INTERBIBLE
Au son de la cithare
célébrer la paroleintuitionspsaumespsaumespsaumes
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Célébrer la Parole

 

orant
Imprimer

Dimanche de la Trinité - 3 juin 2007

 

Pour la suite des choses

Le départ de Jésus et la venue du Défenseur : Jean 16, 12-15
Autres lectures : Proverbes 8, 22-31; Psaume 8(9) ; Romains 5, 1-5

La Sainte Trinité... À la fois formidable richesse théologique... et pomme de discorde au plan du dialogue œcuménique et interreligieux. Heureusement, la solennité de ce dimanche n’a pas pour but d’expliquer le mystère ou de convaincre qui que ce soit, mais simplement d’inviter les fidèles à célébrer. À plonger dans une réalité et à la contempler, sans prétendre tout en saisir. Un peu comme on se plaît à admirer le tableau d’un maître pour le simple plaisir, sans chercher à savoir comment il s’y est pris pour réussir un tel chef-d’œuvre. Ou bien comme on s’attendrit devant un nouveau-né, sans tout connaître de ses origines et de sa destinée. Le texte de l’évangéliste Jean ne fournit d’ailleurs pas d’explication structuré sur la Trinité. Ce passage a été retenu parce qu’il articule subtilement les relations entre les trois composantes d’une même réalité : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il offre un éclairage privilégié sur le mystère, qui permet de l’apprécier, de le goûter un peu mieux, sans l’épuiser, bien entendu.

     
Pour la suite des choses

  Le passage se situe en plein discours d’adieu de Jésus à son dernier repas. Il se présente, pourrait-on dire, comme son testament spirituel. Rédigé plusieurs années après la mort et la résurrection du Christ, le texte ne consiste pas en une transcription exacte des paroles de Jésus à la veille de sa Passion. Il reflète plutôt le résultat d’une réflexion déjà étoffée de théologiens chrétiens. Ceux-ci reviennent sur les événements de la vie, de la mort et de la résurrection du Christ et cherchent à y donner du sens. Une préoccupation apparaît en arrière-scène : le défi de la continuité. Les premiers destinataires de ces lignes n’ont pas connu Jésus. Ils doivent faire confiance à un témoignage lui-même indirect. Est-ce que cela suffit? Oui, dans la mesure où ce témoignage n’apparaît pas comme l’initiative personnelle de tel ou tel individu. D’où l’importance de mettre en scène un guide incontestable : l’Esprit, donné par Jésus lui-même et qui vient du Père. Grâce à l’Esprit, la révélation transmise par le Seigneur va se poursuivre et se déployer. L’Esprit n’apportera rien de nouveau en soi : le Christ a déjà tout donné. Mais il permettra à ceux qui s’en laissent éclairer de mieux comprendre, de saisir toujours davantage la Bonne Nouvelle. Non pas seulement pour une connaissance de type théorique mais aussi et surtout afin que l’Évangile s’incarne dans la vie des disciples.

Défenseur et interprète

  Jésus, selon l’Évangile de Jean, attribue un double rôle à l’Esprit. Celui-ci est d’abord un défenseur auprès des disciples. Cet aspect n’apparaît pas dans l’extrait de ce dimanche; il est mentionné plus tôt dans le discours (15, 26; 16, 8-11). Le passage lu aujourd’hui présente l’autre rôle, celui d’interprète et d’enseignant. En d’autres termes, l’Esprit va occuper exactement les mêmes fonctions que Jésus du temps de son passage sur terre. Le Christ a pris la défense de ceux qui en avaient le plus besoin : les infirmes, les possédés, les malades, les pauvres, les impurs et autres éprouvés de la vie. Il a aussi enseigné abondamment, offrant une parole de vérité sur son Père et sur le Royaume. L’homme Jésus, de Nazareth en Galilée, appartient au passé. Le Christ vivant appartient au présent et à l’avenir. Il agit dans le même sens que l’homme de chair et de sang, mais grâce à un autre moyen : l’Esprit Saint. Par lui, ce que Jésus a dit et fait autrefois devient ce que le Christ dit et fait ici et maintenant.

  J’aurais beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous n’avez pas la force de les porter (v. 12). Il est vrai que les disciples à ce moment-là n’étaient pas en mesure de saisir tout ce que Jésus leur disait et avait encore à leur dire. Sa mort et sa résurrection se sont avérées d’inestimables clés de lecture. Mais les disciples sont-ils parvenus pour autant à la vérité toute entière (v. 13)? Et aujourd’hui, qu’en est-il? Bien sûr, au fil de vingt siècles de prière, d’étude, de méditation et de réflexion, la foi chrétienne a évolué. Mais la même question se pose pour nous : sommes-nous parvenus à la vérité tout entière? Ce serait prétentieux... de le prétendre! C’est dire que le travail de l’Esprit est une œuvre incessante et toujours nécessaire. D’ailleurs, les mots de l’évangile sont bien choisis. Jésus dit : l’Esprit [...] vous guidera vers la vérité tout entière (je souligne) et non vous [..] guidera jusqu’à la vérité... Autrement dit, il montre le chemin, il précède, il donne la direction vers la vérité. Nous ne sommes pas encore à l’heure de la pleine lumière...

La Sagesse auprès de Dieu
Sagesse 8, 22-31

Le Seigneur m’a fait pour lui au commencement de son action, avant ses œuvres les plus anciennes (...). J’étais à ses côtés comme un maître d’œuvre. J’y trouvais mes délices jour après jour, jouant devant lui à tout instant, jouant sur toute la terre, et trouvant mes délices avec les fils des hommes (Pr 8, 22.30-31).

  La première lecture offre, en quelque sorte, un avant-goût de ce que sera l’Esprit Saint dans la théologie chrétienne. La Sagesse, décrite sous des traits humains, est présente au-près de Dieu au moment de la création du monde. Elle agit pour lui, comme un maître d’œuvre (Proverbes 8, 30) et intervient dans le monde, trouvant ses délices avec les fils des hommes (v. 31). Il faut cependant manier avec prudence un tel rapprochement et éviter de faire de la Sagesse une autre représentation de l’Esprit. Contentons-nous plutôt de constater jusqu’à quel point certaines intuitions ou figures de l’Ancien Testament ont préparé le terrain pour le développement de la pensée chrétienne.

Grâce et amour
Romains 5, 1-5

L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné (Rm 5, 5).

  Quant à la deuxième lecture, contrairement à l’habitude, elle est en lien direct avec l’évangile, de par la mention de l’Esprit Saint. Ce passage a été choisi spécifiquement pour la solennité de ce dimanche à cause de ses accents trinitaires. Comme le texte de Jean, celui de Paul montre que Dieu est à l’origine de tout, le Christ et l’Esprit étant les véhicules de son action. Ainsi, le Seigneur Jésus Christ [...] nous a donné [...] l’accès au monde de la grâce (Romains 5, 2) et par l’Esprit Saint, l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs (v. 5). Alors que Jean attribue à l’Esprit un rôle de défenseur et d’interprète, Paul met l’accent sur une autre facette de son action : combler les fidèles de l’amour qui vient de Dieu.

 

Jean Grou

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2103. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
Le don de Dieu