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Quatrième dimanche de Pâques A - 17 avril 2005
 
Le bon pasteur

La parabole du pasteur, du voleur et des brebis (Jean 10, 1-10)
Autres lectures : Actes 2, 14a.36-41; Ps 22 (23);
1 Pierre 2, 20b-25

 

Ce texte est la suite immédiate du récit de la guérison de l'aveugle-né (Jean 9, 1-41) qui a été lu le 4ième dimanche du Carême (lecture intégrale). Il n'y a aucune transition entre notre passage et ce qui le précède, de sorte qu'on doit comprendre que les interlocuteurs de Jésus sont toujours les Pharisiens et leurs compagnons (cf. Jn 9, 40) qui contestaient l'authenticité de la guérison de l'aveugle (cf. Jn 9, 13.24). Jésus cherche à leur faire comprendre en quoi consiste le jugement (ou discernement) qu'il doit accomplir dans le monde (cf. Jn 9, 39).

      Le discours se déploie en une série d'oppositions : ceux qui voient - ceux qui ne voient pas et ceux qui croient voir (Jn 9, 39-41); ceux qui entrent dans la bergerie par la porte et ceux qui entrent par un autre endroit; ceux dont les brebis connaissent la voix et ceux qu'elles ne reconnaissent pas (Jn 10, 1-6). Jésus, ensuite, se met directement en scène : il oppose ceux qui entrent en passant par lui aux autres qualifiés de voleurs et de bandits; lui-même donne la vie alors que les autres volent, tuent et égorgent (Jn 10, 7-10). Enfin, dans le dernier paragraphe (non retenu dans cette lecture liturgique), l'opposition s'établit entre le bon berger qui connaît ses brebis et qui donne sa vie pour elles et le mercenaire qui s'enfuit devant le danger (Jn 10, 11-16).

     À travers cette cascade d'images, on devine l'opposition fondamentale entre Jésus et ses adversaires, entre les missionnaires chrétiens et leurs détracteurs. Le contexte est polémique et on pressent que la communauté pour laquelle Jean écrit est menacée, probablement par la propagande venue des milieux juifs. L'objectif poursuivi est de resserrer les rangs des fidèles autour du seul vrai pasteur, Jésus lui-même.

Une image traditionnelle

     Dans l'Ancien Testament, l'image du pasteur désigne, le plus souvent, le chef du peuple, mandaté par Dieu pour le guider et le protéger. Le texte le plus significatif pour éclairer le discours de Jésus est sans doute celui où Moïse demande à Dieu un successeur puisque lui-même n'entrera pas dans la Terre Promise : Que Yahvé, Dieu des esprits qui animent toute chair, établisse sur cette communauté un homme qui sorte et qui entre à leur tête, qui les fasse sortir et entrer pour que la communauté de Yahvé ne soit pas comme un troupeau sans pasteur (Nb 27, 16-17). L'élu sera Josué dont le nom, en hébreu et en grec, est identique à celui de Jésus (Nb 27, 18); c'est lui qui fera entrer Israël dans la Terre Promise. La même image est appliquée à David. Les représentants des tribus du Nord viennent lui dire : Autrefois, déjà, quand Saül régnait sur nous, c'était toi qui sortais et qui entrais avec Israël et Yahvé t'a dit : c'est toi qui paîtras mon peuple Israël et c'est toi qui deviendras chef d'Israël (2 S 5, 2). Enfin, Dieu promet la venue d'un nouveau David qui guidera le nouveau peuple élu : Je susciterai pour le mettre à leur tête un pasteur qui les fera paître, mon serviteur David; c'est lui qui les fera paître et sera pour eux un pasteur (Ez 34, 23).

     On pourrait ajouter plusieurs autres passages; ceux-ci sont suffisants pour illustrer l'enracinement des propos de Jésus.

     Les responsables spirituels du peuple juif pensent voir (cf. Jn 9, 41) mais, en fait, ils sont des guides aveugles qui entraînent leurs fidèles sur des routes dangereuses (cf. Lc 6, 39). Jésus est le guide sûr que les disciples doivent suivre pour entrer dans la véritable Terre Promise qui est la vie éternelle (cf. v. 10). Ceux qui appartiennent vraiment à Jésus savent reconnaître sa voix (vv. 4.8) et ne se laissent pas séduire par les faux pasteurs. Plus loin dans le texte (v. 16), Jésus exprimera son désir de rassembler en un seul troupeau même ceux qui sont égarés; tel est, en effet, le sens de sa mission : rassembler dans l'unité tous les enfants de Dieu dispersés (Jn 11, 52).

Jérôme Longtin, ptre
Diocèse de Saint-Jean-Longueuil

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2010. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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