Des raisons
de fêter, déjà!
Annonce de la naissance de Jésus
Luc
1, 26-38
Autres lectures : 2
Samuel 7, 1-5.8b-12.14.16; Psaume
88 (89); Romains
16, 25-27
Dernier dimanche de l'Avent... Chaque année, ce dimanche
fait entrer sans ambiguïté dans un aspect du mystère
de la fête qui approche. Les esprits curieux trouvent dans
ce dimanche de quoi approfondir leur foi et leur espérance.
En effet, l'évangile invite à contempler les multiples
facettes de l'identité de Jésus.
La Bible anticipe la fête
Le récit de l'annonce faite
à Marie précise le statut de l'enfant-Dieu. Difficile
d'imaginer carte d'identité plus éloquente! La première
lecture aura préparé le terrain, en rappelant à
quel point Dieu intervient de manière constructive dans la
vie des personnes qui lui font confiance. Et saint Paul, dans les
dernières lignes de la grande lettre adressée aux
chrétiens de Rome, proclame au grand jour le mystère
enfoui depuis toujours dans le cur de Dieu. Somme toute, la
foi sort renforcée de la rencontre avec le messager de Dieu
envoyé à Marie, avec le prophète envoyé
à David et avec l'apôtre envoyé à la
communauté de Rome.
Tout ce qu'un nom sait dire...
En Luc 1, 26-38, le messager divin
porte un nom sans équivoque : Dieu est mon guerrier.
La puissance des mots angéliques se concentre sur Jésus
et son rôle. Les grandes questions du «comment cela
se fera-t-il» amènent une « simple » réponse
théologique. On exprime ainsi ce qui comptait vraiment pour
la deuxième ou troisième génération
de croyants: la certitude quant à l'identité de Jésus.
Il n'y a aucune équivoque
selon l'évangile, aucune de ces tergiversations comme on
en entend tant dans les médias aujourd'hui... Selon l'évangile,
l'identité de Jésus est nette et précise. Jésus
est décrit à l'aide d'une longue liste de titres,
presque aussi fournie que nos listes de cadeaux à acheter!
Jésus, c'est Yeshouah, donc « Yahweh sauve ».
C'est quelqu'un de grand qui est appelé Fils du Très-Haut.
Il reçoit comme don le trône de David qui est son glorieux
ancêtre. Jésus va régner pour toujours sur la
maison de Jacob. Son règne n'aura pas de fin: c'est donc
un gouvernant éternel. Mieux encore : il est saint, donc
il est égal à Dieu. Il est Fils de Dieu.
Peu étonnant, avec un tel
statut, que sa conception soit assumée par l'Esprit divin
et créateur en personne! Il n'y a là aucun mépris
du mode de reproduction humain. Simplement, et fortement, une affirmation
claire de « nationalité divine ». Nos ancêtres
dans la foi recevaient cette proclamation comme une bonne nouvelle,
pas comme une source d'inquiétude ou de dérision.
L'évangile accorde une telle
importance au nom de Jésus. Nous serions mal inspirés
d'organiser la fête qui vient sans accorder un peu d'attention
à la personne même qui est au cur de la célébration.
Les Américains ont un slogan fort pour exprimer cette nécessité
: « Let Christ be in Christmas! » Laissons à
Jésus une place à Noël! Ce n'est pas si bête
de se « ruiner en fêtes » parce que Dieu, lui,
le premier, l'a fait!
Une espérance ancrée dans
l'exérience
La première lecture (2 Samuel
7, 1...16) rapporte une bribe de rencontre entre un prophète
et le roi David. On y constate que la détermination de Dieu
dans l'évangile n'est pas une toquade récente. Au
contraire! Dieu a de la suite dans les idées... Quand il
dit à son allié qu'il prend les choses en main, c'est
du sérieux!
Au lieu de nous concentrer sur la
chasse épuisante aux cadeaux que nous allons donner, il faudrait
laisser un peu d'espace pour accueillir ce que Dieu veut nous donner.
Comme il l'a fait dans la vie du roi David, Dieu peut encore venir
brasser les cartes de nos vies perturbées. Il nous invite
ainsi à reconnaître qu'il a le premier mot dans l'aventure
de notre vie.
Tel est le sens de l'aventure qui
survient au roi David. Il vit une grosse surprise, lorsque son projet
à la gloire de Dieu s'avère prématuré.
Le Lectionnaire a malheureusement fait l'économie
des versets
6 et 7. Dieu y raconte qu'il n'a jamais reproché aux
chefs précédents de ne pas lui avoir bâti une
demeure solide et permanente en bois de cèdre.
Notre texte se limite à souligner
les initiatives futures de Dieu. Parallèle utile pour créer
le climat de l'évangile! Avec David, le Dieu de la désinstallation
a eu le premier mot... Il aura aussi le dernier! De même qu'il
s'est rendu responsable d'une foule d'actions de transformation,
de même dans l'avenir Dieu saura-t-il faire durer son peuple
dans la lignée des actions du passé.
Telle est l'attitude divine positive
qui se lit en filigrane du message adressé à Marie
dans l'évangile. À quelques jours de la fête
où nous ferons mémoire de l'aboutissement de son espérance,
la lecture du Premier Testament crée un climat rassurant
et serein.
Tout est dit, pour toujours
Les dernières lignes du monument
littéraire de saint Paul (Romains 16, 25-27) évoquent
la splendeur que l'Église célébrera dans quelques
heures à Noël. Les derniers versets du plus abondant
écrit paulinien se concentrent sur la réputation de
Dieu. On remarque deux mentions de l'expression « Gloire à
Dieu ».
Dieu a le pouvoir de transmettre
la force. Il est le seul sage. Son expression claire en Jésus
est largement diffusée, au-delà des frontières
du Peuple de Dieu. Encore une fois, la répétition
d'un mot permet de repérer l'insistance de l'apôtre.
Il est fasciné par le mystère, ce réservoir
insondable de significations.
Enfin, la double mention de «
Jésus Christ » confirme son rôle indispensable
de médiateur dans la révélation qui transforme
les croyants. Une telle insistance est bienvenue, alors que nos
préparatifs de fête risquent de nous masquer la source
profonde de notre joie.
Des provisions pour mieux fêter
Somme toute, les pages de la Bible
proclamées en cet avant-Noël alimenteront notre réflexion
bien au-delà du menu de régime dont nous devrons probablement
nous contenter dans la nuit de Noël! Soyons compréhensifs
pour nos pasteurs, qui veulent accueillir de manière professionnelle
et adaptée des distants qui se rapprochent du Seigneur pendant
quelques quarts d'heure à Noël.
Quant à nous, rendons grâces
aujourd'hui pour les abondantes provisions bibliques offertes dans
l'intimité de nos communautés fidèles. Voici
des vivres pour tenir bon pendant longtemps! Et tant pis si bien
des gens viendront à la messe de Noël en se demandant
si Jésus vaut ce détour. Nous, nous avons dès
aujourd'hui notre réponse toute prête! En avant, la
fête!
Alain Faucher, ptre, bibliste
Université Laval, Québec
Source: Le Feuillet biblique,
no 2036. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
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