Pris de court?
Exhortation à la vigilance : Matthieu
24, 37-44
Autres lectures : Isaïe
2, 1-5;
Psaume
121(122); Romains
13, 11-14a
L’Église commence son année liturgique
dans l’attente du Christ. Jadis, les prophètes attendaient
l’Emmanuel, Dieu-avec-nous, dont l’absence se faisait
cruellement sentir. Aujourd’hui encore, l’Assemblée
des croyants de partout élève sa prière, dans
l’attente de la Parousie glorieuse de son Seigneur, le Christ
Ressuscité. La fête de Noël anticipe la lumière
de Pâques et nous invite à vivre dans la joie. D’ici
Noël, le beau temps de l’Avent nous prépare le
cœur à accueillir le Roi des rois.
La spirale de la routine
Veillez! Tenez-vous donc prêts! Tel est
le message qui retentit dans l’Évangile d’aujourd’hui.
La routine quotidienne a parfois un effet soporifique sur notre
conscience. Nous menons souvent des vies rangées, réglées
au quart de tour. Les exigences de productivité nous forcent
à courir, à répéter jour après
jour, semaine après semaine, des gestes précis à
des moments prévus. Notre attention et notre énergie
sont comme absorbées par ce tourbillon qui nous happe par
en avant. Notre corps s’agite, notre esprit s’étourdit,
mais notre âme crie à l’aide, puis sombre dans
un profond sommeil, submergée par les impératifs du
moment, assommée par la folie des ambitions contemporaines.
Soyons prêts!
La fête de Noël se prépare bien à
l’avance, avec soin. Les premiers à s’y mettre
sont hélas les commerçants! Lumières, décorations,
cadeaux proposés, tout apparaît presque comme par magie
au début de novembre, à peine disparues les citrouilles,
les toiles d’araignée et les sorcières d’Halloween.
Les rencontres festives des bureaux et des réseaux d’amis
s’échelonnent tout le mois de décembre. Sollicités
par tant de préparatifs fusant de toutes parts, des croyants
se réveillent la veille de Noël, le nez dans leur «
Prions », et c’est déjà la Messe de Minuit!
Quand éveillerons-nous notre âme à
Celui qui vient dans nos vies? Quand nous tournerons-nous vers l’avenir
avec confiance et sérénité? Quand relèverons-nous
la tête et quand débarquerons-nous enfin libres de
ce train d’enfer dans lequel la société de production
et de consommation nous force à voyager à toute allure?
Voici le temps favorable! C’est le moment! L’Avent
se présente à nous comme ce temps d’éveil
à la douceur de la vie qui naît, ce temps d’éveil
à la lumière qui pointe à l’horizon, ce
temps d’éveil à la joie que procure la présence
du Seigneur… Préparons-nous! Tenons-nous prêts!
Que les chants de Noël ne nous surprennent pas comme des voleurs!
Secouons notre âme de sa torpeur et jouissons de la paix qui
envahit tout Veilleur de Dieu…
Recyclage pour un temps de paix
Isaïe 2, 1-15
De leurs épées ils forgeront des socs de charrue,
et de leurs lances, des faucilles (Isaïe 2,4).
Il en va de l’Avènement du Seigneur comme
de la venue du Royaume de Dieu. C’est un vieux rêve,
millénaire, dont on ne sait pas exactement la date de son
ultime réalisation. Déjà Isaïe, bien avant
Jésus, rêvait de la fin de toutes les guerres. À
quand, la transformation des armes en instruments pour labourer
la terre et donner à manger aux affamés? La belle
vision reste inachevée… Pourquoi l’oublier ou s’endormir,
plutôt que de travailler d’arrache-pied à ce qu’elle
se réalise? Utopie? Je ne crois pas, même si les résultats
ne sont certes pas satisfaisants à ce jour. Ce verset sublime
d’Isaïe est gravé à l’entrée
du siège des Nations Unies à New York. C’est
dire que les pays signataires ont adopté – du moins
en principe – ce noble projet dont Isaïe déjà
se faisait le héraut.
Oui, la réconciliation des peuples, des langues,
des cultures et des cultes est possible, mais pour cela, il faut
s’éveiller au plan universel de Dieu. Les Religions
ont souvent alimenté le brasier des conflits mondiaux, plutôt
que de contribuer à l’éteindre. Pourtant, le
nom même de « Religion » signifie le projet de
« lier » les êtres humains entre eux, à
la Création, à Dieu! Si les Religions ne « relient
» plus les gens les uns aux autres, qui le fera? À
vrai dire, les Religions actuelles témoignent davantage de
nos divisions, de nos égoïsmes et de nos rivalités.
Tiens! On devrait les appeler les Divisions, plutôt que les
Religions.
Tout n’est pas perdu pour autant. Loin de là!
Depuis que Jean-Paul II a prié pour la paix à côté
des guides spirituels d’autres religions, Assise est devenue
pour moi « la montagne du Seigneur » vers laquelle confluent
tous les peuples afin d’y faire la paix » (Isaïe
2, 2-3). Beaucoup de chemin reste à parcourir. Les représentants
ont prié successivement, l’un après l’autre,
pas l’un avec l’autre, bien qu’en présence
l’un de l’autre. Néanmoins, un pas décisif
a été franchi. Quels autres pas sommes-nous prêts
à faire? Venez, frères et sœurs, marchons à
la lumière du Seigneur (Isaïe
2, 5).
L’heure du réveil
Romains 13, 11-14a
L’heure est venue de sortir de votre sommeil (Romains
13,11).
Saint Paul disait aux Romains que le salut était
plus près d’eux qu’au moment où ils étaient
devenus croyants. À plus forte raison, cela est vrai de nous,
deux mille ans plus tard! L’humanité avance. L’Église
aussi, mine de rien. Cela ne se fait peut-être pas assez vite
à notre goût, simples mortels qui ne vivons que quelques
décennies. Mais depuis l’aube de Pâques, la
nuit est bientôt finie, le jour est tout proche (Romains
13,12). Précisément parce que nous ne vivons que quelques
décennies et que, vraisemblablement, nous ne verrons pas
la fin de l’aventure humaine, c’est l’heure pour
nous de sortir de notre sommeil. Ouvrons grand les yeux aux merveilles
du Seigneur! Levons-nous et marchons! Participons au grand éveil
de l’humanité, dans notre temps. Vous le savez, l’Avent
commence. C’est le moment ou jamais…
Source: Le Feuillet biblique,
no 2120. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
Chronique
précédente :
Un moment crucial
|
