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Dimanche de la Résurrection B - 16 avril 2006
 

Christ est ressuscité!

Le tombeau vide Jean 20, 1-9
Autres lectures : Actes 10, 34a.37-43; 117(118); Colossiens 3, 1-4


Aujourd'hui, c'est le grand jour! Nous fêtons le cœur de notre foi : Christ est ressuscité. Saint Paul a bien raison de dire que si le Christ n'était pas ressuscité, vaine serait notre foi (1 Corinthiens 15,17). La vie de tout chrétien et de toute chrétienne s'abreuve à même cette source d'espérance intarissable : la croix de Jésus de Nazareth n'est pas le dernier mot de Dieu sur notre sort. Malgré l'échec, parfois humainement insurmontable, en dépit de l'improbable et de l'insondable, au travers de la mort même, Dieu nous attend. Une vie débordante de possibilités s'insinue derrière le grain de blé tombé en terre (Jean 12,24). Seulement, il faut avoir les yeux divins pour débusquer cette vie mystérieuse, au-delà de la mort. Ou bien, il faut s'en remettre à la grâce de Dieu pour réussir à en être témoins.

De la rencontre au témoignage
    Oui, disons-le d'emblée : Nous sommes tous et toutes appelés à être des témoins de la résurrection du Christ. C'est le sens de notre baptême, c'est l'objet de notre onction sacrée, c'est la raison même pour laquelle Dieu nous fait cadeau de son Esprit (Actes 1,8). Nous ne sommes pas seulement les heureux héritiers du précieux dépôt de la foi, des mains des apôtres. Nous sommes aussi ceux et celles ayant rencontré le Christ Vivant grâce à eux. Et si nous l'avons rencontré, dans nos vies, nous pouvons et nous devons en témoigner.

     Mais, justement, l'avons-nous rencontré? Comment faire l'expérience de l'invisible et comment partager, par la suite, l'indicible? Il ne suffit pas de faire confiance, aveuglément, à ce qu'on nous dit au sujet de Jésus. Dieu veut que nous soyons des témoins forts, convaincus, et capables de rendre compte de l'espérance qui nous habite (1 Pierre 3,15). Il nous faut non seulement pouvoir rapporter ce qu'on nous a inculqué; il importe aussi de faire notre propre expérience de la vie du Christ dans nos vies. Et cette expérience passe par la guérison et l'ouverture de nos yeux, fermés par la douleur et le désespoir. En ce sens, «voir» le Ressuscité dans nos vies est une grâce que nous pouvons demander dans la prière.

Une foi en quête d'intelligence
     En effet, contrairement à l'idée courante que la foi implique la cécité ou la confiance absolue, le récit du tombeau vide nous rappelle que les apôtres ont « vu » quelque chose qui a déclenché en eux l'engagement de la foi. Simon-Pierre et l'autre disciple, alertés par Marie-Madeleine, se rendent au tombeau et ils constatent qu'il est vide. Ce simple fait est une énigme qui pose question et qui sollicite leur esprit, en quête d'intelligence. Le fait du tombeau vide reste dépourvu d'explication absolue; plusieurs interprétations sont possibles. Marie-Madeleine désespère à l'idée qu'on ait volé le cadavre de Jésus, en constatant que la pierre a été enlevée du tombeau. Simon-Pierre lui-même semble rester perplexe devant la présence du linceul et du linge qui avait recouvert la tête de Jésus. Il revient à l'autre disciple, arrivé le premier, de voir pour lui-même ce que d'autres ont vu avant lui, et de parvenir le premier à un acte de foi en la bienveillance de Dieu à l'égard de Jésus. Face aux mêmes faits et devant les mêmes questions, l'autre disciple touche au but de la course humaine vers le tombeau vide : Il vit et il crut (Jean 20,8).

     L'évangéliste laisse anonyme cet autre disciple, et c'est un choix narratif réfléchi. Nous, lecteurs et lectrices de son récit, nous sommes tous et toutes invités à prendre la place de ce mystérieux disciple dans le récit. Nous entendons des autres la nouvelle de la disparition de Jésus du tombeau. Nous sommes confrontés aux doutes et aux interprétations de toutes sortes des gens qui nous entourent. Nous courons de toutes nos forces pour faire notre propre expérience et tirer nos propres conclusions. Il n'y a pas de réponse claire au bout de la course. Aucun détail décisif ne saurait trancher le débat une fois pour toutes. Néanmoins, le fait d'y aller nous-mêmes nous permet de vivre notre vie, pas seulement celle des autres, fondée sur leurs dires. Et qui sait? Face à face avec le tombeau, debout devant linge et linceul, peut-être laisserons-nous entrer dans notre cœur la grâce d'une lumière inespérée, le temps d'un éclair. Alors nos yeux pourraient s'ouvrir et percevoir aussi la bienveillance de Dieu à notre égard. Nous saurions dès lors comment dire, devant quiconque : «Nous avons vu et nous avons cru». En ce jour de Pâques, voilà une grâce que je nous souhaite en abondance. Notre monde a grand besoin de vivre l'espérance : le Christ nous envoie la répandre.

Une foi à partager
Actes 10, 34a.37-43

     Le récit du livre des Actes met en scène le témoignage de Simon-Pierre devant la maisonnée d'un centurion romain du nom de Corneille. Ce dernier est un païen pieux, craignant Dieu et respectant le peuple juif. Inspiré par Dieu, Corneille envoie quérir Pierre pour l'entendre. La spiritualité et l'ouverture de Corneille, le soldat romain, interpelle Pierre, l'apôtre juif. Contre les tabous de son entourage, contre les normes de sa propre religion, Pierre traverse la frontière mentale qui le sépare de Corneille et consent à lui partager le cœur de sa foi. Par la suite, l'Esprit fond sur Corneille et sa maisonnée et Pierre les accueille dans la communauté chrétienne au moyen du baptême.

     Ce récit nous rappelle que notre mission de témoigner de la vie du Christ ne connaît pas de frontière. Dieu nous interpelle à être libres, courageux, et à user de discernement dans notre partage de la Bonne Nouvelle. Les oreilles bien disposées ne sont pas toujours là où nous nous attendons naturellement à les trouver... Même les gens les plus étranges pour nous sont appelés par Dieu à notre insu!

Vivre en communion avec le Ressuscité
Colossiens 3, 1-4

     Ce texte de la Lettre aux Colossiens nous exhorte à vivre en communion spirituelle avec le Christ Ressuscité. Si le cœur de la foi chrétienne est la résurrection de Jésus, le cœur de la vie chrétienne est d'épouser la vie du Fils de Dieu jusqu'à son dénouement ultime. De cette communion intime dépend la spiritualité chrétienne. Nos propres souffrances et notre mort ne sont plus sans issue, puisqu'elles sont assumées et vaincues par le Christ Vivant en nous.

Rodolfo Felices Luna, bibliste
Iles-de-la-Madeleine

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2053. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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