L'autorité
du berger Jésus
La parabole du pasteur, du voleur et des brebis
: Jean
10, 1-10
Autres lectures : Actes
2, 14a.36-41;
Psaume
22(23); 1
Pierre 2, 20b-25
Qui na pas déjà
vu une représentation du Seigneur avec une brebis sur les
épaules? Liconographie chrétienne a rendu célèbre
limage du « Bon Pasteur », tirée du quatrième
évangile. À coup sûr, personne na encore
vu de représentation de Jésus comme « Porte
des brebis »
Pourtant, Jean désigne ainsi le
Christ, pour mieux faire comprendre le genre de berger quil
est. Poussons doucement la porte, voulez-vous?
Parlons
de bergers...
En dialogue avec les Pharisiens, chefs et «
bergers » des brebis dIsraël, le Jésus de
Jean leur propose une parabole tout à fait « pastorale
». Il met en contraste le berger, linconnu, le voleur
et le bandit. Ces trois derniers essaient de semparer des
brebis en sinfiltrant dans la bergerie par un autre endroit
que la porte. Pourtant, jamais les brebis ne suivront ces inconnus,
car elles ne reconnaissent pas leur voix. Seul le berger, entrant
par la porte de la bergerie, peut appeler les brebis quil
connaît chacune par son nom. Les brebis peuvent bien suivre
le berger, car elles écoutent et connaissent sa voix. Elles
savent quelles peuvent se fier à lui et le suivre dehors,
en toute sécurité, vers de bons pâturages.
Cette histoire aux accents bucoliques laisse les Pharisiens
pantois. Ils ne savent tout simplement pas où Jésus
veut en venir avec ses voleurs, son berger et ses brebis
En bon maître, Jésus reprend lanalogie
de façon beaucoup plus explicite, sans ambages, au risque
de choquer son auditoire.
Porte
ouverte sur la vie
Jésus se présente aux Pharisiens comme
la porte que les brebis dIsraël peuvent emprunter en
toute sécurité pour sortir de la bergerie, afin de
trouver le pâturage qui les soutiendra. Les assurant de ses
bonnes intentions, il déclare vouloir donner la vie en abondance,
contrairement aux faux prophètes avant lui qui ne sont venus
que pour veiller à leur gain personnel
Jésus le Christ est venu dans la bergerie dIsraël
afin de faire sortir ses brebis dun judaïsme qui les
affame spirituellement en les contraignant à vivre prisonnières
dans un enclos. Ce type de judaïsme, borné et stérile,
est précisément celui prôné par les Pharisiens
du quatrième évangile, gardiens zélés
de centaines de lois de tradition orale. Avec beaucoup délégance,
mais en faisant preuve aussi dune courageuse liberté,
Jésus accuse les bergers dIsraël dêtre
devenus des voleurs et des bandits. Ils essaient dimposer
leur autorité sur des gens affamés de Dieu, sans les
connaître par leur nom, ni veiller à leur épanouissement.
Ne compte pour eux que lenclos, dont ils ne veulent pas que
les brebis sortent. Sans trop sen apercevoir, les Pharisiens
sont devenus des chefs illégitimes : volant, égorgeant
et détruisant ce quils souhaitaient protéger.
L'autorité
du pasteur
La parabole de Jésus demeure un avertissement
général à lendroit de générations
de « bergers » de toutes sortes. Particulièrement
dans le domaine religieux et spirituel, un leader ne peut soctroyer
dautre autorité que celle que les individus qui lécoutent
lui concèdent. Un bon berger sera celui qui est à
lécoute de ses brebis, attentif à leurs besoins.
Il saura sapprocher delles de façon ouverte et
légitime, sans cacher dautre intention que celle, manifeste,
de leur faire du bien. Il (ou elle, dans le cas dune bergère
!), ne contraindra personne à sa suite. Les brebis seront
ainsi toujours libres de reconnaître lappel de Dieu
dans le berger ou la bergère de leur choix. Surtout, bergers
et bergères auront intérêt à ne pas tant
se soucier de lenclos de la bergerie que des brebis elles-mêmes.
À bas les murs qui nous divisent! Vive le grand air et la
libre circulation des brebis ! Noublions pas que le pâturage
se trouve à lextérieur de notre demeure et que
pour bien se nourrir spirituellement, il faut consentir aux risques
dun sain périple en dehors de nos sécurités
Le berger idéal, nous confie Jean, est cet homme
qui, en étendant les bras sur une croix, a donné sa
vie pour ses brebis. Du coup, il nous a ouvert la porte du ciel
sans nous y contraindre. Cest lui, le bon berger ! Cest
lui, la porte des brebis !
La
première annonce de l'Évangile
Actes
2, 14a.36-41
Dieu a fait de lui le Seigneur et le Christ
Saint Pierre professe sa foi publiquement le jour de
la Pentecôte. Alors que la foule croyait Jésus mort
et maudit de Dieu pour avoir transgressé la Loi de Moïse,
Pierre le déclare vivant et assis à la droite de Dieu.
Celui que beaucoup tenaient pour un faux prophète, un voleur
didentité et un bandit, un ami des collecteurs dimpôt
et des pécheurs, Pierre le proclame tout haut « Seigneur
» et « Christ ». Lapôtre témoigne
de son expérience de pardon vécue au nom de Jésus.
Il fait état de la grâce de Dieu reçue à
son baptême et il offre lEsprit Saint à tous
ceux et à toutes celles qui voudraient se tourner vers le
Christ. Cest lui, Jésus, la Porte du Ciel grande ouverte
pour lensemble de lhumanité : pour nous et nos
enfants et pour tous ceux que le Seigneur notre Dieu appellera
(Actes 2, 39).
Une
école de bergers
1
Pierre 2, 20b-25
Vous étiez errants comme des brebis; mais à présent
vous êtes revenus vers le berger qui veille sur vous.
La première lettre dite de saint Pierre souligne
le devoir des brebis dimiter leur berger. Ce nest pas
tout découter la voix du bon berger et de le suivre.
Encore faut-il se laisser imprégner, non seulement de son
enseignement, mais surtout de son exemple ! La bergerie est en fait
une école de bergers
Cest pourquoi les brebis
sont appelées à tenir bon, à suivre les traces
du berger, qui a offert sa vie de bon gré, sans protester
ni vouloir se venger. Ainsi, les brebis grandiront et deviendront
elles-mêmes bergères de leurs semblables, ouvrant elles-mêmes
la porte du Christ pour leurs frères et surs en quête
de bon pâturage.
Source: Le Feuillet biblique,
no 2139. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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