La
bonté et la fidélité de Dieu : une merveille
!
Jésus appelle Lévi : Matthieu
9, 9-13
Autres lectures : Osée
6, 3-6; Psaume
49(50); Romains
4, 18-25
La foi, lespérance
et la charité sont les assises de notre réponse à
lappel que Dieu nous fait dentrer en communion avec
lui. Les lectures de ce 10e dimanche nous ouvrent lesprit
et le cur à cette réalité. Abraham, le
croyant par excellence, se fie à Dieu dans une situation
apparemment sans issue. Matthieu est ce publicain qui reçoit
la surabondance de lamour miséricordieux de Jésus.
Quant à lapôtre Paul, il convie les croyants
daujourdhui à lespérance, cette
vertu que le poète Péguy avait en haute estime.
Matthieu,
du vieil homme à l'homme nouveau
Matthieu le publicain a endossé des comportements
douteux : au service de loccupant romain, il lève les
impôts, sans aucun scrupule, en augmentant les charges à
son profit; de ce fait, il thésaurise et vole les pauvres.
On peut imaginer un visage dur et calculateur. Toutefois, un jour,
le regard de Jésus croise le sien. Le récit est bref,
rapide comme dans un court métrage. À linvitation
de Jésus, Matthieu devient disciple du prophète. Quel
retournement! Celui-ci sest peut-être vécu à
la suite dun cheminement plus lent mais, quoi quil en
soit, Matthieu, touché à lintime de son être,
opère un tournant à 180o et
décide de mettre ses pas dans ceux de Jésus, le miséricordieux.
Ainsi, il fera désormais partie de la communauté naissante
des disciples et sefforcera de connaître le Seigneur
dans un attachement profond du cur, comme le prophète
Osée le recommandait déjà au VIIIe siècle
(Osée
6, 4).
Jésus,
médecin des âmes
Puis, le récit conduit le lecteur dans une maison
peut-être celle de Jésus , à une
rencontre autour dune table. Jésus se trouve avec une
petite pègre, dirions-nous de nos jours. Cette situation
est, pour les pharisiens, indécente, insupportable, carrément
inacceptable. Imaginons, dans notre société, un prisonnier,
un sans-abri, une clocharde, un perdant, un parasite, attablé
dans une demeure avec un homme important, performant, célèbre
et bien-pensant. Le décalage social trop contrasté
ferait scandale! À lépoque de Jésus aussi.
Au livre des Proverbes, nest-il pas interdit de frayer
avec les pécheurs qui peuvent entraîner au mal (1,
10)?
Pourtant, Jésus ne craint pas de sapprocher
de ceux et celles qui sont sans réputation, sans richesse,
sans avenir social, ceux quon méprise et rejette. Pourquoi
Jésus côtoie-t-il cette misère morale, celle
du publicain et celle du pharisien (qui se contente du culte et
trop peu des dispositions intérieures)? Ne sait-il pas que
la tradition israélite oblige à ne prendre aucun repas
avec les païens et les pécheurs? (Genèse
43, 32)
Jésus, lami des pécheurs, sait
que les humains ont besoin de sa présence et de son réconfort.
Il est celui qui déborde de lamour miséricordieux
de Dieu. Son Père nest quamour, bonté,
fidélité et sa mission est de faire connaître
le cur de Dieu. Aussi par son attitude et ses gestes, il manifeste
cette tendresse que les humains, trop souvent, noffrent quà
ceux qui sont bien portants. Jésus dissocie lamour
qui pardonne cest-à-dire qui donne le salut
et le bonheur , de la connivence avec le péché.
Jésus ne pense pas comme les pharisiens, qui soupçonnent
quun pardon sans condition vient justifier et encourager le
péché.
Puisque le regard aimant de Jésus se pose sur
Matthieu, et que ce regard permet au collecteur de voir sa vie dans
toute sa dignité, peut-être est-il plus facile de comprendre
la réponse donnée avec empressement par le pécheur
de jadis. Il est touché, bouleversé, recréé.
Son attachement à Jésus devient profond, existentiel,
fondamental et ne se résume pas à suivre un enseignement.
Comment
vit-on dans les pas de Jésus?
Bien des gens autour de Jésus nont pas
compris le signe donné dans ce repas pris avec les publicains-pécheurs.
Aujourdhui, ne serions-nous pas encore portés à
juger et à discriminer les autres, au lieu de travailler
à la réconciliation? De la table eucharistique à
la table familiale, ne sont-elles pas nombreuses les occasions déchanger,
de partager, de communier à lautre? Jésus incarne
lamour miséricordieux de Dieu. Il va de soi que les
croyants et croyantes soient, à légard de leurs
frères et surs, des témoins de cet amour miséricordieux,
offert sans condition. Au chapitre des béa-titudes, il est
dit : Heureux les miséricordieux parce quils obtiendront
miséricorde (5, 7).
La foi
d'Abraham
Romains 4, 18-25
Abraham notre père, espérant contre toute
espérance, a cru à la promesse de Dieu, et ainsi il
est devenu le père dun grand nombre de peuples, selon
la parole du Seigneur : Vois quelle descendance tu auras ! (Romains
4, 18).
Paul propose à notre méditation lhomme
qui croit et qui espère un avenir malgré les apparences
contraires. Abraham qui désire une descendance a toutes les
raisons de douter et de désespérer, compte tenu des
obstacles rencontrés. Toutefois, il croit en la promesse
de Dieu, sappuie sur la parole de Dieu, au lieu de sen
tenir aux calculs humains.
Sa grandeur réside dans cette foi totale, indéfectible,
absolue, qui est un don gratuit de Dieu. Cette foi est active, ferme
et elle le rend juste (v.
22). Cela signifie quelle létablit du côté
de la vie, par opposition à lunivers du péché
et de la mort (vv.
24-25). Tout comme pour le publicain rendu à la vie par
lappel de Jésus et la réponse donnée,
un avenir est ouvert désormais dans le temps présent,
ce temps de lespérance agissante. Cet avenir concerne
aussi lunivers et tous les humains de la planète.
Pour
en savoir plus...
Les publicains
Comment sont-ils évoqués chez Matthieu?
Lévangéliste associe ce groupe religieux aux
païens (18,
17) et aux pécheurs qui en prennent à leur aise
avec les prescriptions de la Loi : Le Fils de lhomme est
venu, qui mange et boit, et on dit : Voilà un homme glouton
et ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs! (11,
19).
Le culte et les sacrifices
Si Dieu désire lamour plutôt que
les sacrifices (Osée
6, 6), si Jésus affirme : Cest la miséricorde
que je désire, et non les sacrifices (v. 13), cela ne
signifie pas quil faille choisir lun ou lautre.
Il noppose pas les deux termes. Il indique que lintérieur
est plus important que lextérieur.
Source: Le Feuillet biblique,
no 2147. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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