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Christ Roi de l'Univers C - 25 novembre 2007

 

Un moment crucial

Jésus en croix est insulté : Luc 23, 35-43
Autres lectures : 2 Samuel 5, 1-3; Psaume 121(122); Colossiens 1, 12-20

La question du « mauvais » larron crucifié à côté de Jésus est celle de bien d’entre nous, confrontés à l’impuissance. La vie nous met assez souvent dans des situations apparemment sans issue, qui ébranlent notre foi. Nous sommes alors tentés de désespérer de Dieu et nous lançons un cri du cœur qui dit tout notre mal : N’es-tu pas le Messie? Sauve-toi toi-même, et nous avec! (Luc 23,39). Non, dans le quotidien de nos existences, rien n’est moins clair que la royauté triomphante du Christ. C’est plutôt la croix qui se dresse devant nous.

     
Échec et dérision!

  Le récit de la crucifixion nous rappelle que Jésus lui-même a été confronté au cul-de-sac de l’échec et de la mort. Quoi qu’on en dise d’un point de vue spirituel, la croix signale l’arrêt définitif de la mission terrestre de Jésus, un arrêt empreint d’amertume et soumis à la dérision.

  Déshabillé devant la foule, Jésus agonise d’une mort atroce et humiliante. Un écriteau romain placé au-dessus de sa tête se moque de lui et de son peuple : Celui-ci est le roi des Juifs (Luc 23,38). Regardez ce qu’on en fait de cet aspirant à la royauté, semble indiquer avec sarcasme l’inscription. Les soldats aussi se moquent de leur victime, soulignant son impuissance : Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même! (Luc 23,37).

  Les chefs juifs responsables de sa condamnation ricanent devant lui : Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu! L’agonie impuissante de Jésus paraît donner raison à leur incrédulité. Dieu n’aurait pas laissé mourir comme ça son Élu. Celui-ci ne peut être qu’un faux. C’est maintenant évident pour tout le monde.

  L’échec de Jésus est exposé au regard de tous. Le peuple reste là à le regarder mourir (Luc 23, 35). Les curieux et les voyeurs satisfont leurs passions morbides. Accablé par la douleur et l’épuisement, Jésus ne peut tout simplement pas mourir en paix, seul devant Dieu.

  Vient alors le coup inattendu : un autre condamné s’en prend à lui! Broyé par la colère, écumant de rage impuissante, il jette son dévolu sur celui qui a failli à son rôle de Sauveur. N’es-tu pas le Messie? Sauve-toi toi-même, et nous avec! (Luc 23, 39). Change, si tu peux, la fin de cette horrible histoire!

La révélation du Règne

  Jésus ne dit rien, subissant la haine des uns et des autres. L’amour ne s’impose pas. Le « bon » larron lui donnera enfin l’occasion de se révéler comme le Roi de l’Univers. Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne, supplie-t-il (Luc 23,42). Le « bon » larron est lucide. Il sait que Jésus ne peut rien faire pour le détacher de sa croix, cloué qu’il est à la sienne. Cela ne l’empêche pas de croire en la royauté de Jésus. Seulement, le « bon » larron voit cette royauté comme un événement à venir. Selon lui, la croix n’est pas le dernier mot de Dieu. Jésus sera justifié, sa bonté sera reconnue. Ce sera un grand jour, le début d’un Règne nouveau : le Règne du Messie, l’Élu de Dieu. Même la mort de Jésus ne saura arrêter ce projet de Dieu!

  La réponse de Jésus est encore plus surprenante. Inutile d’attendre au dernier jour pour voir la victoire de Dieu. Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis (Luc 23,43). La vie resurgit ailleurs, là où les Romains, les prêtres juifs ou la foule macabre n’ont plus d’emprise. Jésus règne déjà sur ce jardin de délices auquel nous aspirons tous.

  Comprendre que Jésus est Roi précisément parce qu’il assume sa Croix, cela nous aide à voir dans nos misères quotidiennes autant de portes grand ouvertes pour rejoindre Dieu, dès à présent, dans son jardin. Les limites de notre monde n’empêchent pas Dieu de nous envahir de son amour. Le Christ en Croix, Roi de l’Univers, nous l’a ainsi révélé.

La royauté de David
2 Samuel 5, 1-3

Ils donnèrent l’onction à David (2 Samuel 5, 3).

  La royauté en Israël était conférée par une onction d’huile pure sur la tête de l’homme désigné par Dieu. Le roi était l’Élu du Seigneur, son lieutenant sur terre, chargé de veiller sur les brebis de Dieu comme un Pasteur. Le roi d’Israël devait être le défenseur des pauvres, des veuves et des orphelins. On y reconnaît les priorités du Nazaréen. Pas étonnant alors que Jésus ait été acclamé par ses disciples comme le roi d’Israël, même si les prêtres de son temps ne l’ont jamais oint. Messie en hébreu et Christ en grec veulent dire « Oint » en français. Ainsi, « Jésus Christ » est une confession de foi, une sorte de slogan des sympathisants : « À Jésus, l’onction! ».

  L’onction de Jésus est reprise sur le front de tous les baptisés, faisant de nous tous et toutes des rois et des reines à sa suite. « Chrétiens » veut dire « Oints ». Nous sommes consacrés comme Jésus à nous occuper des plus mal pris de notre monde. C’est notre mission. On l’appelle communément aussi « Pastorale », car nous sommes les bergers et les bergères que Dieu envoie aux brebis souffrantes de notre temps. Quelles ressources notre communauté chrétienne consacre-t-elle à la « Pastorale »?

Le Royaume de lumière
Colossiens 1, 12-20

Il nous a arrachés au pouvoir des ténèbres, il nous a fait entrer dans le royaume de son Fils bien-aimé (Colossiens 1,13).

  Ce bel hommage fait au Christ par l’auteur de l’Épître aux Colossiens nous rappelle que nous ne sommes pas prisonniers d’un monde insensé. Les ténèbres semblent régner autour de nous, tant la violence se déchaîne, provoquant des injustices et de la souffrance. Or, même ici-bas, l’amour sait percer cette toile d’égoïsme qui étouffe notre monde. Lorsque nous reconnaissons Jésus comme notre seul et unique Roi, nous vivons ici-même à contre-courant des ténèbres, nous laissant guider par son Esprit de générosité, de justice et de paix. Nous ouvrons alors une porte sur le Royaume et nous faisons aussi à ce Royaume une petite place sur notre planète. La terre et les cieux ont été réconciliés par le Christ Roi, offrant son sang sur la Croix. Depuis cet événement aux répercussions cosmiques, tout subsiste en lui (Colossiens 1,17). En dépit des ténèbres qui passent, le Royaume de lumière brille déjà.

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2119. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Les temps sont durs!