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5e dimanche de Pâques B -14 mai 2006
 

Pour que croisse l'Église!

L'image de la vigne et des branches Jean 15, 1-8
Autres lectures : Actes 9, 26-31; Psaume 21(22); 1 Jean 3,18-24


Pour assurer la croissance de l’Église, les communautés chrétiennes qui se tournent résolument vers l’avenir, affichent, de plus en plus dans le domaine de l’éducation à la foi, une préoccupation comparable à l’attitude de Jésus, telle qu’elle apparaît dans l’évangile de ce cinquième dimanche de Pâques.

Le cœur des confidences de Jésus
   La métaphore de la vigne fait partie de ce qu’on appelle les discours d’adieu (Jean 13-17). Dans ces derniers, Jésus y fait notamment des confidences à ses amis, entre autres sur sa relation intime avec le Père :  ...Qui m’a vu a vu le Père... Il y annonce son départ prochain et la venue de l’Esprit qui demeurera avec les disciples pour les aider. L’ensemble du texte montre comment Jésus, prévoyant sa mort prochaine et surmontant l’angoisse de la fin, jette un regard lucide et prometteur sur l’avenir, pour poser les bases de la croissance de son Église. Dans ce contexte, la métaphore de la vigne est utilisée pour décrire la communion entre Jésus et ses disciples, comme condition nécessaire de la croissance désirée.

Branchés sur le Christ!
   L’image biblique de la vigne est d’une richesse extraordinaire. Initialement appliquée à Israël dans sa relation pleine de rebondissements avec Dieu (Psaume 80, 9-17; Isaïe 5, 1-7; Jérémie 2, 21; Ézéchiel 15, 1-8; etc.), cette image a été ensuite employée en référence à Jésus dans sa communion de vie avec le Père et les disciples et avec tous les croyants; elle revêt un grand intérêt dans l’évangile d’aujourd’hui. Ainsi, les chrétiens sont comme des sarments, attachés à la vigne qu’est Jésus, et par lui, attachés au Père, le Vigneron. Laissant circuler en eux la sève, ils vivent de la vie de Jésus et, par lui, de la vie de Dieu; ils sont solidaires du mouvement créateur de vie que Dieu insuffle aux humains et à toute la création. Cela leur donne de devenir eux-mêmes des agents « insufflateurs de vie » autour d’eux et dans le monde. Ils sont attachés à eux-mêmes et aux autres, car l’amour crée la communion et abolit la distance. L’amour permet de participer à l’abondance de la vie qui se révèle dans la beauté et la bonté de la création entière. Solidaires de la vie et dans l’amour, les baptisés portent du fruit. Le contraire de la solidarité, c’est la solitude. Cette dernière équivaut à s’écarter et à se débrancher de Jésus. Les solitaires, coupés de Jésus, perdent la sève de vie qui coule en eux; ils entrent dans un processus de décroissance et de mort.

Tournés vers l’avenir!
    À observer la vie de plusieurs communautés chrétiennes, il n’y a pas de doute que les récentes années sont marquées par la volonté très affichée d’engendrer et de promouvoir la vie, en faisant de l’éducation à la foi la priorité de toutes les priorités. Les communautés s’activent à offrir la catéchèse à tous les âges de la vie, une catéchèse de tous et toutes, une catéchèse qui se veut intergénérationnelle et de cheminement. Ce faisant, Jésus est proposé à tous, et un espace de liberté est ouvert à chacun, pour s’unir à Jésus et à tout ce que lui-même était profondément uni : à Dieu, son Père, qui l’avait envoyé dans le monde; et à l’Esprit qui lui donnait l’élan pour la mission, à l’Église son corps, pour laquelle il se livra; et aux humains, ses frères, dont il a voulu partager la condition. Sur ce chemin de la liberté, l’esprit de ces catéchèses révèle qu’il y a un espace laissé à la responsabilité. Ceux qui rencontrent Jésus et demeurent avec Lui sont effectivement appelés à porter le fruit que les vendangeurs engrangent pour la vie éternelle : le fruit de la mission. Ce faisant, ils assurent la fécondité et le développement de l’Église.

Se laisser émonder?
    La proposition de foi faite par l’Église consiste à faire rencontrer Jésus, à faire communier à sa vie divine. Dans la métaphore de la vigne, il est vrai que l’intervention de Jésus vise à susciter la prise en charge de la croissance de l’Église, par la transmission de la Bonne Nouvelle au monde. Dans ce cas, l’affirmation : Demeurez en moi, comme moi en vous!, trouve tout son sens. En effet, rester attaché à la vigne, c’est-à-dire au Corps du Christ, au peuple nouveau soudé dans l’amour, est la condition donnée aux apôtres, pour travailler à la croissance. Quant à l’attachement à la vigne, il doit être considéré comme acquis : Mais vous, déjà vous voici nets et purifiés. Il a été réalisé, par la Parole de Jésus et le baptême qui a ouvert le passage à la pénétration de la sève de vie dans le cœur des croyants.

    L’attachement à la vigne s’actualise dans l’Eucharistie, sacrement de l’attachement des baptisés à la vie du Seigneur. Par elle, l’Église invite les baptisés à se rattacher à la communauté qu’elle constitue. C’est, de façon plus générale, le sens de toute communion, à condition que la participation à l’Eucharistie soit vraiment acceptation de la sève, de la grâce divine, dont le Seigneur veut faire vivre chacun; à condition de se laisser vraiment « émonder » par Dieu, dans sa vie personnelle, afin que l’existence de chacun devienne elle-même Eucharistie, merci à Dieu.

Aimer pour demeurer en Dieu
    Le rapprochement, entre la première lecture de ce dimanche (1 Jean 3, 18-24) et l’évangile, donne des perspectives très intéressantes : s’accomplir dans son être humain et chrétien, c’est apprendre à aimer vraiment ; qui aime est pleinement humain et réalise sa destiné. Aimer en vérité, c’est aimer en lien avec le projet divin et se situer dans le courant de vie de Dieu qui est amour. Par l’adhésion au Christ, qui est la voie, la vérité et la vie c’est-à-dire, chemin de la vie de communion avec Dieu, il est possible de demeurer en Dieu et lui en nous.

Besoin de mentor ?
   À en croire le contenu du livre des Actes des Apôtres, la croissance de l’Église de la première heure s’est réalisée d’une façon fulgurante, même à l’intérieur des adversités et des persécutions. La solidarité de tous aux volontés du Maître et à la mission commune a été très utile.

    Dans Actes 9, 26-31, il apparaît que devant la difficile acceptation de Paul par les chrétiens de Jérusalem, une réalité s’impose : la nécessité de la communion apostolique. Le témoignage de Barnabé, dont le nom signifie « celui qui s’y connaît pour encourager », sera alors utile à cette communion. Il se fonde sur sa communion personnelle au Christ et au collège des apôtres. Par le témoignage de Barnabé, Paul fait corps avec les apôtres, il épouse leur mission et travaille au service de la croissance de l’Église ; il communique son expérience de Dieu. Alors, la mission auprès des Nations païennes devient possible, malgré les difficultés… Alors, l’aventure devient possible, le fruit abondant devient possible, dans la mission accomplie par Paul auprès des Gentils : la joie est parfaite!

En conclusion...
   Lue en ce cinquième dimanche du temps pascal, l’extrait de cet évangile nous rappelle que la croissance de l’Église restera toujours une préoccupation pour tous les baptisés. Cette croissance, il va sans dire, ne peut se réaliser que dans la mesure où les disciples du Christ vivent en communion d’actions les uns avec les autres et avec Dieu en Jésus. À la suite du Maître, il leur sera possible de garder le regard tourné vers l’avenir, travaillant au développement de l’Église. C’est la sève de vie et d’amour qui circule en eux qui leur donnera la capacité de servir en ce sens. C’est elle qui fait en sorte que leur engagement au service de la mission porte un fruit très appréciable.

Jean-Chrysostome Zoloshi, ptre, bibliste
Diocèse de Montréal

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2057. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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