Le Seigneur
est notre avenir
Exhortation à la vigilance
(Marc
13, 33-37)
Autres lectures : Isaïe
63, 16b-17.19b;
64, 2b-7; Ps
79(80); 1
Corinthiens 1, 3-9
À l'ouverture du temps liturgique de l'Avent, le Seigneur
à quatre reprises, lance aux croyants un appel pressant :
Prenez garde, veillez, car vous ne savez pas quand viendra le
moment (vv. 33; aussi 34.35.37).
La confiance de Dieu
La parabole du maître-voyageur
qui donne tout pouvoir à ses serviteurs et recommande au
portier de veiller, suggère que Dieu fait confiance et fixe
une tâche à chacun. Dieu confie les biens de sa maison
aux croyants et à l'Église. Quelle aventure commence
à partir de cette heure! Ce n'est pas une mince responsabilité
que d'avoir entre ses mains les dons de Dieu; mais pour accomplir
le travail, le Seigneur comble surabondamment les siens, comme l'exprime
Paul, dans la Lettre aux Corinthiens : Dans le Christ
Jésus, vous avez reçu toutes les richesses, toutes
celles de la Parole et toutes celles de la connaissance de Dieu
(1 Co 1, 5).
L'urgence de veiller
Le devoir de veiller jusqu'au second
avènement du Seigneur est impérieux. On ne sait ni
à quel moment dans des milliards d'années?
, ni à quelle heure - le soir, à minuit, au
chant du coq, au matin?, ni comment le Seigneur de gloire
viendra. Cette incertitude peut devenir un tremplin pour l'espérance,
la disponibilité, l'ouverture, l'attention aux personnes
et aux événements; et cela, malgré les doutes,
les torpeurs et les vicissitudes de la vie, malgré les soubresauts
de l'histoire, malgré les avancées et les reculs des
sociétés dans lesquelles la vie des croyants se déroule.
Tout événement peut devenir un moment de croissance,
de dépassement et de triomphe de l'amour. Tel fut le cas
de Jésus lors de sa passion. Sur le point de donner sa vie
pour tous, notamment pour les disciples, ces derniers, malheureusement,
n'obéissent pas à sa demande de veiller avec lui,
ils ne compatissent pas à sa douleur, ils ne s'unissent pas
à sa prière adressée au Père.
L'obligation de veiller est aussi
en lien avec les venues successives du Seigneur ressuscité
dans la vie des chrétiens et de l'Église. Le Seigneur
soutient et nourrit l'existence du croyant, dans le quotidien le
plus concret, de façon discrète, certes, mais bien
réelle. Il vient dans l'Eucharistie, il vient par la médiation
des surs et frères dans la foi qui, par leur témoignage
de tendresse, de dévouement et de disponibilité, aident
autrui à vivre avec persévérance et dans la
fidélité. Aussi, la puissance transformatrice de la
résurrection de Jésus n'oriente-t-elle pas les décisions
des croyants? Ne fait-elle pas goûter au plus intime de l'être
que le Seigneur donne sens à la destinée humaine?
Ne permet-elle pas de voir le Seigneur présent dans la marche
de l'humanité, malgré les dérives? Il vient
dans nos agonies et nos lenteurs, nos détours et nos pas
en arrière, souvent au moment le plus inattendu. Et il reviendra,
Celui qui est notre avenir.
La part de Dieu et la nôtre
Isaïe 63, 16b-17.19b; 64, 2b-7
Jamais on ne l'a entendu ni appris, personne n'a vu un dieu que
toi agir ainsi envers lhomme qui espère en lui.
Afin que la vigilance dure
et que l'Avent 2005 ouvre un chemin de rencontre avec le Seigneur,
rien de tel que de se rappeler l'Alliance du Seigneur avec l'humanité,
sa promesse, sa fidélité, telle que la lecture d'Isaïe
nous y invite. Ce texte décrit la fragilité et la
faiblesse des croyants, ceux d'après l'exil, comme ceux d'aujourd'hui
qui, dans un autre contexte, vivent les désenchantements
et les secousses ressenties au cur de l'Église et de
la cité.
Après leur retour à
Jérusalem et sur leur terre, les exilés de Babylone
déchantent et perdent leurs illusions. Comment peuvent-ils
se réinstaller puisque leurs terres ont été
occupées illégitimement par d'autres habitants? Le
Temple n'est pas encore reconstruit (Isaïe
64, 9-11).
Puis, les humains s'empêtrent
dans leur recherche égoïste du pouvoir et se perdent
dans des intérêts superficiels. Ils s'obtiennent dans
le péché : Nous étions tous semblables à
des hommes souillés, et toutes nos belles actions étaient
comme des vêtements salis. Nous étions tous
desséchés comme des feuilles, et nos crimes, comme
le vent, nous emportaient (v. 5). Dans ce contexte, à
tous égards désespérants, Dieu coopère
avec les hommes et les femmes, il fait sa part (vv.
3-4); aux croyants de faire la leur, dans une réponse
amoureuse, en agissant et en se souvenant que les biens que Dieu
a confiés sont les siens et non les leurs.
Le cri lancé vers Dieu
Dans cette situation navrante et désolante,
il reste à crier vers Dieu : Ah! si tu déchirais
les cieux, si tu descendais (v. 19). Reviens (v. 17).
Il reste à reconnaître qui est Dieu et à confesser
du fond du cur : Tu es Seigneur, notre Père, notre
Rédempteur : tel est ton nom depuis toujours (v. 16).
Tu es notre Père enveloppant de tendresse et de sollicitude
le peuple infidèle, et venant toujours aux devants du pécheur.
Tu es le Rédempteur qui offre le salut, c'est-à-dire
la proximité du Seigneur dans le cur qui se convertit
et reconnaît son erreur. Tu es le potier, nous sommes l'argile
: nous sommes tous l'ouvrage de tes mains (v. 7).
Le cri devient-il une accusation
contre Dieu dans cette expression : Pourquoi, Seigneur, nous
laisses-tu errer hors de ton chemin... (v. 17)? Il semble plutôt
que cette formulation soit une plainte, et que le priant compte
sur Dieu qui ne fait jamais défaut. Si le pécheur
commet des crimes, il n'a pas à reprocher à Dieu de
s'être engagé, lui, le fautif, dans une logique criminelle.
En fait, chacune, chacun est sans cesse invité à pratiquer
la justice avec joie et Dieu vient à la rencontre
de quiconque suit le chemin juste. D'une part, il y l'action de
Dieu, et de l'autre l'action du croyant.
Le Rédempteur - le goël,
en hébreu - est le racheteur, ce membre de la famille qui,
avec désintéressement, en toute gratuité, intervient,
par exemple, en faveur d'un parent, trop pauvre, écrasé
de dettes, incapable de payer son champ, il lui rachète le
lopin de terre et le tire d'embarras (Lévitique
25, 23-28); celui qui recueille la veuve de son parent proche
afin de lui donner une descendance (Ruth
3, 12; 4, 22).
Persévérance et fidélité
1 Corinthiens 1, 3-9
Car Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à
vivre en communion avec son Fils, Jésus Christ notre Seigneur.
Une foi vivante comporte une vigilance
active qui prépare le grand Jour. Ne comporte-t-elle pas
aussi la patience, la persévérance? Et celle-ci, sur
quoi se fonde-t-elle? Sur des capacités personnelles ou sur
la fidélité de Dieu (v.
9)? Pour ce qui est de l'espérance, ne peut-elle pas
devenir active et se manifester quand le croyant accepte de Dieu
une totale responsabilité à l'égard du présent
et de l'avenir? Les dons reçus, les biens confiés,
en surabondance, ne demandent-ils pas de fructifier et d'être
partagés avec les autres?
Julienne Côté, CND, bibliste
Collège Régina Assumpta, Montréal
Source: Le Feuillet biblique,
no 2033. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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