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26e dimanche ordinaire B -1er octobre 2006

 

La formation des disciples

Celui qui n'est pas contre nous est pour nous Marc 9, 38-43.45.47-48
Autres lectures : Nombres 11, 25-29; Psaume 18(19); Jacques 5, 1-6


La lecture des évangiles indique deux phases dans l’enseignement de Jésus. Dans la première, il s’adresse aux foules qui se pressent autour de lui. Dans la deuxième, tout en continuant à attirer les masses, Jésus montre une attention spéciale pour ses disciples. Les apôtres forment un groupe particulier, une communauté regroupée autour de Jésus qui servira de modèle à l’Église à venir. La formation de ce noyau, exige beaucoup de patience de la part de Jésus. Pierre se fait dire Arrière Satan, parce qu’il refuse le rôle de la souffrance dans la vie du Messie. Aussi, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, veulent des fonctions importantes dans le Royaume. Jésus doit les éduquer à l’humilité et au service. Jésus évalue qu’ils ne pourront former l’Église qu’à la condition de vivre dans la tolérance et dans un esprit de charité très fort. L’attachement au Christ et l’amour des autres, qui en est la conséquence imprescriptible, imposent des exigences tranchantes.

L’amour du prochain
     Le commandement de l’amour du prochain, Jésus l’a exprimé de façon très variée. Il a assaisonné son enseignement de diverses comparaisons. Par exemple, dans la conclusion qu’on aurait pu ajouter à l’évangile d’aujourd’hui, il dit : Ayez du sel entre vous et vivez en paix les uns avec les autres. Le partage du sel au cours d’un repas était alors le signe de l’amitié entre les convives. Le contexte général serait donc assimilé à celui de la joie de vivre ensemble comme le dit un psaume : Qu’il est bon, qu’il est doux d’habiter en frères tous ensemble. C’est comme l’huile excellente. C’est la rosée de l’Hermon (Psaume 133, 1).

     L’amitié demande un esprit de tolérance. Jésus l’a dit à Jean. Les évangiles rapportent que Jacques et Jean ont voulu attirer le feu du ciel sur les Samaritains. Ceux-ci étaient aux Juifs ce que les Protestants étaient aux Catholiques jusqu’à il y a peu de temps. Jésus a fait une réprimande aux deux fils de Zébédée pour cela (Luc 9, 54) car la réalisation de leur demande aurait aliéné la communauté samaritaine. Marc rapporte que les deux frères ont reçu de Jésus le surnom de « fils du tonnerre » et qu’ils ont été blâmés pour leur ambition de s’asseoir à la gauche et à la droite de Jésus dans son Royaume (Marc 10, 38).

     À Jean qui voulait empêcher un exorcisme fait au nom de Jésus parce que l’exorciste n’était pas de leur groupe, Jésus dit : Celui qui n’est pas contre nous est pour nous. L’attitude que l’on peut reprocher aux deux frères est celle de l’intransigeance envers les Samaritains ainsi qu’une volonté de dominer les autres. Une disposition minimale d’amitié, un verre d’eau donné au nom du Christ, ne sera pas sans récompense. Les relations humaines enrichies et adoucies par la charité se maintiennent à un niveau de haute qualité quand elles ont leur source en Dieu : Qui craint le Seigneur se fait de vrais amis, car tel on est, tel est l’ami qu’on a (Sirac 6, 16). Le modèle et la source de l’amitié véritable est l’amitié que Dieu scelle avec l’homme, avec Abraham, avec Moïse et avec les prophètes, par exemple.

Rendre l’amitié forte par les sacrifices qu’on fait pour elle
     L’œcuménisme entre différentes communautés chrétiennes a pris comme principe de base ce que le bienheureux Jean XXIII, le pape de l’unité des chrétiens, a donné à l’Église : rechercher ce qui unit plutôt que s’attacher à ce qui divise. Il faut pardonner, c’est vrai, mais au-delà, il faut une bienveillance intérieure à l’égard des autres. La Bible constitue un formidable dossier sur l’amitié. L’ami fidèle n’a pas de prix (Sirac 6, 15s) car il aime en tout temps, dans la joie comme dans la peine, dans la richesse comme dans la pauvreté. L’amitié rend la vie délicieuse : Mieux vaut une portion de légumes avec l’affection qu’un bœuf gras avec la haine (Proverbes 15, 17).

     L’amitié requiert des sacrifices. Il faut éliminer ce qui peut causer du tort au prochain. L’injure faite à nos amis, ce sont souvent les membres du corps qui en sont responsables. Les uns, comme la main et le pied, établissent une communication active avec l’extérieur; d’autres, comme l’œil ou l’oreille, sont des organes réceptifs. Par l’énumération de la main, du pied ou de l’œil, Jésus se plie à la règle formelle de la triade. Si ta main t’entraîne au péché, coupe-la. Si ton pied t’entraîne au péché, coupe-le. Si ton œil t’entraîne au péché, arrache-le. On veut signifier toutes les occasions de péchés dans lesquelles l’être humain est amené à se trouver dans ses rapports avec le monde qui l’entoure et surtout avec ses proches. Ces occasions doivent être neutralisées en employant la manière forte. Rien ne doit être trop dur ni trop coûteux à qui veut se garder du péché, à qui veut sauvegarder l’amitié qui constitue la communauté.

     L’alternative est la suivante : résister en prenant les moyens appropriés et, lors du jugement, entrer dans la vie, ou se laisser entraîner au mal et être précipité dans la géhenne. L’enfer est désigné ici par la comparaison avec la Géhenne, le dépotoir de Jérusalem, là où le feu perpétuel consumait les ordures.

L’Esprit imprévisible
Nombres 11, 25-29
...L'esprit reposa sur eux; bien que n'étant pas venus à la tente de la Rencontre, ils comptaient parmi les anciens qui avaient été choisis, et c'est dans le camp qu'ils se mirent à prophétiser...

     Dans une des significations du terme, « prophétiser » signifie être dans un état supra-normal, en transe, et proférer des paroles inintelligibles dans un état d’excitation religieuse. L’âge d’or de cette forme de prophétie a été le temps entre celui de Samuel et celui d’Élie et Élisée. Des confréries de « fils de prophètes » ont été les protagonistes de ces modes d’être bizarres. Le roi Saül a agi de cette façon une fois : il s’est dénudé dans une danse frénétique.

     Le livre des Nombres raconte qu’une scène du même genre est arrivée à ceux que Dieu avait choisis pour assister Moïse. Ces hommes sérieux se sont mis à « prophétiser ». L’épisode est arrivé dans la tente de la Rencontre, le lieu sacré, presque sous contrôle, car Moïse était là, calme.
Ici, la lecture fait état de la présence de l’Esprit sur deux hommes qui n’étaient pas parmi le groupe précédent. C’est une figure des agissements imprévus de Dieu qui n’est pas contraint par des précédents. Il se rend parfois présent chez ceux que les croyants ne prévoyaient pas du tout comme destinataires des dons divins. Les jeunes de nos communautés sont souvent de ceux-là.

Justice et partage
Jacques 5, 1-6
...Vous avez recherché sur terre le plaisir et le luxe, et vous avez fait bombance pendant qu’on massacrait des gens...

     Les riches comprennent mal que l’absence de partage est en horreur au Dieu des prophètes. Jean Chrysostome commentait : « Ne pas faire participer les pauvres à ses propres biens, c’est les voler et leur enlever la vie ».

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2068. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
Comme lui, servir par amour