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Célébrer la Parole

 

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3e dimanche de Pâques A - 6 avril 2008

 

 

Entre amis

L'apparition aux disciples d'Emmaüs : Luc 24, 13-35
Autres lectures : Actes 2, 14.22b-33; Psaume 15(16); 1 Pierre 1, 17-21

La liturgie de la Parole propose aujourd’hui le récit d’une amitié perdue et retrouvée. Trois amis vont se retrouver autour d’une table après une discussion qui permettra d’éclaircir les malentendus.

Les déceptions

  Dans le récit des disciples d’Emmaüs, la déception est réciproque. Cléophas et son compagnon ont perdu espoir. Ils se sentent trahis. Ils avaient placé leur confiance en Jésus, un homme qui avait accompli de multiples prodiges en actes et en paroles. Il leur avait annoncé une libération; eux espéraient un bouleversement politique qui aurait débarrassé la nation israélite de la domination romaine. Leurs attentes n’ont pas été réalisées. Jésus n’a pas été le Messie politique attendu. Cet homme de Nazareth a été arrêté par l’autorité romaine et rejeté par l’élite du peuple élu. En plus, il a été crucifié comme un vulgaire criminel. Quant à Jésus, que les deux disciples ne reconnaissent pas puisque la possibilité de la résurrection semble écartée de leur esprit, il est déçu de l’incompréhension de ses amis. Ils avaient pourtant l’Écriture qui annonçait déjà que le futur Messie souffrirait avant d’entrer dans la gloire. Leur confiance n’aurait donc pas dû être ébranlée s’ils avaient bien saisi l’enseignement que le Maître leur avait livré de son vivant. Mais les deux disciples n’ont pas compris les paroles du Christ. Et pour clore le tout, ils ne perçoivent pas la signification du tombeau vide, fait rapporté par des femmes et des apôtres.

La discussion

  Rien ne vaut une bonne discussion pour éclaircir les malentendus. La Bonne Nouvelle d’aujourd’hui confirme cette donnée sur les relations humaines. La parole permet d’évacuer les émotions négatives. Elle permet aussi l’explication et la communication de sentiments positifs. Dans cet épisode, la présence d’un étranger, en fait Jésus non reconnu, permet aux anciens compagnons de se vider le cœur. En racontant les événements tragiques de la Passion, les deux hommes évacuent une bonne partie de leur désespoir et ils deviennent ainsi disponibles pour recevoir les propos du Christ ressuscité. Le Seigneur va saisir cette occasion. Il faut remarquer tout au long de cette lecture une vérité essentielle de la foi chrétienne. Dieu prend toujours l’initiative. En effet, Jésus est celui qui aborde les disciples et qui leur pose la question qui leur permettra de se soulager. Il est aussi celui qui initie la démarche de réconciliation en reprenant l’enseignement des Écritures.

Le repas

  Après l’explication du Christ, les disciples sont touchés. Leur cœur est encore prêt à croire. Leur incompréhension n’est pas irrémédiable. Le désespoir et la désillusion n’ont pas encore complètement rongé le germe planté par Jésus durant sa vie terrestre. La preuve de cette disponibilité réside dans l’invitation de Cléophas adressée à ce compagnon de route qui a rallumé la flamme de l’Esprit en eux. Jésus reconnaît cette étincelle et accepte de partager encore des moments de présence avec les deux personnes. Cet acquiescement constitue aussi un pardon de sa part. Généralement les gens ne mangent pas avec des ennemis. Les repas intimes sont plutôt des occasions de se réunir et de partager avec des gens aimés. L’intimité supporte mal la haine et la colère. En acceptant de partager un repas intime avec ses anciens amis, Jésus manifeste que l’amitié est désormais retrouvée, que la relation d’intimité brisée est rétablie. Et cette atmosphère amicale devient si intense au moment de la rupture du pain par Jésus, ce geste qu’il accomplissait d’une manière si caractéristique, que les disciples reconnaissent leur Maître. L’Esprit qui avait retrouvé le chemin de leur conscience leur ouvre les yeux. Une lumière nouvelle les envahit.

Le témoignage

  Le récit de cette apparition se termine avec le témoignage des deux disciples. En effet, après le repas d’Emmaüs, Cléophas et son compagnon retournent à Jérusalem pour relater aux apôtres leur expérience. Leur témoignage est corroboré par celui de Pierre qui a aussi vécu la même expérience. La première lecture montre que ce type de témoignage portant sur des faits réellement vécus s’est répandu. Les apôtres et plusieurs disciples ont raconté ce qu’ils ont vu et entendu partout où ils pouvaient se rendre. Et ce témoignage d’événements historiques se conclue toujours de la même façon : « Jésus est ressuscité ! ». En plus, les témoins affirment que cette résurrection n’avait pas comme but essentiel de prouver la divinité de Jésus Christ. Cet acte divin avait plutôt comme objectif de sauver l’humanité, de rétablir l’alliance rompue par le péché humain. Le comportement du Christ envers les disciples d’Emmaüs confirme cette visée. Le Seigneur n’a pas écrasé les deux hommes de sa frustration. Il s’est réconcilié avec eux. Aujourd’hui l’Église est chargée de cette tâche fondamentale : perpétuer le témoignage apostolique dont la première lecture nous donne un résumé éloquent. Chaque enfant de Dieu est donc convié à répandre la Bonne Nouvelle : « Le Christ Sauveur est ressuscité ! ».

Le prix de la liberté
1 Pierre 1, 17-21

Vous le savez : ce qui vous a libérés de la vie sans but que vous meniez à la suite de vos pères, ce n’est pas l’or et l’argent, car ils seront détruits; c’est le sang précieux du Christ, l’Agneau sans défaut et sans tache.

  À l’époque du Christ, l’argent pouvait acheter la liberté d’un esclave. Mais, selon Pierre, l’inspirateur de cette lettre, l’être humain ne pouvait être libéré de la mort et du péché en payant avec de tels biens humains. Il fallait un bien d’un autre ordre. La crucifixion librement acceptée par Jésus fut le coût de cette délivrance. Et ce prix fut acquitté par Dieu lui-même car Jésus Christ, le Fils du Père, est aussi Dieu. Convaincus de la divinité du Sauveur, les chrétiens et les chrétiennes ne doivent donc pas hésiter à donner leur confiance au Seigneur, le Fils éternel qui existait avant la création du monde. La valeur inestimable du montant payé par le Père pour notre libération devrait aussi inciter les baptisés à adopter un comportement à la mesure du don de Dieu. Il faut mentionner que ce thème du rachat doit être remis dans le contexte où il a été élaboré. Le rédacteur de ce texte sacré veut dire que la résurrection du Seigneur a ouvert une nouvelle ère dans l’histoire humaine : l’ère du salut. Il ne faudrait donc pas trop élaborer sur cette thématique qui est avant tout un outil littéraire pour nous faire saisir une vérité de foi essentielle.

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2138. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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La rencontre du Ressuscité