La formation
des disciples
Celui qui n'est pas contre nous est pour
nous Marc
9, 38-43.45.47-48
Autres lectures : Nombres
11, 25-29; Psaume
18(19); Jacques
5, 1-6
La lecture des évangiles indique deux phases dans lenseignement
de Jésus. Dans la première, il sadresse aux
foules qui se pressent autour de lui. Dans la deuxième, tout
en continuant à attirer les masses, Jésus montre une
attention spéciale pour ses disciples. Les apôtres
forment un groupe particulier, une communauté regroupée
autour de Jésus qui servira de modèle à lÉglise
à venir. La formation de ce noyau, exige beaucoup de patience
de la part de Jésus. Pierre se fait dire Arrière
Satan, parce quil refuse le rôle de la souffrance
dans la vie du Messie. Aussi, Jacques et Jean, les fils de Zébédée,
veulent des fonctions importantes dans le Royaume. Jésus
doit les éduquer à lhumilité et au service.
Jésus évalue quils ne pourront former lÉglise
quà la condition de vivre dans la tolérance
et dans un esprit de charité très fort. Lattachement
au Christ et lamour des autres, qui en est la conséquence
imprescriptible, imposent des exigences tranchantes.
Lamour du prochain
Le
commandement de lamour du prochain, Jésus
la exprimé de façon très variée.
Il a assaisonné son enseignement de diverses comparaisons.
Par exemple, dans la conclusion quon aurait pu ajouter à
lévangile daujourdhui, il dit : Ayez
du sel entre vous et vivez en paix les uns avec les autres.
Le partage du sel au cours dun repas était alors le
signe de lamitié entre les convives. Le contexte général
serait donc assimilé à celui de la joie de vivre ensemble
comme le dit un psaume : Quil est bon, quil
est doux dhabiter en frères tous ensemble. Cest
comme lhuile excellente. Cest la rosée de lHermon
(Psaume 133, 1).
Lamitié demande un esprit
de tolérance. Jésus la dit à Jean. Les
évangiles rapportent que Jacques et Jean ont voulu attirer
le feu du ciel sur les Samaritains. Ceux-ci étaient aux Juifs
ce que les Protestants étaient aux Catholiques jusquà
il y a peu de temps. Jésus a fait une réprimande aux
deux fils de Zébédée pour cela (Luc
9, 54) car la réalisation de leur demande aurait aliéné
la communauté samaritaine. Marc rapporte que les deux frères
ont reçu de Jésus le surnom de « fils du tonnerre
» et quils ont été blâmés
pour leur ambition de sasseoir à la gauche et à
la droite de Jésus dans son Royaume (Marc
10, 38).
À Jean qui voulait empêcher
un exorcisme fait au nom de Jésus parce que lexorciste
nétait pas de leur groupe, Jésus dit :
Celui qui nest pas contre nous est pour nous. Lattitude
que lon peut reprocher aux deux frères est celle de
lintransigeance envers les Samaritains ainsi quune volonté
de dominer les autres. Une disposition minimale damitié,
un verre deau donné au nom du Christ, ne sera pas sans
récompense. Les relations humaines enrichies et adoucies
par la charité se maintiennent à un niveau de haute
qualité quand elles ont leur source en Dieu : Qui craint
le Seigneur se fait de vrais amis, car tel on est, tel est lami
quon a (Sirac 6, 16). Le modèle et la source
de lamitié véritable est lamitié
que Dieu scelle avec lhomme, avec Abraham, avec Moïse
et avec les prophètes, par exemple.
Rendre lamitié forte par
les sacrifices quon fait pour elle
Lcuménisme entre
différentes communautés chrétiennes a pris
comme principe de base ce que le bienheureux Jean XXIII, le pape
de lunité des chrétiens, a donné à
lÉglise : rechercher ce qui unit plutôt
que sattacher à ce qui divise. Il faut pardonner, cest
vrai, mais au-delà, il faut une bienveillance intérieure
à légard des autres. La Bible constitue un formidable
dossier sur lamitié. Lami fidèle na
pas de prix (Sirac 6, 15s) car il aime en tout temps,
dans la joie comme dans la peine, dans la richesse comme dans la
pauvreté. Lamitié rend la vie délicieuse :
Mieux vaut une portion de légumes avec laffection
quun buf gras avec la haine (Proverbes 15,
17).
Lamitié requiert des
sacrifices. Il faut éliminer ce qui peut causer du tort au
prochain. Linjure faite à nos amis, ce sont souvent
les membres du corps qui en sont responsables. Les uns, comme la
main et le pied, établissent une communication active avec
lextérieur; dautres, comme lil ou
loreille, sont des organes réceptifs. Par lénumération
de la main, du pied ou de lil, Jésus se plie
à la règle formelle de la triade. Si ta main tentraîne
au péché, coupe-la. Si ton pied tentraîne
au péché, coupe-le. Si ton il tentraîne
au péché, arrache-le. On veut signifier toutes
les occasions de péchés dans lesquelles lêtre
humain est amené à se trouver dans ses rapports avec
le monde qui lentoure et surtout avec ses proches. Ces occasions
doivent être neutralisées en employant la manière
forte. Rien ne doit être trop dur ni trop coûteux à
qui veut se garder du péché, à qui veut sauvegarder
lamitié qui constitue la communauté.
Lalternative est la suivante :
résister en prenant les moyens appropriés et, lors
du jugement, entrer dans la vie, ou se laisser entraîner au
mal et être précipité dans la géhenne.
Lenfer est désigné ici par la comparaison avec
la Géhenne, le dépotoir de Jérusalem, là
où le feu perpétuel consumait les ordures.
LEsprit imprévisible
Nombres 11, 25-29
...L'esprit reposa sur eux; bien que n'étant pas venus
à la tente de la Rencontre, ils comptaient parmi les anciens
qui avaient été choisis, et c'est dans le camp qu'ils
se mirent à prophétiser...
Dans une des significations du terme,
« prophétiser » signifie être dans un état
supra-normal, en transe, et proférer des paroles inintelligibles
dans un état dexcitation religieuse. Lâge
dor de cette forme de prophétie a été
le temps entre celui de Samuel et celui dÉlie et Élisée.
Des confréries de « fils de prophètes »
ont été les protagonistes de ces modes dêtre
bizarres. Le roi Saül a agi de cette façon une fois :
il sest dénudé dans une danse frénétique.
Le livre des Nombres raconte
quune scène du même genre est arrivée
à ceux que Dieu avait choisis pour assister Moïse. Ces
hommes sérieux se sont mis à « prophétiser
». Lépisode est arrivé dans la tente de
la Rencontre, le lieu sacré, presque sous contrôle,
car Moïse était là, calme.
Ici, la lecture fait état de la présence de lEsprit
sur deux hommes qui nétaient pas parmi le groupe précédent.
Cest une figure des agissements imprévus de Dieu qui
nest pas contraint par des précédents. Il se
rend parfois présent chez ceux que les croyants ne prévoyaient
pas du tout comme destinataires des dons divins. Les jeunes de nos
communautés sont souvent de ceux-là.
Justice et partage
Jacques 5, 1-6
...Vous avez recherché sur terre le plaisir et le luxe,
et vous avez fait bombance pendant quon massacrait des gens...
Les riches comprennent mal que labsence
de partage est en horreur au Dieu des prophètes. Jean Chrysostome
commentait : « Ne pas faire participer les pauvres à
ses propres biens, cest les voler et leur enlever la vie ».
Source: Le Feuillet biblique,
no 2068. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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