Le Seigneur Jésus est donné gratuitement
Joseph et la visite d'un ange : Matthieu
1, 18-24
Autres lectures : Isaïe
7, 10-16;
Psaume
23(24); Romains
1, 1-7
Le récit de lannonce faite à
Joseph a limmense mérite de nous confirmer dans la
conviction que nous avons de la gratuité de Dieu, de sa présence
au cur de lÉglise et de nos vies. Les humains
ne peuvent produire du divin. Dieu, le premier, offre ce quil
est. Mais encore faut-il laccueillir! Or, cet accueil est
aussi un don. Dieu, par son ange, au cours dun songe, illumine
le cur et lintelligence de Joseph, au moment de sa décision.
En ce dimanche, comment ne pas se réjouir que
laction de Dieu sa gloire , se manifeste dans
la misère morale dAchaz et dans la discrétion
et la réserve dun charpentier, au cur juste!
Comment ne pas être ébloui par Jésus ressuscité,
à qui Dieu confie sa présence au sein des nations!
La lecture évangélique présente
un récit denfance. Les écrits relatifs à
lenfance, propres à Matthieu et à Luc, sont
luvre de la deuxième génération
chrétienne; ils apparaissent après le kérygme,
les récits de la passion et de la résurrection du
Christ, et les ensembles évoquant les guérisons et
les miracles. Cest dire à quel point ces récits
reçoivent léclairage de lévénement
de la résurrection et sont le fruit dun approfondissement
du mystère de Jésus, par les premières communautés
et ses théologiens.
Considérons, dès maintenant, lintention
de Matthieu qui utilise à deux reprises le mot genèse
(v.
18 et 1,
1 dans le récit généalogique précédent).
Il sagit de lentrée de Jésus Christ dans
la lignée de David. Avec cette arrivée, la première
création est renouvelée merveilleusement.
Dans ce récit, on peut aussi noter que lévangéliste,
tout en la mentionnant, ne porte pas attention à la conception
virginale de Marie.
Joseph, le juste
Le projet de Joseph est de devenir époux et
père; sa fiancée est Marie, qui lui a été
accordée en mariage (v. 18). Or, Marie est enceinte.
La mention de Marie, la mère de Jésus, précède
même celle des fiançailles. Cette situation inattendue
et paradoxale pose un problème de conscience à Joseph.
A-t-il connu la tentation du soupçon? Non, lauteur
biblique ne sattarde pas à des considérations
psychologiques, il fait uvre de catéchèse, et
son instruction porte sur Jésus, en réponse vraisemblablement
à des questions dadversaires doutant de la messianité
de Jésus (Jean
6, 42).
Pour Joseph, le juste, il nest pas question dendosser
la paternité dun enfant qui est celui dun autre,
il ne peut sapproprier indûment un tel bien; et, par
ailleurs, il ne saurait humilier Marie. Cest alors le temps
de la réflexion, du discernement, le temps de découvrir
laction de lEsprit dans une situation chaotique. Le
récit évoque alors un songe où apparaît
un ange (v.
20; Genèse
16, 7-13; Exode
3, 2). Le songe, dans le langage biblique, est un moyen dont
Dieu se sert pour communiquer avec les gens qui ne connaissent pas
linspiration gratifiée aux prophètes. Par lintervention
de lange, Joseph devient bénéficiaire dune
révélation portant sur Marie (vv.
20-21).
Joseph et sa mission
Dans une démarche de foi, Joseph comprend quil
doit assumer la paternité que lEsprit lui demande de
vivre. En acceptant dobéir aux deux commandements de
lange : prendre Marie dans sa maison et donner un nom à
lenfant, Joseph entre pleinement dans le mystère du
salut dIsraël. Le nom quil donnera fera entrer
ce petit israélite dans la lignée royale de David,
doù viendra lélu messianique (Isaïe
7, 14; 9,
5; 11,
1). À lépoque, ne pas considérer
laspect social dune personne, cest quasiment lui
refuser dêtre vraiment un homme, davoir une identité.
Joseph, en ladoptant légalement, jouera donc ce rôle
denraciner Jésus dans la condition humaine, de linscrire
dans une tradition, dans une histoire sainte; lenfant sera
héritier des promesses faites aux ancêtres dans la
foi, au peuple dIsraël tout entier. Devant les docteurs
de la Loi, sadressant à Jésus, Marie parlera
ainsi : Vois, ton père et moi, nous te cherchons tout
angoissés (Luc 2, 48).
Jésus, Sauveur, vient de Dieu
Jésus vient de Dieu qui sengage dans cette
naissance humaine, mais pas simplement humaine. Lensemble
du texte pointe vers un seul sens : la gratuité absolue du
don de Dieu. On se situe ici dans un au-delà des normes humaines,
dans lordre du dépassement, de la surabondance, du
surcroît de la bienveillance de Dieu.
Lenfant est à la fois fils de Joseph
fils de David, donc Messie dIsraël , et lEmmanuel,
soit : Dieu-avec-nous (v.
23). Lange dit à Joseph de lui donner le nom de
Jésus (cest-à-dire : le Seigneur sauve), car
cest lui qui sauvera son peuple de ses péchés
(v.
21). La libération quil apportera ne sera pas dans
la sphère du politique, mais plutôt dordre spirituel.
Isaïe 7, 10-16
Dans un contexte de crise les années
736-732 , au moment où Jérusalem est menacé,
le roi Achaz fait appel aux Assyriens pour contrer les ambitions
de la Syrie et du royaume de Samarie. Par le feu, il a immolé
son fils (2
Rois 16, 3), malgré les condamnations des prophètes.
Le prophète Isaïe le conseille. De mauvaise
foi, il refuse par deux fois de demander un signe à Dieu,
sous prétexte quil ne faut pas tenter Dieu. Mais, cest
Dieu lui-même qui offre le signe. Lattitude du roi se
situe totalement à lopposé de celle de Joseph,
au cur pur, qui acquiesce en toute confiance, au message divin.
Un signe
Le Seigneur lui-même vous donnera un
signe :
Voici que la jeune femme est enceinte, elle enfantera un fils...
(Isaïe 7, 14).
Quentend la Bible par signe? Un miracle? Pas
nécessairement. Il sagit dun fait véritable
ou prochainement vérifiable quon met en relation
avec un événement futur. Le signe nest jamais
transparent en lui-même; il ne suscite pas nécessairement
ladhésion et la foi.
Le texte dIsaïe parle dune jeune
femme, vierge ou non, signe de la fidélité de Dieu.
Il sagit de lépouse du roi. Le terme hébreu
almah a été traduit, dans la Septante, par
le mot grec parthenos : vierge. Quand le prophète
emploie le mot, il ne lui donne pas un sens messianique, car ce
sens suppose la faillite de linstitution royale. Cependant,
quand les traducteurs grecs au 3e siècle avant J.C. et
lévangéliste Matthieu font une relecture dIsaïe,
ils lui confèrent une signification messianique. Matthieu
actualise le texte, linscrit dans le présent; il
lenrichit en lui donnant un sens nouveau. En Jésus
saccomplit le dessein de salut de Dieu.
Source: Le Feuillet biblique,
no 2123. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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