L'autorité
de Jésus : garantie divine... prolongée!
L'homme tourmenté par un esprit
mauvais Marc
1, 21-28
Autres lectures : Deutéronome
18, 15-20; Psaume
94(95) ; 1
Corinthiens 7,32-35
Lors du rassemblement de prière dans sa petite ville du
bord du lac, Jésus enseigne à la synagogue. Mais il
ne fait pas que redire ce que tout le monde sait depuis longtemps.
On était frappé par son enseignement. Le texte
grec retentit presque du choc « physique » de ces paroles
pétries d'autorité et de nouveauté. La routine
est perturbée. Une béance est créée
par où Dieu peut s'insérer dans le quotidien.
Le statut de Jésus se trouve
rehaussé de belle façon par ce contact flamboyant.
Puisque son enseignement frappe à ce point, Jésus
s'avère une source pour l'enseignement : il est reconnu comme
une autorité. L`évangile établit ainsi une
différence tranchée entre Jésus et les autres
enseignants accrédités par le Judaïsme : il enseignait
comme un homme qui a autorité, et non comme les scribes qui
répètent les propos des autres.
Ce statut enviable reçoit une confirmation
inattendue. L'esprit mauvais qui fuit devant Jésus en dit
beaucoup plus. Jésus est venu perdre l'esprit mauvais, car
il est en parfaite cohérence avec Dieu. Jésus est
saint comme Dieu lui-même. Impossible de sentir davantage
son intervention qu'en Jésus!
La signification de la nouveauté
Devant l'expulsion bruyante de l'esprit
mauvais, toutes les personnes présentent cherchent la signification
d'une telle déclaration : Qu'est-ce que cela veut dire?
On réitère les affirmations sur l'autorité
de l'enseignement de Jésus, en ajoutant le qualificatif «
nouveau ». Dans une société méditerranéenne
fortement typée, où l'idéal est la stabilité
de la répétition, seul Dieu peut faire du nouveau.
Sur ce point, on entend comme en écho la promesse divine
relayée par le prophète : Je vous donnerai un cur
nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau (Ézéchiel
36, 26).
L'évangile de ce dimanche proclame
donc la question de fond que l'Église doit sans cesse mettre
de l'avant au bénéfice de l'humanité. Quelle
autorité devons-nous accorder à Jésus? Sommes-nous
convaincus qu'il est le porte-parole par excellence du projet d'amitié
du Père éternel pour l'humanité?
Un précédent dans le Premier
Testament
Deutéronome 18, 15-20
...Au milieu de vous, parmi vos frères, le Seigneur votre
Dieu fera se lever un prohète comme moi, et vous l'écouterez...
La préoccupation de la première
lecture fait écho à ces explorations de l'évangile
au sujet de l'identité profonde de Jésus. Au moment
de l'incarnation de Jésus, l'espérance de son peuple
imaginait un prophète courageux et tranchant comme Moïse.
On reçut encore mieux : Jésus, un porte-parole autorisé
qui invite à vivre attachés sans partage au Seigneur
Dieu!
À nos yeux, la déclaration
de Moïse lui confère un petit air prétentieux.
En réalité, Moïse veut simplement annoncer la
continuité et le caractère définitif du prophète
des derniers temps... Moïse avait prédit qu'un jour
lointain, Dieu ferait surgir au milieu du peuple un porte-parole
de statut égal au sien. Non seulement sa présence
serait une défense contre le feu de la présence divine,
mais en plus il serait assurément un porte-parole fiable,
qui ne se laisserait pas distraire par quelqu'autre apparence de
divinité que ce soit.
Nous laissons-nous encore étonner?
Sommes-nous encore frappés par l'enseignement
de Jésus? Tant de voix s'élèvent aujourd'hui
pour nier ou pour lui voler son originalité et sa pertinence!
Ces voix étouffent le caractère unique de son message
d'intégration dans la sainteté de Dieu.
Percutant contraste de l'évangile
par rapport à la mollesse de notre écoute! Notre léthargie
devant l'autorité de Jésus vient d'une confusion.
Dans notre tête (et notre cur), « autorité
» rime trop souvent avec « abus ». Pour dissiper
nos hésitations, constatons qu'« autorité »
est également proche parent (du moins en français)
avec le concept d'« auteur ». Exerce une autorité
bienfaisante la personne qui fournit une approche renouvelée
de l'existence. Ce sens est bien proche du mot grec qui désigne
l'autorité dans le texte original. Jésus est un relanceur
de création, une source de nouveauté.
Jésus n'agit pas avec nous comme
un simple répétiteur, une personne qui approfondit
ce qui a été généré par d'autres
dans le domaine des connaissances ou des comportements. Jésus
agit bel et bien comme une source, une sommité, quelqu'un
qui apporte du neuf, de l'inédit... L'écouter doit
provoquer un changement. Nous voici confrontés à un
autre de nos problèmes comme groupe : allons-nous enfin laisser
voir dans notre quotidien que nous acceptons l'autorité de
Jésus?
D'où quelques questions dérangeantes...
Sommes-nous si convaincus que cela
de l'autorité de Jésus? Croyons-nous vraiment que
Jésus est le dernier mot de Dieu pour nous? Parce que son
influence est actuellement plutôt intérieure dans nos
curs, avons-nous l'impression que la véritable autorité
repose désormais du côté des manipulateurs de
foule? L'autorité de Jésus est tellement forte qu'elle
n'a pas besoin d'écraser pour s'imposer. Après cent
générations de croyants, c'est toujours Jésus
qui est notre incomparable source de vie. Ce ne sont pas les gourous,
les astrologues, les manipulateurs de cristaux.
À l'exemple des gens de Galilée,
cette terre de religions mélangées où la clarté
finit par émerger, acceptons-nous d'être enseignés
dans la foi de notre baptême? Allons-nous vers la source pure,
la source d'information qui a autorité? Ou bien, sommes-nous
devenus des zappeurs spirituels, des gens qui vont et viennent d'une
source à l'autre? Acceptons-nous d'être disciples?
Sommes-nous logiques dans notre foi,
au point d'accepter la présence d'une autorité venue
de Jésus, l'autorité de notre Église pour nous
guider sur les routes de la foi, sur les routes de la vie? Que pensons-nous
des personnes qui enseignent dans l'Église: le pape? notre
évêque? les prêtres? ceux et celles qui ont une
authentique mission d'enseigner, de former, de faire grandir dans
la foi?
On peut facilement allonger la liste des
remises en question engendrées par la présence de
Jésus . À notre tour de vivre cette nouveauté
d'une autorité aussi bienveillante!
Alain Faucher, ptre, bibliste
Université Laval, Québec
Source: Le Feuillet biblique,
no 2042. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
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