L'alliance
nouvelle en Jésus, l'Époux unique
Jésus et le jeûne
Marc
2, 18-22
Autres lectures : Osée
2, 16.17b.21-22; Psaume
102(103); 2
Corinthiens 3, 1b-6
Le thème nuptial de l'Époux et de l'Église-communauté
permet de mieux saisir l'alliance d'amour et de tendresse que Dieu
conclut avec les femmes et les hommes de tout temps.
Au cours de son ministère auprès
des foules, Jésus est contesté par les scribes, les
Pharisiens, l'ensemble de ses adversaires politiques et religieux,
voire même de sa famille. Ses opposants malveillants lui tendent
des pièges; Jésus déjoue leurs pensées
pour mieux éclairer le mystère de sa personne. Comment,
aujourd'hui, la communauté chrétienne et chaque personne
croyante en particulier, peuvent-elles penser se soustraire aux
oppositions et aux attaques de ceux et celles qui ne partagent pas
leur foi et leur pratique? Grâce à l'Esprit, leur persévérance
les confirme dans la présence de l'Époux unique.
Dans l'Évangile
de Marc,
au chapitre 1, verset 39, Jésus se rend en Galilée,
Que se passe-t-il alors? Les gens viennent à lui (1,
45); aux chapitres 2
et
3, l'évangéliste relate une série de controverses
entre les Pharisiens et Jésus. Cela se passe au moment de
la guérison du paralytique (2,
1-12), du repas de Jésus avec les pécheurs (13-17)
et de la discussion autour du jeûne.
Un passage entre l'ancien et le nouveau
Dans le judaïsme et à l'époque
de Jean le Baptiste, la pratique du jeûne exprime l'humble
dépendance des personnes devant Dieu. Il est obligatoire
uniquement le jour des Expiations. Les Pharisiens, par contre, interprètent
la Loi en amplifiant les exigences : ils prônent le jeûne
deux fois par semaine et aussi, à l'occasion d'un deuil.
Jésus, pour sa part, propose une autre attitude, jugée
trop laxiste aux yeux des rigoristes. Il propose de l'inédit,
de l'inattendu.
Le présent du Royaume
Les adversaires et les foules se questionnent
donc sur Jésus : Qui est-il? De qui tient-il son autorité?
D'où lui vient cette liberté face aux institutions
religieuses, aux coutumes, à la Loi qui est le principe de
la communauté et de sa cohésion? Jésus semble
tout transgresser, et pourtant il ne rejette pas le jeûne
(Matthieu
6, 16-18). Avant tout, les rigoristes semblent incriminer l'enseignement
du Maître.
Dans un premier temps, Jésus répond
à toutes leurs inerrogations en s'appuyant sur le bon sens
de tous, ce qu'il y a de plus normal : ce ne sont pas les gens valides
qui ont besoin de médecin, mais les malades (2,
17); quand l'époux est là, ses compagnons ne jeûnent
pas (2,
19); à vin nouveau outres neuves (2,
22); le sabbat a été fait pour l'homme et non
pas l'homme pour le sabbat (2,
27). N'est-il question que d'une élémentaire sagesse
dans ses répliques de Jésus? Oh! non. Il s'agit de
l'aujourd'hui des disciples et des foules. Avec Jésus, une
rupture avec l'habituel et avec l'ancien est proposée. Jésus
tient une puissance lui venant de Dieu et dévoile l'amour
infini de son Père.
L'Époux est présent... puis
« sera arraché »
Il convient de tenir compte que les adversaires
posent des questions à Jésus, et également
aux disciples (v.
18). La communauté des disciples de Jésus (2,
15), face à celle de Jean, est déjà bien
constituée et perceptible, et autant de temps que les premiers
ont l'Époux avec eux, la joie est au rendez-vous, ainsi que
la paix que procure la présence de Dieu en son Fils.
...quand l'Époux sera arraché
d'eux... alors ils jeûneront, en ce jour-là (v.
20). Oui, alors le jeûne chrétien commencera, un jeûne
sans attache à la Première Alliance, mais en relation
avec la passion, la mort et la résurrection de Jésus
Christ. L'Église-communauté vivra et accomplira intérieurement
le mouvement de son Époux, le passage de la mort à
la vie, en mourrant à ses méchancetés et à
ses fautes, à son égoïsme et à ses convoitises.
Ce passage sera une participation au monde absolument neuf que Jésus
aura instauré au cours de son ministère mais surtout
au moment de sa mort, cette heure ultime de l'offrande d'amour de
sa vie.
Combien la relation s'est resserrée entre
Jésus et les disciples! Le thème nuptial qui exprime
une relation de qualité revient à maintes reprises
dans le Premier Testament, chez Osée notamment. Dans les
évangiles, mentionnons le récit des vierges en attente
de l'époux (Matthieu
25), les paroles du Baptiste qui se présente comme l'amour
de l'époux (Jean
3, 29). Cette symbolique nuptiale apparaît dans le récit
des noces de Cana (2,
1-12), dans le dialogue avec la Samaritaine (4,
1-42).
La symbolique nuptiale
Osée 2, 16-17b.21-22
Le texte d'Osée évoque le
premier mariage de Dieu avec sa fiancée, soit son peuple
Israël, lorsque Dieu le fit sortir d'Égypte. Le désert
fut un lieu de fiançailles, une époque où se
développèrent des liens d'amour. Un temps de richesse
où Dieu comblait les siens de manne, de cailles, d'eau, et
aussi un temps d'épreuve où des voix geignent et pleurent
sur leur sort. La fiancée se rend infidèle.
Puis, le temps de l'exil advient avec les
ruines, les exactions et la douleur sans fin. Alors le prophète
inspiré entrevoit un avenir prometteur. S'appuyant sur l'expérience
personelle de son épouse infidèle qu'il aime toujours,
il sait en profondeur que Dieu aime patiemment sa fiancée
idolâtre et volage, son peuple Israël.
Avec un séjour au désert
babylonien, le peuple-épouse sera recréé grâce
à la prévenance divine et à sa miséricorde
sans limite qui est le propre des entrailles divines : Tu seras
ma fiancée, et ce sera pour toujours... et je t'apporterai
la justice et le droit, l'amour et la tendresse; tu seras ma fiancée,
et je t'apporterai la fidélité, et tu connaîtras
le Seigneur (vv. 21-22).
Une alliance vécue dans le coeur
des croyants
2 Corinthiens 3, 1b-6
Cette alliance qui vient de Dieu est vécue
par Paul et les premières communautés de Corinthe.
Quel magnifique constat est fait par l'Apôtre, lui qui n'a
pas besoin de lettre de recommandation auprès de la communauté
qu'il a fondé, contrairement à un ambassadeur qui
doit présenter ses lettres de créance au moment de
prendre sa charge dans le pays qu'on lui désigne! Sa lettre-document
est le cur des croyants agissant sous l'influx de l'Esprit
du Dieu vivant (vv. 3.6), l'Esprit (qui) donne la vie
(v. 6).
La puissance du Dieu de Jésus, le souffle
de l'Esprit vivifiant est en action chez les croyants : Notre
capacité vient de Dieu (v. 6). Qui écoute l'Esprit
à l'intime de son cur parvient à vivre l'essentiel
de la loi d'amour de Dieu et du prochain.
Julienne Côté, CND
Professeure Régina Assumpta, Montréal
Source: Le Feuillet biblique,
no 2046. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
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