Jean
Baptiste témoigne en direct de Béthanie
Jean, témoin de la lumière
Jean
1, 6-8.19-28
Autres lectures : Isaïe
61, 1-2a.10-11; Cantique
: Luc 1, 46-48.49-50.53-54; 1
Thessaloniciens 5, 16-24
Lors des bulletins de nouvelles présentés à
la télévision, des envoyés spéciaux
se rendent souvent sur le lieu des événements. Ces
journalistes décrivent en détail les faits pour nous
informer. De plus, ils posent des questions à des témoins
pour donner davantage de crédibilité au communiqué.
Les téléspectateurs apprécient l'interview
avec les gens qui ont assisté à l'événement.
À la fin du reportage, par une phrase type, l'envoyé
spécial se nomme et rappelle l'endroit où il se trouve
: « Ici un tel, en direct de tel endroit ».
Dans l'évangile du jour, on
retrouve une situation similaire. Après tout, l'évangile
est aussi un bulletin de nouvelle. D'ailleurs, ne l'appelle-t-on
pas la Bonne Nouvelle? Ici, ce sont des prêtres et
des lévites qui viennent interroger Jean Baptiste. Ces représentants
officiels de la religion juive et du culte cherchent à savoir
qui est Jean, dit le Baptiste et pourquoi il baptise. Le récit
évangélique se termine en précisant l'endroit
où se déroule l'enquête : en direct de Béthanie
en Transjordanie.
Témoigner pour susciter la foi
Dès le premier chapitre de
l'évangile de saint Jean, le Baptiste apporte son
témoignage. Voilà le thème des premiers versets.
D'ailleurs, dans les premières phrases, les mots «
témoin » et « témoignage » reviennent
à quatre reprises. Le témoignage de Jean Baptiste
prend la forme d'un interrogatoire. Il répond aux prêtres
et aux lévites qui lui demandent : « Qui es-tu? »
En disant qu'il est ni le Messie, ni Élie, ni le grand Prophète
(Moïse), le Baptiste attribue indirectement ces titres à
Jésus. Ce dernier représente et dépasse les
grandes figures du monde juif. Dans ce sens, Jean Baptiste témoigne
en faveur de Jésus. Ce faisant, il interpelle la foi de ses
interlocuteurs. Il leur demande : selon vous, qui est Jésus?
Que représente-t-il pour vous?
Plusieurs exégètes
considèrent l'évangile selon saint Jean comme
un long questionnement pour découvrir l'identité de
Jésus. À travers ce « procès »,
le lecteur qui approfondit sa connaissance de Jésus doit
en même temps prendre position : reconnaître ou non
que Jésus est l'Envoyé de Dieu. En ce sens, le quatrième
évangile désire susciter la foi du lecteur. Pour y
arriver, plusieurs personnages viennent témoigner. À
cette brochette de croyants, il faut ajouter le témoin principal
: Jésus. Il vient du ciel pour témoigner de ce qu'il
a vu et entendu auprès du Père : Dieu, personne
ne l'a jamais vu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père,
c'est lui qui l'a fait connaître (Jean 1, 18).
Découvrir la présence de
Jésus
Les interlocuteurs de Jean Baptiste
ne reconnaissent pas en Jésus l'Envoyé du Père.
Et pourtant, il est bel et bien présent. Comme le dit Jean
Baptiste : Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez
pas (v. 26). Plusieurs signes pointent en sa direction, mais
il n'est pas toujours facile de les discerner. Les prêtres
de l'évangile n'y arrivent pas. Toutefois, Jésus n'en
demeure pas moins présent au milieu d'eux!
En ce temps de l'Avent, les chrétiens
se trouvent entre deux présences de Jésus. Tout d'abord,
il y a sa première venue, sa naissance. À Noël,
on célébrera cette venue dans la joie. Ensuite, se
produira sa seconde venue que l'on attend à la fin des temps.
Dans sa Lettre aux Thessaloniciens, saint Paul fait référence
à ce moment : Que le Dieu de la paix vous sanctifie tout
entiers et qu'il vous garde sans reproche pour la venue de notre
Seigneur Jésus Christ (1 Thessaloniciens 5, 23).
Entre ces deux grandes venues, Jésus demeure tout de même
présent. Il est venu voilà déjà deux
millénaires, et il reviendra. Entre temps, il ne cesse de
venir! À nous de le découvrir, de le reconnaître.
Voilà l'interpellation que nous lance Jean Baptiste.
Du prophète Isaïe à
l'Évangile de saint Jean
Le texte du prophète Isaïe
relate un moment clé dans l'histoire du peuple. Les juifs
reviennent tout juste de l'exil à Babylone. Après
50 années d'oppression, les gens peuvent enfin aspirer à
vivre librement. Dans ce contexte, on comprend facilement l'explosion
de joie parmi le peuple : Je tressaille de joie dans le Seigneur,
mon âme exulte en mon Dieu (Isaïe 61, 10).
Bonheur indicible, exaltation totale... Les gens qui n'ont pas connu
la guerre ou l'oppression ne peuvent pas s'imaginer le niveau de
la joie.
Pour les chrétiens, la naissance
de Jésus apporte aussi joie pour le cur. La liberté
qu'apporte le message de Jésus suscite la paix et la joie.
Le passage de la captivité
à la liberté marque un nouveau départ. Les
croyants peuvent enfin vivre leur foi sans crainte. Les juifs peuvent
désormais aspirer à un monde meilleur. Tous les espoirs
sont maintenant possibles. Dans ce sens, le prophète écrit
: De même que la terre fait éclore ses germes, et
qu'un jardin fait germer ses semences, ainsi le Seigneur fera germer
la justice et la louange (Isaïe 61, 11).
À la suite du prophète
Isaïe, Jean Baptiste se fait aussi porteur de bonne nouvelle.
En témoignant en faveur de Jésus, le Baptiste prépare
le chemin qui conduit à la joie et à la liberté.
Parce qu'il rend témoignage à la Lumière, il
éclaire toute personne. Il fait découvrir la réalisation
des promesses... Il annonce la présence du Messie parmi les
siens.
Pour votre information...
Titres déclinés par Jean
Baptiste
Messie
Dans l'Ancien Testament, le terme
désigne le roi consacré par une onction. Au temps
de Jésus, le titre Messie faisait référence
à un royaume temporel. Pour cette raison, Jésus ne
voulait pas qu'on l'appelle Christ (synonyme de Messie).
Élie
Prophète du IXe siècle
avant Jésus Christ, Élie jouit d'une grande renommée
dans le judaïsme. Il lutta avec ténacité et vigueur
contre tous les faux dieux de son temps. La Bible ne décrit
pas sa mort. Au contraire, on y raconte qu'il fut emporté
au ciel sans mourir. Les juifs attendaient donc son retour pour
annoncer la venue du Messie.
Grand Prophète (Moïse)
Le titre grand Prophète fait
référence à Moïse. Le libérateur
de l'esclavage en Égypte est considéré comme
le législateur d'Israël. Il a reçu la Loi de
Dieu. Au début de notre ère, plusieurs juifs attendaient
aussi le retour de ce médiateur entre Dieu et le peuple.
Daniel Montpetit, bibliste
Collège Jean-Eudes, Montréal
Source: Le Feuillet biblique,
no 2035. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
Chronique
précédente :
Le désert de la peur
|