Nourris
pour l'éternité
Discours
sur le pain de vie (Jean 6, 51-58)
Autres lectures : Deutéronome
8, 2-3.14b-16a;
Ps 147 (148); 1
Corinthiens 10, 16-17
Voici un dimanche unique dans l'année liturgique. Une fois
l'an, nous prenons davantage conscience du don de Dieu transmis
lors de chaque rassemblement eucharistique. De plus, cette année,
nous nous situons au cur de la grande année dédiée
spécialement à l'Eucharistie par Jean-Paul II. Depuis
octobre 2004, chaque membre de l'Église catholique est invité
à davantage apprécier ce sacrement : il structure
l'appartenance la plus intégrale qui soit d'une personne
chrétienne à son Église.
À dimanche spécial,
évangile spécial! L'Évangile selon Jean
est quelque peu dépaysant dans sa présentation de
l'Eucharistie. On ne traite pas de son institution par Jésus
dans le récit de la dernière Cène (à
partir du chapitre
13), mais bien avant! Tout se joue dès le chapitre
6, à l'occasion d'une multiplication des pains particulièrement
remarquée. L'évangile reprend des affirmations de
Jésus sur les multiples (et bénéfiques) effets
du don total opéré dans le signe du pain rendu largement
disponible.
Comme c'est souvent le cas dans cet
évangile fort original, Jésus ne se contente pas de
fournir des renseignements sur des points de doctrine. Il parle
surtout de lui. Il décrit les effets positifs réservés
aux personnes qui adhèrent à sa personne. D'ailleurs,
Jésus est fort direct dans les affirmations qui le concernent.
Jésus y va sans détour : Je suis le pain vivant,
qui est descendu du ciel. On croit entendre un écho de
Dieu qui se révèle dans le Premier Testament : Je
suis qui je serai. Et les effets de ce qu'il est, pain vivant,
envoyé par le Père, sont radicaux. Jésus ouvre
la vie de qui l'accueille sans retour dans une perspective d'éternité.
Certes, les interlocuteurs sont perplexes.
Ils ont le même réflexe que les gens de notre époque
: ils s'intéressent au « comment », à la
plomberie du don de Jésus. Dommage pour eux, car les parallèles
établis par Jésus avec les événements
de jadis (le don de la manne au désert) amplifient la différence
qu'il introduit dans la vie du Peuple de Dieu. Désormais,
les effets temporaires de la manne sont disqualifiés par
les effets permanents du don de Dieu manifesté en Jésus.
Ce qui est en jeu, c'est une vie durable, la vie de Dieu révélée
à jamais à travers le meilleur messager qui soit,
Jésus totalement donné...
Alain Faucher, ptre
Directeur des programmes de premier cycle
en études bibliques, études pastorales et théologie
Faculté de théologie et de sciences religieuses
Université Laval
Source: Le Feuillet biblique,
no 2016. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
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