Christ
est ressuscité!
Le tombeau vide Jean
20, 1-9
Autres lectures : Actes
10, 34a.37-43; 117(118);
Colossiens
3, 1-4
Aujourd'hui, c'est le grand jour! Nous fêtons le cur
de notre foi : Christ est ressuscité. Saint Paul a bien raison
de dire que si le Christ n'était pas ressuscité, vaine
serait notre foi (1
Corinthiens 15,17). La vie de tout chrétien et
de toute chrétienne s'abreuve à même cette source
d'espérance intarissable : la croix de Jésus de Nazareth
n'est pas le dernier mot de Dieu sur notre sort. Malgré l'échec,
parfois humainement insurmontable, en dépit de l'improbable
et de l'insondable, au travers de la mort même, Dieu nous
attend. Une vie débordante de possibilités s'insinue
derrière le grain de blé tombé en terre (Jean
12,24). Seulement, il faut avoir les yeux divins pour débusquer
cette vie mystérieuse, au-delà de la mort. Ou bien,
il faut s'en remettre à la grâce de Dieu pour réussir
à en être témoins.
De la rencontre au témoignage
Oui, disons-le d'emblée : Nous sommes
tous et toutes appelés à être des témoins
de la résurrection du Christ. C'est le sens de notre baptême,
c'est l'objet de notre onction sacrée, c'est la raison même
pour laquelle Dieu nous fait cadeau de son Esprit (Actes
1,8). Nous ne sommes pas seulement les heureux héritiers
du précieux dépôt de la foi, des mains des apôtres.
Nous sommes aussi ceux et celles ayant rencontré le Christ
Vivant grâce à eux. Et si nous l'avons rencontré,
dans nos vies, nous pouvons et nous devons en témoigner.
Mais, justement, l'avons-nous rencontré?
Comment faire l'expérience de l'invisible et comment partager,
par la suite, l'indicible? Il ne suffit pas de faire confiance,
aveuglément, à ce qu'on nous dit au sujet de Jésus.
Dieu veut que nous soyons des témoins forts, convaincus,
et capables de rendre compte de l'espérance qui nous habite
(1
Pierre 3,15). Il nous faut non seulement pouvoir rapporter
ce qu'on nous a inculqué; il importe aussi de faire notre
propre expérience de la vie du Christ dans nos vies. Et cette
expérience passe par la guérison et l'ouverture de
nos yeux, fermés par la douleur et le désespoir. En
ce sens, «voir» le Ressuscité dans nos vies est
une grâce que nous pouvons demander dans la prière.
Une foi en quête d'intelligence
En effet, contrairement à l'idée
courante que la foi implique la cécité ou la confiance
absolue, le récit du tombeau vide nous rappelle que les apôtres
ont « vu » quelque chose qui a déclenché
en eux l'engagement de la foi. Simon-Pierre et l'autre disciple,
alertés par Marie-Madeleine, se rendent au tombeau et ils
constatent qu'il est vide. Ce simple fait est une énigme
qui pose question et qui sollicite leur esprit, en quête d'intelligence.
Le fait du tombeau vide reste dépourvu d'explication absolue;
plusieurs interprétations sont possibles. Marie-Madeleine
désespère à l'idée qu'on ait volé
le cadavre de Jésus, en constatant que la pierre a été
enlevée du tombeau. Simon-Pierre lui-même semble rester
perplexe devant la présence du linceul et du linge qui avait
recouvert la tête de Jésus. Il revient à l'autre
disciple, arrivé le premier, de voir pour lui-même
ce que d'autres ont vu avant lui, et de parvenir le premier à
un acte de foi en la bienveillance de Dieu à l'égard
de Jésus. Face aux mêmes faits et devant les mêmes
questions, l'autre disciple touche au but de la course humaine vers
le tombeau vide : Il vit et il crut (Jean 20,8).
L'évangéliste laisse
anonyme cet autre disciple, et c'est un choix narratif réfléchi.
Nous, lecteurs et lectrices de son récit, nous sommes tous
et toutes invités à prendre la place de ce mystérieux
disciple dans le récit. Nous entendons des autres la nouvelle
de la disparition de Jésus du tombeau. Nous sommes confrontés
aux doutes et aux interprétations de toutes sortes des gens
qui nous entourent. Nous courons de toutes nos forces pour faire
notre propre expérience et tirer nos propres conclusions.
Il n'y a pas de réponse claire au bout de la course. Aucun
détail décisif ne saurait trancher le débat
une fois pour toutes. Néanmoins, le fait d'y aller nous-mêmes
nous permet de vivre notre vie, pas seulement celle des autres,
fondée sur leurs dires. Et qui sait? Face à face avec
le tombeau, debout devant linge et linceul, peut-être laisserons-nous
entrer dans notre cur la grâce d'une lumière
inespérée, le temps d'un éclair. Alors nos
yeux pourraient s'ouvrir et percevoir aussi la bienveillance de
Dieu à notre égard. Nous saurions dès lors
comment dire, devant quiconque : «Nous avons vu et nous avons
cru». En ce jour de Pâques, voilà une grâce
que je nous souhaite en abondance. Notre monde a grand besoin de
vivre l'espérance : le Christ nous envoie la répandre.
Une foi à partager
Actes 10, 34a.37-43
Le récit du livre des Actes
met en scène le témoignage de Simon-Pierre devant
la maisonnée d'un centurion romain du nom de Corneille. Ce
dernier est un païen pieux, craignant Dieu et respectant le
peuple juif. Inspiré par Dieu, Corneille envoie quérir
Pierre pour l'entendre. La spiritualité et l'ouverture de
Corneille, le soldat romain, interpelle Pierre, l'apôtre juif.
Contre les tabous de son entourage, contre les normes de sa propre
religion, Pierre traverse la frontière mentale qui le sépare
de Corneille et consent à lui partager le cur de sa
foi. Par la suite, l'Esprit fond sur Corneille et sa maisonnée
et Pierre les accueille dans la communauté chrétienne
au moyen du baptême.
Ce récit nous rappelle que
notre mission de témoigner de la vie du Christ ne connaît
pas de frontière. Dieu nous interpelle à être
libres, courageux, et à user de discernement dans notre partage
de la Bonne Nouvelle. Les oreilles bien disposées ne sont
pas toujours là où nous nous attendons naturellement
à les trouver... Même les gens les plus étranges
pour nous sont appelés par Dieu à notre insu!
Vivre en communion avec le Ressuscité
Colossiens 3, 1-4
Ce texte de la Lettre aux Colossiens
nous exhorte à vivre en communion spirituelle avec le Christ
Ressuscité. Si le cur de la foi chrétienne est
la résurrection de Jésus, le cur de la vie chrétienne
est d'épouser la vie du Fils de Dieu jusqu'à son dénouement
ultime. De cette communion intime dépend la spiritualité
chrétienne. Nos propres souffrances et notre mort ne sont
plus sans issue, puisqu'elles sont assumées et vaincues par
le Christ Vivant en nous.
Rodolfo Felices Luna, bibliste
Iles-de-la-Madeleine
Source: Le Feuillet biblique,
no 2053. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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