justement, l’Esprit Saint, le souffle que Jésus répand sur ses disciples. Sa mention explique le recours à ce texte pour le dimanche de la Pentecôte. Dans la première lecture (Actes 2, 1-11), l’évangéliste Luc décrit autrement la venue de l’Esprit. Celle-ci survient alors que Jésus est déjà retourné vers son Père (l’ascension). Son effusion se produit en public, avec des témoins issus d’une multitude de nations. Cette mise en scène nous situe peut-être encore mieux que le récit de Jean dans l’esprit de la fête de la Pentecôte. Elle est fête missionnaire et fête de l’Église, envoyée unir toutes les nations dans un même Esprit, au-delà des barrières de langues et des divisions ethniques.

C'est toujours le même Esprit

  Comme il faut s’y attendre, le passage en deuxième lecture (1 Corinthiens 12, 3b-7.12-13) est spécifiquement choisi pour la fête de la Pentecôte. Paul insiste sur l’unicité de l’Esprit qui offre une variété de dons qui, à leur tour, suscitent des fonctions multiples. La Pentecôte est une fête missionnaire. Mais que serait la mission sans les dons de l’Esprit qui confèrent à l’Église toute sa vitalité ?

  

Jean Grou, bibliste

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2143. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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