Beaucoup,
beaucoup de guérisons!
Jésus guérit la belle-mère
de Pierre Marc
1, 29-39
Autres lectures : Job
7, 1-4.6-7; Psaume
146(147); 1
Corinthiens 9, 16-19.22-23
LÉvangile de Marc est le plus ancien des
quatre évangiles. Il a pour qualité dêtre
celui qui fut le moins retouché. Cela ne veut pas dire que
les trois autres soient moins historiques. Ces derniers nous renvoient
simplement à des communautés qui ont approfondi leur
réflexion sur la vie et les actions posées par Jésus.
Le deuxième évangile (Matthieu étant le premier
dans nos bibles) est fortement marqué par Pierre, le chef
des apôtres. Il nous est présenté comme témoin
oculaire des faits relatés dans un langage simple et direct.
Un fait divers qui samplifie
Une belle-mère malade, une épouse
mal en point, des enfants fiévreux ce sont des faits du quotidien
qui ont lieu dans toutes les familles ordinaires. Des faits divers
quoi! La plupart du temps ces situations demeurent confidentielles.
Cest quand les choses saggravent quelles prennent
le chemin de la nouvelle à répandre. Leffet
de contagion nous laisse supposer que cest cela qui sest
produit lors de la guérison de la femme. La chose sest
ébruitée; cest pourquoi toute la ville
se rassemble près de la porte (Marc 1, 33). Cest
quil y a, dans ce miracle dune des leurs, le germe dun
espoir pour les gens de Capharnaüm.
Des souffrances étalées
au grand jour
Si la belle-mère du pêcheur
Pierre est guérie par ce Jésus dont il est le disciple,
pourquoi ne guérirait-il pas nos malades à nous, disent
ses concitoyens? Remarquons que ce raisonnement est tout à
fait légitime. Des souffrances semblables devaient aussi
se vivre dans leurs maisons. En posant ce geste de guérison
au sein de la famille de lapôtre, Jésus se révèle
proche des personnes et des populations de sa région. Le
fait divers devient, par sa compassion, la Bonne Nouvelle dune
présence guérisseuse au cur de la cité.
Un sommaire réussi et complet
La mention de tous les malades et de toute
la ville et de beaucoup de gens nous montre clairement que nous
sommes en train de lire un « sommaire » de
lactivité de Jésus au milieu des siens. Il sagit
là dune image globale, dun raccourci qui vient
généraliser les effets guérisseurs du passage
du Christ. Guérison des corps et des âmes : Jésus
guérit de nombreux malades et chassa beaucoup de démons (v.
34). Cette foule est donc là pour accueillir un miracle;
plus tard selle se questionnera sur sa personne. Pour le moment,
les démons, eux, savent (v.
34).
La suite des choses pour les apôtres
Donc ce bref récit est typique.
Il nous instruit sur les principales activités de cet étrange
Galiléen tout au cours de sa vie publique : Il prie
son Père (v. 35), il prêche lÉvangile
(v. 38), il chasse les démons (v. 39), il guérit
toutes maladies (vv. 40-45). Aussi, les disciples veulent le
rendre à la foule qui ne cesse de le chercher pour quil
accède à leurs suppliques. Le succès est là
à portée de main. Il ne faut pas manquer cette occasion
unique de montrer aux juifs qui est cet homme extraordinaire, et
un des leurs par surcroît. Mais Jésus sait que sa véritable
mission est ailleurs. Cest pourquoi lordre daller
vers les villages voisins (v. 38) et toute la Galilée
(v. 39) laisse entrevoir lavènement dun Royaume
qui ne finira plus de grandir.
Notre vie nest quun souffle
Job 7, 1-4.6-7
...Souviens-toi, Seigneur : ma vie n'est qu'un souffle, mes yeux
ne verront plus le bonheur...
Dans le texte tiré du livre
de Job, il est question aussi de souffrance mais dune
souffrance qui ne bénéficie pas du passage du guérisseur
Jésus. Il sagit dune souffrance marquée
par le destin. Même si le texte nous présente un Job
indigné d'être une victime innocente, il confie cependant
sa souffrance au Seigneur (Jb
7, 7). Il y a, si lon peut dire, comme un faible rayon
despérance qui tente de se faire jour au cur
de ces nuits de souffrance (v. 3). Jésus, en
son temps, viendra rendre ces souffrances supportables en leur donnant
un sens, sans toutefois les rendre compréhensibles,
car la maladie, la mort, le mal fait surtout aux innocents ne supportent
aucune explication simple. Ces réalités humaines restent
et resteront un mystère irrésolu ici-bas. Devant elles,
seule la foi en Jésus peut être considérée
comme lattitude la plus réconfortante : par ses
blessures nous sommes guéris, dira le prophète
(Isaïe 53, 5).
Des explications de cendre et dargile
Lauteur du livre de Job attaque
les explications trop faciles des Sages qui identifient la cause
du mal et de la maladie aux péchés du souffrant ou
de ceux des ancêtres. Il les qualifie comme étant des
sentences de cendre et des réponses dargile (Job
13, 12). Il traite de charlatans et de médecins de fantaisie
(Jb 13, 4) ceux qui exploitent la naïveté des personnes
atteintes par le mal. Ces qualificatifs pourraient fort bien sappliquer
à tous ces mystificateurs qui profitent du malheur des autres
pour se faire du capital en argent ou en notoriété.
Ils causent de faux espoirs et créent des illusions qui,
une fois trahies, jettent les malades dans une angoisse encore plus
grande.
Lurgence de lannonce de lÉvangile
1 Corinthiens 9, 16-19.22-23
...Si j'annonce l'Évangile, je n'ai pas à en tirer
orgueil, c'est une nécessité qui s'impose à
moi; malheur à moi si je n'annonçais pas l'Évangile!...
Lannonce de lÉvangile,
plus que les guérisons, est une urgence pour Jésus.
Paul, lApôtre, en a aussi fait une nécessité
qui simpose (1 Corinthiens 9, 16). Si, comme son Maître,
il partage la faiblesse des plus faibles pour gagner aussi les faibles
(v. 22), il veut surtout, leur apporter le bienfait du salut accompli
par Jésus. Il est dabord et avant tout un évangélisateur.
Il na pas le choix, pas plus que nous. Cest là
le premier rôle des chrétiens : répandre
la Bonne Nouvelle de Jésus Christ.
Un sens pour laujourdhui de
nos vies
Tout ce que nous avons dit à propos
de la souffrance physique peut aussi sappliquer à la
souffrance morale ainsi quà toute sorte de désespérances.
Souvent notre récompense se trouve au cur même
de nos souffrances terrestres. La femme en train daccoucher
ne dit pas quelle sera heureuse dans quelques heures. Non !
Mais parce que bientôt elle tiendra son nouveau-né
contre son sein, sa souffrance en est toute transformée.
Job et les contemporains de Jésus ne pouvaient supporter
la souffrance qu'en mettant leur foi et leur expérience en
un Dieu ami des humains. Il en est de même pour nous. Même
si nous ne cheminons pas dans la claire vision (cf.
2 Co 5, 7), nous nous appuyons sur la révélation,
apportée par le Fils, de la vie en plénitude qui est
l'horizon de notre pèlerinage terrestre.
Ghislaine Salvail, SJSH, bibliste
Saint-Hyacinthe
Source: Le Feuillet biblique,
no 2043. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
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