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5e dimanche de Carême A - 9 mars 2008

 

 

Crois-tu cela?

Mort de Lazare et retour de Jésus en Judée : Jean 11, 1-45
Autres lectures : Isaïe 58, 7-10; Psaume 111(112); 1 Corinthiens 2, 1-5

Cette question de Jésus est au cœur du récit appelé « la résurrection de Lazare » mais qui pourrait aussi bien être connu comme « la profession de foi de Marthe ». La suite des événements paraît dépendre de sa réponse : Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu (v. 40). Jésus, certes, pouvait rappeler Lazare à la vie sans condition préalable mais cet événement ne pouvait prendre valeur de « signe » qu’aux yeux de la foi. C’est seulement ainsi qu’on peut comprendre que la maladie de Lazare ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que, par elle, le Fils de Dieu soit glorifié (v. 4).

Lazare s'est endormi (v. 11)

  L’évangéliste semble avoir voulu éliminer tout doute possible au sujet de la mort de Lazare. La fille de Jaïre venait tout juste d’expirer (cf. Mc 5, 35); le jeune homme de Naïm n’avait pas encore été enterré (cf. Lc 7, 11-17). Dans l’un et l’autre cas les sceptiques pouvaient prétendre que la mort n’était qu’apparente. Selon la croyance populaire, entérinée par les rabbins, l’âme des défunts ne s’éloignait définitivement du corps que le quatrième jour, lorsque la corruption commençait à se manifester. Le récit de Jean met en relief le fait que Lazare est bel et bien mort (cf. vv. 7. 39); l’intervention de Jésus n’en sera que plus éclatante et le signe plus indiscutable.

  Après une présentation un peu embarrassée des principaux personnages (vv. 1-2), on lit une longue introduction (vv. 3-16) qui occupe le tiers du récit total. S’y entremêlent plusieurs thèmes parallèles : lumière/ténèbres, jour/nuit, réveil/sommeil, vie/mort. En plus de faire le lien avec le signe précédent, la guérison de l’aveugle-né (ch. 9), ce développement permet d’entrevoir comment la maladie de Lazare peut être pour la gloire de Dieu (v. 4). En ramenant Lazare de la mort à la vie, Jésus va illustrer la parole qu’il avait dite après la multiplication des pains : Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et donne la vie au monde … Je suis le pain de la vie (Jn 6, 33.35). Jésus va ainsi manifester sa gloire (v. 4) de sorte que ses disciples puissent croire (cf. v. 15; voir aussi Jn 2,11) ainsi que les nombreux Juifs qui étaient venus entourer Marie (v. 45). Par ailleurs le signe accompli par Jésus sera la cause immédiate de la décision de le faire mourir (Jn 11, 45-54). Ainsi la maladie de Lazare conduit Jésus à la mort mais cette mort est la véritable porte d’entrée dans la gloire (cf. Jn 3,14; 12, 23.32 etc.).

  Cette introduction ne sert donc pas seulement à donner à Lazare le temps de mourir mais encore à expliquer d’avance le sens de l’événement en faisant appel à des images et des symboles.

Ton frère ressuscitera (v. 23)

  Dans la section suivante, le dialogue de Jésus et de Marthe (vv. 17-27), l’évangéliste reprend la même question, cette fois-ci en termes beaucoup plus explicites. Au centre de cet échange se trouve la déclaration de Jésus citée en exergue. L’affirmation solennelle de la résurrection correspond à la croyance des Pharisiens, et Marthe la partage : Je sais qu’il ressuscitera au dernier jour, à la résurrection (v. 24). La nouveauté réside dans le lien que Jésus établit entre sa propre personne et la résurrection : Moi, je suis la résurrection et la vie (v. 25). Jésus avait déjà affirmé que le Père lui avait transmis le pouvoir de ressusciter les morts : Comme le Père, en effet, ressuscite les morts et leur donne la vie, ainsi le Fils donne la vie à qui il veut (Jn 5,21 avec un vocabulaire différent de celui du chapitre 11). Il ajoute maintenant que la foi en lui est une garantie de résurrection : Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra (v. 25).

  Jésus demande à Marthe : Crois-tu cela? (v. 26), c’est-à-dire : « crois-tu que je suis la source de la résurrection et que je partage avec le Père le pouvoir de donner la vie? » Dans sa réponse Marthe semble un peu dépassée par ces affirmations théologiques très profondes; par contre, elle croit en Jésus, elle est sûre de lui, de sa mission, de sa parole; elle est prête à lui faire entièrement confiance : Oui Seigneur, tu es le messie, je le crois, tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde (v. 27). À défaut d’une profession de foi de Lazare qui est bien incapable de la faire, c’est la foi de sa sœur qui va maintenant forcer les portes de la mort.

Voyez comme il l'aimait (v. 36)

  La section suivante (vv. 28-37) permet à l’auteur de faire entrer en scène les personnages qui seront témoins du retour de Lazare à la vie. Les disciples sont disparus depuis le v. 16; à leur pla-ce on trouve, en plus de Marthe, sa sœur Marie (vv. 28-29) et des Juifs venus de Jérusalem (v. 31; déjà mentionnés au v. 19, ils ne jouent aucun rôle dans l’action à ce moment-là).

  La séquence est centrée sur l’émotion de Jésus (vv. 33.35), émotion qu’il partage avec Marie, la sœur du défunt et avec les Juifs venus la consoler (v.33). Cette scène est surprenante car Jésus, surtout dans le quatrième évangile, paraît le plus souvent hiératique et détaché par rapport aux contingences de la vie quotidienne (voir, par exemple, Jn 4, 32; en sens contraire, voir Jn 12, 27). L’évangéliste laisse paraître ici plus pleinement l’humanité de Jésus. En même temps, il ne faut pas oublier que l’amitié de Jésus n’est pas un simple attachement sentimental, elle a une valeur théologique (cf. Jn 15, 14-15). Être ami de Jésus signifie entrer dans son intimité, partager ses secrets, non seulement sur le plan humain mais aussi dans sa mission et dans sa relation avec le Père. Lazare, Marthe et Marie sont identifiés comme faisant partie de la communauté des amis (cf. v. 5).

Lazare, ici ! Dehors ! (v. 43)

  L’histoire atteint son sommet avec le commandement de Jésus exprimé en trois mots, un vocatif et deux adverbes. Avant d’arriver à cet aboutissement l’auteur a ménagé encore deux courtes séquences : l’arrivée au tombeau et son ouverture (vv. 38-40) et la prière de Jésus (vv. 41-42). La première section souligne, une fois de plus, la réalité incontestable de la mort de Lazare (v. 39). La prière de Jésus est une action de grâce. Il parle comme si le miracle avait déjà eu lieu, certain de la réponse du Père. Il reprend ainsi une pratique familière dans les Psaumes où l’action de grâce est jointe à la supplication (voir, par exemple Ps 22(21), 23-32). En même temps, Jésus donne le sens de tout l’événement : afin qu’ils croient que tu m’as envoyé (v. 42). C’est aussi le sens de tout l’évangile : Ces signes ont été mis (par écrit) afin que vous croyez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu. Et que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom (Jn 20,31).

  Après cette longue préparation, le retour à la vie de Lazare est mentionné en quelques mots. L’évangéliste tient quand même à souligner la différence entre cette réanimation et la résurrection de Jésus. Lazare sort du tombeau encore lié par les accessoires funéraires (v. 44). Son retour à la vie ne le fait pas échapper définitivement au pouvoir de la mort alors que Jésus laissera derrière lui les articles qui avaient servi à son ensevelissement (Jn 20,6-7).

  La conclusion souligne que le résultat recherché a été atteint : De nombreux Juifs crurent en lui (v. 45).

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2134. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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