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Dimanche de la Pentecôte C - 27 mai 2007

 

Le don de Dieu

Le Paraclet, Jésus et le Père viendront vers qui aiment Jésus : Jean 14, 15-16.23b-26
Autres lectures : Actes 2, 1-11 ; Psaume 103(104) ; Romains 8, 8-17

Quoi de plus flou que le concept d’« esprit »? La réalité que le mot désigne se dérobe à nos cinq sens et s’oppose même à l’évidence de la matière. Ajoutez le qualificatif « de vérité » et vous avez une arme redoutable entre les mains. Posséder « l’Esprit de vérité », n’est-ce pas prétexte suffisant pour déclencher les hostilités?

L'Esprit de vérité

     Le Christ qui part vers le Père promet à ses disciples de leur envoyer un autre « Défenseur » pour le remplacer à leurs côtés. Laissés par le maître, les disciples ont besoin d’aide pour voir clair, pour comprendre, pour se défendre par la parole. Jésus leur promet un maître intérieur. Ce maître immatériel n’est pas n’importe quelle inspiration passagère : il s’agit bel et bien de
l’« Esprit de vérité ».

     Cet hôte intérieur est « Saint », car il vient de Dieu. Seul Dieu connaît la vérité. Mais, avoir Dieu au-dedans de soi, n’est-ce pas justement tentation suffisante pour se comporter en « dieu » devant ses semblables et leur dire quoi penser, quoi faire, quoi croire? S’agit-il d’un cadeau empoisonné, puisqu’en fin de compte, il risque de semer la discorde entre les humains?

     L’Esprit de vérité est comme une rose garnie d’épines, que nous a léguée le Christ avant sa passion. C’est un magnifique cadeau, fragile, d’une beauté saisissante, mais qui risque de nous blesser ou de blesser autrui si nous ne savons pas le manier avec la délicatesse requise. Pour lui faire dûment honneur, contemplons-le avant d’y toucher.

Un maître ès Évangile

     L’Esprit de vérité enseignera tout aux disciples, c’est-à-dire tout ce que Jésus leur a dit (Jean 14,26). Ce n’est pas la science infuse, ni le pouvoir de tout saisir à propos de tout ce qui existe dans l’univers… depuis les mystères de la vie jusqu’aux origines du cosmos, en passant par la nature des êtres et des relations interpersonnelles! L’Église s’abuse lorsqu’elle croit détenir la réponse à toutes les questions que les humains se posent. Il ne lui a été donné que de se souvenir des paroles de Jésus.

     Ce privilège de mémoire et d’intelligence par rapport au message évangélique, les disciples le reçoivent ensemble. Personne, même intime de Jésus, ne détient exclusivement la vérité sur Jésus. La tradition a eu la sagesse de retenir quatre évangiles qui diffèrent et se complètent. L’Esprit de vérité parle à voix multiples. C’est pourquoi il est capital de prêter l’oreille à toutes les voix qui se font entendre au sein de l’Église. L’unanimité, surtout quand on la veut uniformisée ou standardisée, n’est ni requise ni souhaitable. La communion se réalise davantage par l’écoute et la solidarité.

     L’évangéliste affirme par ailleurs avec insistance que la condition indispensable à la réception de l’Esprit de vérité, c’est d’aimer Jésus, de garder ses commandements, de rester fidèle à sa parole. La pratique de la charité précède tout privilège de témoignage ou d’enseignement au nom de Jésus. L’Évangile ne peut prendre racine que dans une vie évangélique…

     À bien y penser, finalement, il n’y a pas de quoi partir en guerre! Personne ne détient l’Esprit de vérité. Ceux et celles qui en sont habités, par contre, sont trop occupés à répandre l’amour du Christ pour mener quelque croisade que ce soit. Là, il faut l’avouer, Dieu a fait preuve de beaucoup d’esprit!

Un peuple de prophètes
Actes 2, 1-11

Alors ils furent tous remplis de l’Esprit Saint.

     Dans l’Ancien Testament, le don de l’Esprit de Dieu est un privilège fugace, octroyé à quelques individus pour mener à bien des missions assez précises. Les prophètes aspirent à ce que ce don se répande plus largement sur l’ensemble du peuple. Israël deviendrait alors un peuple prophétique, annonçant Dieu parmi les nations. Saint Luc, auteur des Actes des Apôtres, voit cette vocation réalisée dans l’Église de Jésus. Dispersés dans tout le bassin méditerranéen, les disciples du Christ ressuscité proclament la bonne nouvelle du salut à toutes les ethnies présentes et dans toutes les langues connues. Cela ne peut être que l’œuvre de l’Esprit Saint, enfin répandu sur la multitude des fidèles. Ce n’est surtout pas le privilège d’une élite, ministérielle, sacerdotale, masculine ou autre…

La dignité de filles et de fils de Dieu
Romains 8, 8-17

Tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu.

     Saint Paul associe la dignité d’être enfants de Dieu à la réception de l’Esprit Saint. Puisque le Fils de Dieu jouissait de l’Esprit de Dieu, nous pouvons tout aussi bien parler de l’Esprit du Christ. Et si c’est le même Esprit qui nous anime, nous sommes alors des fils et des filles de Dieu, comme Jésus. Encore faut-il avoir la docilité de se laisser conduire par cet Esprit, qui n’a pas épargné la croix à Jésus et qui ne nous rendra pas la vie plus facile non plus. Car l’Esprit Saint, l’Esprit de Dieu, l’Esprit du Christ, l’Esprit de vérité, brûle d’un zèle inégalé pour la justice, zèle qui nous pousse à prendre la défense des plus mal pris dans la société, comme Jésus, au risque de mettre en jeu notre confort et parfois même notre sécurité. C’est précisément ce à quoi nous reconnaissons l’Esprit du Christ ressuscité. La justice est un fruit de la Pentecôte.

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2102. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Croire et nous laisser transformer