La
source vive de Dieu
L'eau vive et le culte nouveau : Jean
4, 5-42
Autres lectures : Exode
17, 3-7;
Psaume
94(95); Romains
5, 1-2.5-8
Jésus est fatigué
par la route. Il sassoit au bord du puits de son ancêtre
Jacob, assoiffé. Arrive une femme de Samarie, venue puiser
de leau. Il est midi. La lumière va se faire sur toutes
nos soifs.
Liberté
de parole
Le long entretien de Jésus avec
la Samaritaine se déroule en labsence des disciples,
partis chercher de quoi manger. Dans ce climat intime, les échanges
vont descendre jusquau plus profond niveau de sens. Suivons
le tourbillon du puits
Jésus, le premier, interpelle
la Samaritaine : Donne-moi à boire (Jean 4,
7). Cette supplication se comprend aisément. Pieds empoussiérés,
peau écorchée par le soleil, vêtements souillés
par la transpiration dun corps fatigué, Jésus
doit présenter tous les signes dun homme ayant besoin
deau fraîche. Assis au bord du puits, il na rien
pour puiser!
La femme de Samarie se dit étonnée
de cette liberté que se donne Jésus de lui adresser
la parole, alors quelle vient sans la protection dun
accompagnateur et que lui, il est Juif, ennemi juré des Samaritains.
Méfiance et indifférence.
Jésus se présente alors,
mais indirectement, sans se nommer : « Je suis un cadeau de
Dieu pour toi. Je pourrais te donner de leau qui coule »
(Jn
4, 10). Cette intervention de Jésus suscite à
la fois la curiosité et lhumour de la Samaritaine :
« Voyons, beau parleur! Tu ne mas pas lair bien
équipé pour puiser de leau. As-tu vu de quoi
tu as lair? Pour qui te prends-tu? » (Jn
4, 11-12).
Au-delà
des apparences
Jésus poursuit avec douceur et
patience : « As-tu remarqué que tu as toujours soif
un certain temps après avoir bu de cette eau-ci? Moi, je
te parle dune eau qui étanche la soif pour toujours,
puisquelle surgit dune source qui se renouvelle sans
cesse » (Jn
4, 13-14). Cest à ce moment que la femme de Samarie
rend les armes et quelle supplie à son tour Jésus
de lui donner de cette eau-là, afin de ne jamais plus avoir
à venir puiser au puits. Maintenant que les deux ont soif,
maintenant que les deux en parlent ouvertement, laissant tomber
les préjugés de leurs peuples respectifs, le véritable
échange peut commencer.
« Va, appelle ton Seigneur »
(Jn
4, 16), lui suggère Jésus. Prudence? Respect?
Clairvoyance! La Samaritaine avoue timidement ne pas avoir de Seigneur.
Jésus complète linformation manquante : elle
en a eu cinq, alors le sixième à présent nest
pas vraiment un Seigneur
La femme de Samarie reconnaît
à ce moment-ci que Jésus vient à elle envoyé
par Dieu. De quoi sagit-il? À première vue,
il paraît être question de la tumultueuse vie conjugale
de la Samaritaine. Cinq échecs et une sixième relation
insatisfaisante. Elle peut bien avoir soif de permanence, de fidélité
et de vérité, la Samaritaine! Jésus serait-il
le septième mari, la relation parfaite dont elle rêve?
Il est vrai que le puits du village était un lieu de rencontres
et de fréquentations amoureuses
Néanmoins, le dialogue au bord
du puits nous invite à aller au-delà des apparences.
Jésus ne demandait pas à boire de leau physique.
Il na dailleurs rien bu à date. La Samaritaine,
présentement en des meilleures dispositions, ne lui en a
pas offert et il ne sen est pas plaint. Jésus avait
soif de donner à boire à cette femme de Samarie. Leau
que Jésus a à lui offrir est dordre spirituel.
Cest pourquoi, il demande à la Samaritaine dappeler
son Seigneur, cest-à-dire, son dieu. Celle-ci semble
désabusée, déçue de sa religion, qui
nétanche pas sa soif dabsolu. Cest pourquoi
elle est ouverte à la Bonne nouvelle que lui annonce Jésus,
au sujet dune eau qui coule sans cesse de lintérieur.
Après avoir adoré les cinq dieux étrangers
importés en Samarie (2
Rois 17 ,24), elle est déçue de son culte sans
engagement envers Yahvé (le sixième Seigneur).
Elle met Jésus à lépreuve
en lui demandant son avis au sujet dun litige entre Juifs
et Samaritains : où devrait se trouver le Temple pour adorer
Dieu, en Samarie ou à Jérusalem? Jésus se montre
à la hauteur des attentes de la Samaritaine en dépassant
ces disputes stériles entre religions : Dieu est esprit,
et ceux qui ladorent, cest en esprit et vérité
quils doivent ladorer (Jn 4, 23), peu importe
lendroit. La Samaritaine émet le vu de voir un
jour un Envoyé de Dieu mettre tout cela au clair une fois
pour toutes. Jésus se dévoile enfin à ses yeux
comme le Messie ou le Christ, cet Envoyé tant attendu par
les Juifs et redouté par les Samaritains. La lumière
de midi vient déclairer le véritable puits de
Jacob : Jésus! Grâce à son eau vive, Juifs et
Samaritains peuvent désormais étancher leur soif de
Dieu.
L'eau
vive du rocher
Exode 17, 3-7
Tu frapperas le rocher, il en sor-tira de leau, et le peuple
boira! (Exode 17, 6)
La soif du peuple dIsraël
au désert préfigure la soif de Jésus et la
soif de la Samaritaine. Sauvés de lesclavage en Égypte,
les Israélites ont peur de mourir de soif en traversant le
désert, en route vers la terre promise. Sur lordre
de Dieu, Moïse fait jaillir leau dun rocher. Le
séjour au désert, où la Loi divine a été
révélée par lentremise de Moïse,
invite à voir dans leau du rocher plus que de leau
physique. À linstar de la Samaritaine, au désert,
Israël a été abreuvé des paroles divines,
servant à le guider vers la source de la vie. À linstar
de Jésus, Israël développe la soif dannoncer
cette source inépuisable à tous les peuples de la
terre.
L'eau
vive de l'Esprit
Romains 5, 1-2.5-8
Et lespérance ne trompe pas, puisque lamour de
Dieu a été répandu dans nos curs par
lEsprit Saint qui nous a été don-né (Romains
5, 5).
Saint Paul fonde son inébranlable
espérance sur la grâce reçue par le Christ Jésus.
Lui, le premier-né dentre les morts, a reçu
la plénitude de lEsprit Saint des mains de Dieu. Désormais
établi Seigneur des vivants et des morts, il a répandu
cet Esprit divin dans son Église, au tréfonds de chaque
baptisé. Dans nos curs il est un puits inépuisable,
qui fait jaillir la vie de Dieu gracieusement offerte aux mortels
et aux pécheurs que nous sommes. Leau vive de ce puits
mystérieux, cest lEsprit donné par le
Christ! Celui qui a soif, quil approche. Celui qui le désire,
quil boive leau de la vie, gratuitement (Apocalypse
22,17). Venez, approchons-nous du puits
voulez-vous?
Source: Le Feuillet biblique,
no 2132. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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