Entre
amis
L'apparition aux disciples d'Emmaüs : Luc
24, 13-35
Autres lectures : Actes
2, 14.22b-33;
Psaume
15(16); 1
Pierre 1, 17-21
La liturgie de la Parole propose
aujourdhui le récit dune amitié perdue
et retrouvée. Trois amis vont se retrouver autour dune
table après une discussion qui permettra déclaircir
les malentendus.
Les
déceptions
Dans le récit des disciples dEmmaüs,
la déception est réciproque. Cléophas et son
compagnon ont perdu espoir. Ils se sentent trahis. Ils avaient placé
leur confiance en Jésus, un homme qui avait accompli de multiples
prodiges en actes et en paroles. Il leur avait annoncé une
libération; eux espéraient un bouleversement politique
qui aurait débarrassé la nation israélite de
la domination romaine. Leurs attentes nont pas été
réalisées. Jésus na pas été
le Messie politique attendu. Cet homme de Nazareth a été
arrêté par lautorité romaine et rejeté
par lélite du peuple élu. En plus, il a été
crucifié comme un vulgaire criminel. Quant à Jésus,
que les deux disciples ne reconnaissent pas puisque la possibilité
de la résurrection semble écartée de leur esprit,
il est déçu de lincompréhension de ses
amis. Ils avaient pourtant lÉcriture qui annonçait
déjà que le futur Messie souffrirait avant dentrer
dans la gloire. Leur confiance naurait donc pas dû être
ébranlée sils avaient bien saisi lenseignement
que le Maître leur avait livré de son vivant. Mais
les deux disciples nont pas compris les paroles du Christ.
Et pour clore le tout, ils ne perçoivent pas la signification
du tombeau vide, fait rapporté par des femmes et des apôtres.
La
discussion
Rien ne vaut une bonne discussion pour éclaircir
les malentendus. La Bonne Nouvelle daujourdhui confirme
cette donnée sur les relations humaines. La parole permet
dévacuer les émotions négatives. Elle
permet aussi lexplication et la communication de sentiments
positifs. Dans cet épisode, la présence dun
étranger, en fait Jésus non reconnu, permet aux anciens
compagnons de se vider le cur. En racontant les événements
tragiques de la Passion, les deux hommes évacuent une bonne
partie de leur désespoir et ils deviennent ainsi disponibles
pour recevoir les propos du Christ ressuscité. Le Seigneur
va saisir cette occasion. Il faut remarquer tout au long de cette
lecture une vérité essentielle de la foi chrétienne.
Dieu prend toujours linitiative. En effet, Jésus est
celui qui aborde les disciples et qui leur pose la question qui
leur permettra de se soulager. Il est aussi celui qui initie la
démarche de réconciliation en reprenant lenseignement
des Écritures.
Le
repas
Après lexplication du Christ, les disciples
sont touchés. Leur cur est encore prêt à
croire. Leur incompréhension nest pas irrémédiable.
Le désespoir et la désillusion nont pas encore
complètement rongé le germe planté par Jésus
durant sa vie terrestre. La preuve de cette disponibilité
réside dans linvitation de Cléophas adressée
à ce compagnon de route qui a rallumé la flamme de
lEsprit en eux. Jésus reconnaît cette étincelle
et accepte de partager encore des moments de présence avec
les deux personnes. Cet acquiescement constitue aussi un pardon
de sa part. Généralement les gens ne mangent pas avec
des ennemis. Les repas intimes sont plutôt des occasions de
se réunir et de partager avec des gens aimés. Lintimité
supporte mal la haine et la colère. En acceptant de partager
un repas intime avec ses anciens amis, Jésus manifeste que
lamitié est désormais retrouvée, que
la relation dintimité brisée est rétablie.
Et cette atmosphère amicale devient si intense au moment
de la rupture du pain par Jésus, ce geste quil accomplissait
dune manière si caractéristique, que les disciples
reconnaissent leur Maître. LEsprit qui avait retrouvé
le chemin de leur conscience leur ouvre les yeux. Une lumière
nouvelle les envahit.
Le
témoignage
Le récit de cette apparition se termine avec
le témoignage des deux disciples. En effet, après
le repas dEmmaüs, Cléophas et son compagnon retournent
à Jérusalem pour relater aux apôtres leur expérience.
Leur témoignage est corroboré par celui de Pierre
qui a aussi vécu la même expérience. La première
lecture montre que ce type de témoignage portant sur des
faits réellement vécus sest répandu.
Les apôtres et plusieurs disciples ont raconté ce quils
ont vu et entendu partout où ils pouvaient se rendre. Et
ce témoignage dévénements historiques
se conclue toujours de la même façon : « Jésus
est ressuscité ! ». En plus, les témoins affirment
que cette résurrection navait pas comme but essentiel
de prouver la divinité de Jésus Christ. Cet acte divin
avait plutôt comme objectif de sauver lhumanité,
de rétablir lalliance rompue par le péché
humain. Le comportement du Christ envers les disciples dEmmaüs
confirme cette visée. Le Seigneur na pas écrasé
les deux hommes de sa frustration. Il sest réconcilié
avec eux. Aujourdhui lÉglise est chargée
de cette tâche fondamentale : perpétuer le témoignage
apostolique dont la première lecture nous donne un résumé
éloquent. Chaque enfant de Dieu est donc convié à
répandre la Bonne Nouvelle : « Le Christ Sauveur est
ressuscité ! ».
Le
prix de la liberté
1
Pierre 1, 17-21
Vous le savez : ce qui vous a libérés de la vie
sans but que vous meniez à la suite de vos pères,
ce nest pas lor et largent, car ils seront détruits;
cest le sang précieux du Christ, lAgneau sans
défaut et sans tache.
À lépoque du Christ, largent
pouvait acheter la liberté dun esclave. Mais, selon
Pierre, linspirateur de cette lettre, lêtre humain
ne pouvait être libéré de la mort et du péché
en payant avec de tels biens humains. Il fallait un bien dun
autre ordre. La crucifixion librement acceptée par Jésus
fut le coût de cette délivrance. Et ce prix fut acquitté
par Dieu lui-même car Jésus Christ, le Fils du Père,
est aussi Dieu. Convaincus de la divinité du Sauveur, les
chrétiens et les chrétiennes ne doivent donc pas hésiter
à donner leur confiance au Seigneur, le Fils éternel
qui existait avant la création du monde. La valeur inestimable
du montant payé par le Père pour notre libération
devrait aussi inciter les baptisés à adopter un comportement
à la mesure du don de Dieu. Il faut mentionner que ce thème
du rachat doit être remis dans le contexte où il a
été élaboré. Le rédacteur de
ce texte sacré veut dire que la résurrection du Seigneur
a ouvert une nouvelle ère dans lhistoire humaine :
lère du salut. Il ne faudrait donc pas trop élaborer
sur cette thématique qui est avant tout un outil littéraire
pour nous faire saisir une vérité de foi essentielle.
Source: Le Feuillet biblique,
no 2138. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
Chronique
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