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4e dimanche de Carême A - 2 mars 2008

 

 

Je suis la Lumière du monde

Jésus, la lumière du monde, donne vue à un aveugle : Jean 9, 1-41
Autres lectures : 1 Samuel 16, 1.6-7.10-13a; Psaume 22(23); Éphésiens 5, 8-14

La rencontre de Jésus permet à l’aveugle de naissance d’accéder non seulement à la guérison corporelle, mais aussi à celle du cœur : Jésus lui offre un avenir d’une profondeur inestimable et inépuisable. Tel est aussi le don que tout baptisé reçoit du Fils, celui d’être fils et fille du Père. De jour en jour, dans un cheminement persévérant, le baptisé est remodelé à l’image du Christ; le Ressuscité le recrée, l’illumine, lui ouvre un chemin au cœur des ténèbres. Devant une telle grâce reçue, il va de soi d’être reconnaissant en vivant d’une façon conséquente.

L'aveuglement de l'esprit

   Être aveugle de naissance est une lourde épreuve, mais l’aveuglement de l’esprit est un malheur plus grand. Le récit de Jean consacre peu d’espace au miracle pour mieux mettre en exergue Jésus, le donateur, et l’aveugle-né, devenu témoin du don reçu. D’autre part, l’évangéliste souligne la nuit qui enveloppe la famille, les disciples et le peuple, ainsi que les ténèbres dans lesquelles s’enfoncent les pharisiens. Des chapitres sept à dix de l’Évangile selon Jean, une division s’installe vraiment chez les gens, autour des actes et des paroles de Jésus.

  Au départ, l’évangéliste fait état de cette croyance que si l’homme est infirme, cela tient aux péchés de ses parents ou aux siens dont il aurait subi par avance le châtiment. Puis, les voisins doutent, et, lorsque les pharisiens entrent en scène, ils s’enfoncent dans les ténèbres de l’envie et du mensonge, du scepticisme et de la contradiction. Les discussions se multiplient et culminent dans une violence certaine; on fait un procès, non pas tant à l’aveugle, mais à Jésus lui-même. Jésus serait semblable à un possédé, puisqu’il ne respecte pas le sabbat et chasse le mal par le mal. L’effort des opposants va s’intensifier pour envelopper dans la nuit l’aveugle guéri.

  Voilà quel chemin de ténèbres les pharisiens empruntent avec leur prétendu savoir et leur endurcissement à ne s’en tenir qu’à leur manière de voir! Par leur refus, — le péché le plus grave est celui du refus de croire —, n’illustrent-ils pas la deuxième partie de l’affirmation de Jésus : Je suis venu en ce monde pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles? (v. 39)

Quelques notes... d'éclaircissement

  • De la boue avec la salive : Dans l’Antiquité, on croyait à la vertu curative de la salive. L’auteur biblique se réfère au récit de la création (Genèse 2, 7), où Dieu prend du limon de la terre et en modèle l’homme. Jésus remodèle l’aveugle blessé dans son être.
  • Siloé : L’étymologie du mot signifie : « envoyé ». L’eau qui guérit est associée ici directement à Jésus.
  • Le rejet de la synagogue : Le récit rend compte ici des difficultés des premières communautés chrétiennes; en fait, il s’agit du moment où les disciples de Jésus, après sa mort, ne pourront plus fréquenter le lieu de prière des Juifs.
  • Je suis venu... pour que ceux qui voient deviennent aveugles. Un bibliste traduit ainsi cette sentence : « pour que ceux qui voient prennent conscience de leur aveuglement ». L’apparition de la lumière a la possibilité de chasser une fausse lumière (on croit voir), et de constater les ténèbres qui obscurcissent le cœur.

La découverte de Jésus

  Au départ, l’aveugle ne connaît pas Jésus et ne sait pas d’où il est (v. 11). Puis, à ses proches, il leur dit que le guérisseur s’appelle Jésus. Après les objections des uns et des autres quant à l’identité de Jésus il proclame que son bienfaiteur est un prophète (v. 17). Par la suite, il affirme que Jésus est l’Envoyé de Dieu : Si cet homme-là ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire (v. 33). Plus tard, il confesse, en se prosternant devant Jésus, qu’il est le Fils de l’homme et il l’appelle Seigneur (vv. 36-38). Toutes les rencontres éprouvantes sont des moments où sa parole s’affermit, où ses témoignages se succèdent de plus en plus décisifs.

Le baptisé vit dans la lumière du Christ

  Le cheminement dans la foi, vers la lumière du Christ, vécu par l’aveugle de naissance, symbolise l’itinéraire spirituel de tout baptisé. À quelle profondeur insoupçonnée le baptisé est-il appelé! Toute sa vie de foi et de confiance d’ailleurs ne constitue-t-elle pas une initiation catéchuménale toujours à poursuivre?

 À l’origine, le don de Dieu est offert gratuitement. Tout comme Dieu, à la création, modèle le visage de l’homme, Jésus ouvre les yeux de l’aveugle à deux reprises. Cette re-création s’opère pour nous dans la grâce baptismale, opérante dans tous les moments de notre vie, qu’ils soient joyeux ou rudes et douloureux. Le Seigneur ressuscité ne cesse de nous remodeler à son image, par l’Esprit qui nous investit d’une mission de témoignage. Aujourd’hui comme hier, celui-ci se vit parfois en douceur et parfois dans l’incompréhension et le rire des sceptiques.

  La dimension éthique du baptême appelle le témoignage. L’auteur de la Lettre aux Éphésiens trace les contours de cette vie vécue dans la lumière du Christ, en invitant chacun à rechercher la bonté, la justice et la vérité (v. 9). Il dit : Autrefois, vous n’étiez que ténèbres; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière... (v. 8).

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2133. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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La source vive de Dieu