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33e dimanche ordinaire C - 18 novembre 2007

 

Les temps sont durs!

Annonce de la destruction du Temple : Luc 21, 5-19
Autres lectures : Malachie 3, 19-20a; Psaume 97(98); 2 Thessaloniciens 3, 7-12

La littérature et le cinéma ont rendu populaire le genre « catastrophe » identifié souvent à l’apocalypse. Les spécialistes de ce courant littéraire bien spécial appelé apocalyptique ne sont évidemment pas d’accord avec cette assimilation. Il faut pourtant reconnaître que le Nouveau Testament, et pas seulement le livre de l’Apocalypse, contient certains passages au ton plutôt menaçant qui laissent les lecteurs perplexes et inconfortables.

     Ces discours de Jésus, transmis sous des formes un peu différentes dans les trois évangiles synoptiques, mêlent le thème de la fin de l’histoire et de l’avènement du Royaume avec des allusions plus ou moins explicites à la prise de Jérusalem par les Romains en 70, suivie de la destruction du Temple. Au moment où Luc met la dernière main à son évangile, sans doute durant les années 80, ces événements appartiennent à un passé récent et sont encore présents dans les mémoires. Par ailleurs, d’autres sujets de préoccupation sont apparus pour la communauté chrétienne. L’hostilité de la communauté juive n’a cessé de croître depuis le désastre de la Première Révolte; du côté romain, l’empereur Domitien s’oppose aux chrétiens comme aux Juifs parce que les uns et les autres refusent de lui rendre un culte comme à un dieu. Tout cela se reflète dans la composition du discours. Il ne s’agit pas d’un enseignement intemporel mais d’une prise de parole ajustée aux besoins des destinataires. Bien entendu, cela ne signifie pas que ces textes n’ont plus de valeur aujourd’hui. Les chrétiens et les chrétiennes de tous les temps sont confrontés à des crises et à des situations qui paraissent sans issue. À travers les images parfois surprenantes de ces discours, l’Église est toujours invitée à trouver courage et espérance.

Certains parlaient du temple... (v. 5).

     La scène se passe dans l’enceinte du temple (cf. Luc 20, 1). Le groupe réuni autour de Jésus comprend sans doute ses disciples mais aussi des auditeurs anonymes, résidants de Jérusalem ou visiteurs occasionnels. On pourrait même penser, en lisant le verset 5, que certains voyaient le temple pour la première fois.

     En annonçant la destruction du sanctuaire Jésus prend le relais des anciens prophètes, surtout de Jérémie. Selon ce prophète, l’infidélité chronique du peuple élu à l’Alliance force Dieu à abandonner la demeure qu’il s’était choisie; le bâtiment devenu inutile est livré aux ennemis pour être détruit (Jérémie 7, 1-15; 26, 1-6). Jérémie fut arrêté pour ces propos (Jr 26, 7-19); un autre prophète fut mis à mort pour le même motif (Jr 26, 20-24). On sait que, lors du procès de Jésus, la principale accusation formulée contre lui concernait des propos qu’il aurait tenus contre le temple (Marc 14, 58). Le même grief revient lors de l’arrestation d’Étienne (Actes 6, 13-14). L’affaire est donc sérieuse. S’en prendre au temple remet en cause toute la conception des relations entre Dieu et Israël. Et puisque Israël n’existe que comme peuple de Dieu, partenaire de l’Alliance, son existence elle-même semble compromise. Jésus ouvre ainsi la porte à une nouvelle Alliance, une relation de Dieu avec l’humanité établie sur des bases différentes.

     La réaction des auditeurs paraît plutôt sereine. Ils ne s’indignent pas à l’idée de la destruction du temple; ils ne demandent pas « pourquoi? » mais seulement : Quand cela arrivera-t-il? et : quel sera le signe que cela va se réaliser? (v. 7). Jésus ne répond pas à la première question et sa réponse à la deuxième est, comme souvent, déconcertante.

     Les versets 8 et 9 se réfèrent à des circonstances historiques qui paraissent précises. Le premier siècle de notre ère a vu surgir quantité de pseudo-prophètes et de messies auto proclamés (cf. Ac 5, 35-37). Le phénomène s’est reproduit régulièrement au cours de l’histoire, spécialement durant les périodes troublées. Jésus met en garde ses disciples contre la tentation de suivre l’un ou l’autre de ces agitateurs. Par ailleurs, quelle époque n’a pas connu son lot de guerres et de soulèvements (cf. v. 9)? Les indications données par Jésus ne peuvent donc pas s’appliquer à une période déterminée; elles sont vraies à toutes les époques.

     La deuxième partie de la réponse (vv. 10-11) reprend des images classiques du répertoire des prophètes concernant les derniers temps (voir, par exemple : Isaïe 19, 2; Ézéchiel 38, 18.22 etc …). La perspective a changé. Il ne s’agit plus seulement de la disparition du temple comme édifice mais de la fin d’un monde ancien qui sera remplacé par un nouveau. À travers tous ces bouleversements, le message essentiel demeure le même : Ne vous effrayez pas (v. 9).

Ce sera l’occasion de rendre témoignage (v. 13).

     La deuxième partie du discours revient à l’actualité des communautés chrétiennes de Luc, les persécutions (vv. 12-19). On a remarqué depuis longtemps que la liste des instances judiciaires du verset 12 correspond aux déboires de Paul lors de son arrestation à Jérusalem et de sa captivité à Césarée (Ac 21, 27 – 26, 32). Devant ses accusateurs, Paul a toujours su se défendre avec courage et profiter de l’occasion pour annoncer l’Évangile, exactement comme Jésus l’avait promis : moi-même, je vous inspirerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront opposer ni résistance ni contradiction (v. 15).

     Jésus ne veut pas entretenir l’illusion que le Royaume de Dieu serait déjà réalisé et donc que les disciples n’auraient plus d’obstacles à affronter. Bien au contraire, la fidélité à l’Évangile suscitera l’hostilité même des proches et des membres de la famille (v. 16; cf. aussi Lc 14, 26-27), mais c’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie (v. 19).

     Cette conclusion est destinée d’abord à soutenir le courage des chrétiens persécutés. Elle peut aussi trouver son application dans toutes les épreuves auxquelles les chrétiens sont confrontés tout au long de l’histoire, jusqu’à ce que vienne la fin, c’est-à-dire jusqu’à ce que le Royaume soit parfaitement réalisé.

Voici que vient le jour du Seigneur
(Malachie 3, 19-20a)

    Le jour du Seigneur n’est pas un concept facile à définir. Dans le langage des prophètes il représente le moment où Dieu interviendra pour établir son Règne et restaurer la création dans sa splendeur première. Ce moment se situe-t-il dans l’histoire ou au-delà de l’histoire? Dieu va-t-il intervenir par lui-même ou par un envoyé, un messie? Tout cela n’est pas toujours clair. Les images qui y sont associées font souvent référence à des phénomènes cosmiques, toute la nature est associée à cette grande transformation. Les infidèles seront jugés et les justes libérés de tous leurs oppresseurs.

    Il est clair que ce langage a inspiré Jésus et les auteurs du Nouveau Testament dans leur manière de présenter la venue du Règne de Dieu. Le message est toujours le même : prenez courage le soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement (Ml 3,20).

Travaillez dans le calme
(2 Thessaloniciens 3, 7-12)

    Les chrétiens de la première génération attendaient la venue du jour du Seigneur dans un délai très bref (voir 1 Thessaloniciens 4, 15). Certains prenaient prétexte de cette attente pour ne plus travailler et vivre aux dépens de la communauté (cf. v. 11). Paul proteste contre cette pratique et se donne lui-même en exemple (vv. 7-9). La persévérance qui donne la vie (cf. Lc 21, 19) n’est pas seulement un sentiment mais une pratique : travailler à chaque jour pour gagner sa nourriture et aussi pour contribuer à changer le monde et le préparer à accueillir le Royaume.

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2118. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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