Pour
que croisse l'Église!
L'image de la vigne et des branches Jean
15, 1-8
Autres lectures : Actes
9, 26-31; Psaume
21(22); 1
Jean 3,18-24
Pour assurer la croissance de lÉglise, les communautés
chrétiennes qui se tournent résolument vers lavenir,
affichent, de plus en plus dans le domaine de léducation
à la foi, une préoccupation comparable à lattitude
de Jésus, telle quelle apparaît dans lévangile
de ce cinquième dimanche de Pâques.
Le cur des confidences de Jésus
La métaphore de la vigne fait partie de
ce quon appelle les discours dadieu (Jean
13-17). Dans ces derniers, Jésus y fait notamment des
confidences à ses amis, entre autres sur sa relation intime
avec le Père : ...Qui ma vu a vu le Père...
Il y annonce son départ prochain et la venue de lEsprit
qui demeurera avec les disciples pour les aider. Lensemble
du texte montre comment Jésus, prévoyant sa mort prochaine
et surmontant langoisse de la fin, jette un regard lucide
et prometteur sur lavenir, pour poser les bases de la croissance
de son Église. Dans ce contexte, la métaphore de la
vigne est utilisée pour décrire la communion entre
Jésus et ses disciples, comme condition nécessaire
de la croissance désirée.
Branchés sur le Christ!
Limage biblique de la vigne est dune
richesse extraordinaire. Initialement appliquée à
Israël dans sa relation pleine de rebondissements avec Dieu
(Psaume
80, 9-17; Isaïe
5, 1-7; Jérémie
2, 21; Ézéchiel
15, 1-8; etc.), cette image a été ensuite employée
en référence à Jésus dans sa communion
de vie avec le Père et les disciples et avec tous les croyants;
elle revêt un grand intérêt dans lévangile
daujourdhui. Ainsi, les chrétiens sont comme
des sarments, attachés à la vigne quest Jésus,
et par lui, attachés au Père, le Vigneron. Laissant
circuler en eux la sève, ils vivent de la vie de Jésus
et, par lui, de la vie de Dieu; ils sont solidaires du mouvement
créateur de vie que Dieu insuffle aux humains et à
toute la création. Cela leur donne de devenir eux-mêmes
des agents « insufflateurs de vie » autour
deux et dans le monde. Ils sont attachés à eux-mêmes
et aux autres, car lamour crée la communion et abolit
la distance. Lamour permet de participer à labondance
de la vie qui se révèle dans la beauté et la
bonté de la création entière. Solidaires de
la vie et dans lamour, les baptisés portent du fruit.
Le contraire de la solidarité, cest la solitude. Cette
dernière équivaut à sécarter et
à se débrancher de Jésus. Les solitaires, coupés
de Jésus, perdent la sève de vie qui coule en eux;
ils entrent dans un processus de décroissance et de mort.
Tournés vers lavenir!
À observer la vie de plusieurs communautés
chrétiennes, il ny a pas de doute que les récentes
années sont marquées par la volonté très
affichée dengendrer et de promouvoir la vie, en faisant
de léducation à la foi la priorité de
toutes les priorités. Les communautés sactivent
à offrir la catéchèse à tous les âges
de la vie, une catéchèse de tous et toutes, une catéchèse
qui se veut intergénérationnelle et de cheminement.
Ce faisant, Jésus est proposé à tous, et un
espace de liberté est ouvert à chacun, pour
sunir à Jésus et à tout ce que lui-même
était profondément uni : à Dieu, son Père,
qui lavait envoyé dans le monde; et à lEsprit
qui lui donnait lélan pour la mission, à lÉglise
son corps, pour laquelle il se livra; et aux humains, ses frères,
dont il a voulu partager la condition. Sur ce chemin de la
liberté, lesprit de ces catéchèses révèle
quil y a un espace laissé à la responsabilité.
Ceux qui rencontrent Jésus et demeurent avec Lui sont effectivement
appelés à porter le fruit que les vendangeurs engrangent
pour la vie éternelle : le fruit de la mission. Ce faisant,
ils assurent la fécondité et le développement
de lÉglise.
Se laisser émonder?
La proposition de foi faite par lÉglise
consiste à faire rencontrer Jésus, à faire
communier à sa vie divine. Dans la métaphore de la
vigne, il est vrai que lintervention de Jésus vise
à susciter la prise en charge de la croissance de lÉglise,
par la transmission de la Bonne Nouvelle au monde. Dans ce cas,
laffirmation : Demeurez en moi, comme moi en vous!,
trouve tout son sens. En effet, rester attaché à la
vigne, cest-à-dire au Corps du Christ, au peuple nouveau
soudé dans lamour, est la condition donnée aux
apôtres, pour travailler à la croissance. Quant à
lattachement à la vigne, il doit être considéré
comme acquis : Mais vous, déjà vous voici
nets et purifiés. Il a été réalisé,
par la Parole de Jésus et le baptême qui a ouvert le
passage à la pénétration de la sève
de vie dans le cur des croyants.
Lattachement à la vigne sactualise
dans lEucharistie, sacrement de lattachement des baptisés
à la vie du Seigneur. Par elle, lÉglise invite
les baptisés à se rattacher à la communauté
quelle constitue. Cest, de façon plus générale,
le sens de toute communion, à condition que la participation
à lEucharistie soit vraiment acceptation de la sève,
de la grâce divine, dont le Seigneur veut faire vivre chacun;
à condition de se laisser vraiment « émonder »
par Dieu, dans sa vie personnelle, afin que lexistence de
chacun devienne elle-même Eucharistie, merci à Dieu.
Aimer pour demeurer en Dieu
Le rapprochement, entre la première
lecture de ce dimanche (1 Jean 3, 18-24) et lévangile,
donne des perspectives très intéressantes : saccomplir
dans son être humain et chrétien, cest apprendre
à aimer vraiment ; qui aime est pleinement humain et
réalise sa destiné. Aimer en vérité,
cest aimer en lien avec le projet divin et se situer dans
le courant de vie de Dieu qui est amour. Par ladhésion
au Christ, qui est la voie, la vérité et la vie cest-à-dire,
chemin de la vie de communion avec Dieu, il est possible de demeurer
en Dieu et lui en nous.
Besoin de mentor ?
À en croire le contenu du livre des Actes
des Apôtres, la croissance de lÉglise de
la première heure sest réalisée dune
façon fulgurante, même à lintérieur
des adversités et des persécutions. La solidarité
de tous aux volontés du Maître et à la mission
commune a été très utile.
Dans Actes 9, 26-31, il apparaît
que devant la difficile acceptation de Paul par les chrétiens
de Jérusalem, une réalité simpose :
la nécessité de la communion apostolique. Le témoignage
de Barnabé, dont le nom signifie « celui qui sy
connaît pour encourager », sera alors utile à
cette communion. Il se fonde sur sa communion personnelle au Christ
et au collège des apôtres. Par le témoignage
de Barnabé, Paul fait corps avec les apôtres, il épouse
leur mission et travaille au service de la croissance de lÉglise ;
il communique son expérience de Dieu. Alors, la mission auprès
des Nations païennes devient possible, malgré les difficultés
Alors, laventure devient possible, le fruit abondant devient
possible, dans la mission accomplie par Paul auprès des Gentils :
la joie est parfaite!
En conclusion...
Lue en ce cinquième dimanche du temps pascal,
lextrait de cet évangile nous rappelle que la croissance
de lÉglise restera toujours une préoccupation
pour tous les baptisés. Cette croissance, il va sans dire,
ne peut se réaliser que dans la mesure où les disciples
du Christ vivent en communion dactions les uns avec les autres
et avec Dieu en Jésus. À la suite du Maître,
il leur sera possible de garder le regard tourné vers lavenir,
travaillant au développement de lÉglise. Cest
la sève de vie et damour qui circule en eux qui leur
donnera la capacité de servir en ce sens. Cest elle
qui fait en sorte que leur engagement au service de la mission porte
un fruit très appréciable.
Jean-Chrysostome Zoloshi, ptre, bibliste
Diocèse de Montréal
Source: Le Feuillet biblique,
no 2057. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
Chronique
précédente :
Un bon pasteur à imiter
|