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6e dimanche ordinaire B - 12 février 2006
 

Quelle audace dans la foi !

Jésus guérit un lépreux Marc 1, 40-45
Autres lectures : Lévites 13, 1-2.45-46; Psaume 101(102); 1 Corinthiens 10, 31 - 11, 1


L'Évangile présente un lépreux déterminé et audacieux. Dans un premier temps, il va à la rencontre de Jésus pour implorer sa guérison. Ensuite, il se met à proclamer la bonne nouvelle. Dans les deux situations, il n'agit pas selon les normes. Il ne respecte ni la loi, ni l'avertissement de Jésus.

Aller à la rencontre de Jésus
    Le lépreux de l'évangile ne respecte pas les interdits. En raison de sa maladie, il se devait de rester à l'écart. La lèpre étant une maladie incurable et contagieuse, les lépreux vivaient en quarantaine et attendaient leur mort. Pour ne pas contaminer le reste de la population, le lépreux n'a d'autre choix que de vivre exclu de la société : c'est une mesure préventive pour limiter la propagation de la maladie.

     Or, dans l'Évangile de Marc, le lépreux outrepasse les normes et se rend près de Jésus. Si près de lui qu'il tombe à ses genoux. Quel manque de respect de la loi! Quelle audace!

     Jésus, lui, ne se scandalise pas de la situation. Au contraire, il prend l'homme en pitié et va même jusqu'à le toucher. En ce sens, lui aussi ne respecte pas la loi. L'audace du lépreux n'a d'égale que celle de Jésus.

     L'audace du lépreux est l'expression d'une foi inébranlable envers Jésus. Il a la ferme conviction que Jésus peut le guérir. Selon lui, Jésus n'a qu'à le vouloir. Voici ses seules paroles de tout le récit : Si tu le veux, tu peux me purifier (v. 40). Quelle foi!

    Reprenant les termes du lépreux, Jésus acquiesce : Je le veux, sois purifié (v. 41). Il n'en faut pas plus pour guérir le lépreux et le purifier. Non seulement le lépreux ne transmet-il pas sa maladie à Jésus, mais il est purifié par le toucher de Jésus. C'est Jésus qui transmet sa santé, sa « sainteté » à son interlocuteur.

Guérir de la « lèpre » intérieure
     Le récit présente beaucoup plus qu'une simple guérison. On assiste à une démarche de foi. Le lépreux qui s'approche de Jésus ne désire pas seulement guérir, mais aussi se « sanctifier ». Quelques petits détails illustrent la foi du lépreux. D'une part, il tombe aux genoux de Jésus pour le supplier. Certains biblistes voient dans cette prosternation un geste d'adoration. D'autre part, les paroles du lépreux sont significatives. Il ne demande pas à Jésus de le guérir, mais bien de le purifier. Il ne souhaite donc pas seulement obtenir une guérison extérieure mais plutôt être « assaini »... parvenir à la « sainteté ».

     La démarche du lépreux peut inspirer le cheminement de foi de tout croyant. Qui n'est pas atteint de la lèpre « spirituelle », le péché? Qui n'a pas besoin d'être purifié? Pour y parvenir, il suffit de suivre les traces du lépreux. Dans la foi, s'approcher de Jésus en toute confiance pour le laisser nous sanctifier.

Aller à la rencontre des siens
    L'audace du lépreux franchit une nouvelle étape. Au début du récit, il s'est rapproché de Jésus alors que la loi le lui interdisait. Maintenant, il se met à témoigner de ce qui vient de lui arriver, alors que Jésus lui avait formellement défendu de le faire. Il ne manque vraiment pas de cran! Sa rencontre avec Jésus l'a transformé au point qu'il répand la bonne nouvelle avec vigueur. Si bien que plusieurs personnes veulent voir Jésus à leur tour. À cause de son témoignage, on vient de partout pour faire la connaissance de Jésus.

    La démarche du lépreux nous renseigne sur les fruits d'un cheminement de foi. La véritable rencontre de Jésus dans la foi transforme la personne. Comblé, le croyant ne peut se contenir. Il doit partager aux autres la bonne nouvelle.

Du livre des Lévites à l'Évangile de saint Marc
Lévitique 13, 1-2.45-46

...Quand un homme aura sur la peau une tumeur, une inflammation ou une tache, qui soit une marque de lèpre, on l'amènera au prêtre Aaron ou à l'un des prêtres ses fils...

    Le troisième livre de la Bible, le Lévitique, traite du culte et de toutes les consignes qui se rattachent à la religion. Pour cette raison, ce livre intéresse particulièrement les prêtres, la tribu de Lévi. Les chapitres 13 et 14 énumèrent une série de prescriptions au sujet des impuretés, plus spécifiquement de la lèpre. Toutefois, le terme « lèpre » doit être interprété dans un sens très large. Il englobe toutes les infections de la peau et les putréfactions : acné, taches, moisissures sur des vêtements ou sur les murs...

    Dans l'extrait du jour, on découvre les règles qui régissent les personnes atteintes de la lèpre. Le lépreux doit laisser flotter ses cheveux, couvrir son visage et crier « Impur! Impur! » lors de ses déplacements. Parce qu'il est impur et contagieux, le lépreux devra donc habiter à l'écart de la société.

    Le livre du Lévitique précise aussi la façon de procéder pour réintégrer la population dans le cas d'une guérison. Deux obligations doivent être respectées. Premièrement, la personne doit rencontrer un prêtre. Seulement lui peut attester la disparition complète de la maladie, donc de l'impureté. Dans un second temps, il fera un rituel de purification qui prendra la forme d'une offrande ou d'un sacrifice. Après avoir respecté ces deux obligations, le prêtre déclare l'ex-lépreux « pur ». Il peut désormais reprendre ses activités et réintégrer la société.

    Comme on peut le constater, Jésus tient compte de ces prescriptions. Suite à la guérison, il invite le lépreux à rencontrer le prêtre. De plus, il lui rappelle de faire l'offrande pour compléter le rite de la purification. Mais Jésus se montre en même temps libre face à la Loi. Il se laisse approcher par un lépreux. Bien plus, il le touche. Quelle compassion au-delà de la Loi!

Pour votre information...

Le secret messianique
     Suite à la guérison du lépreux, Jésus exige que l'homme garde le silence. Cette consigne se retrouve à plusieurs reprises dans l'Évangile de Marc (3, 12; 5, 43). Les exégètes la qualifient de « secret messianique ».

     Comment comprendre ce secret messianique? Le témoignage des gens pourrait faire une bonne publicité. Jésus gagnerait alors en popularité. Est-ce par fausse modestie? Sûrement pas.

    Les biblistes expliquent cette attitude par le fait que Jésus ne veut pas que l'on se méprenne au sujet de son identité. Il n'est ni un guérisseur, ni un thaumaturge ni une vedette. Il est le Fils de Dieu qui mourra sur une croix pour ensuite ressusciter. Toutes ces actions ne se comprennent qu'à la lumière de la mort-résurrection. À partir de ce moment, la consigne du silence ne tient plus : Allez dans le monde entier, proclamez l'Évangile à toute la création (16, 15).

Daniel Montpetit, bibliste
Collège Jean-Eudes, Montréal

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2044. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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Beaucoup, beaucoup de guérisons!