Le bon
pasteur
La parabole
du pasteur, du voleur et des brebis (Jean 10, 1-10)
Autres lectures : Actes
2, 14a.36-41; Ps 22 (23);
1
Pierre 2, 20b-25
Ce texte est la suite immédiate du récit de la guérison
de l'aveugle-né (Jean
9, 1-41) qui a été lu le 4ième dimanche
du Carême (lecture intégrale). Il n'y a aucune transition
entre notre passage et ce qui le précède, de sorte
qu'on doit comprendre que les interlocuteurs de Jésus sont
toujours les Pharisiens et leurs compagnons (cf. Jn
9, 40) qui contestaient l'authenticité de la guérison
de l'aveugle (cf. Jn
9, 13.24). Jésus cherche à leur faire comprendre
en quoi consiste le jugement (ou discernement) qu'il
doit accomplir dans le monde (cf. Jn
9, 39).
Le discours se déploie
en une série d'oppositions : ceux qui voient - ceux qui ne
voient pas et ceux qui croient voir (Jn
9, 39-41); ceux qui entrent dans la bergerie par la porte et
ceux qui entrent par un autre endroit; ceux dont les brebis connaissent
la voix et ceux qu'elles ne reconnaissent pas (Jn
10, 1-6). Jésus, ensuite, se met directement en scène
: il oppose ceux qui entrent en passant par lui aux autres qualifiés
de voleurs et de bandits; lui-même donne la vie alors que
les autres volent, tuent et égorgent (Jn
10, 7-10). Enfin, dans le dernier paragraphe (non retenu dans
cette lecture liturgique), l'opposition s'établit entre le
bon berger qui connaît ses brebis et qui donne sa vie
pour elles et le mercenaire qui s'enfuit devant le danger
(Jn
10, 11-16).
À travers cette cascade d'images,
on devine l'opposition fondamentale entre Jésus et ses adversaires,
entre les missionnaires chrétiens et leurs détracteurs.
Le contexte est polémique et on pressent que la communauté
pour laquelle Jean écrit est menacée, probablement
par la propagande venue des milieux juifs. L'objectif poursuivi
est de resserrer les rangs des fidèles autour du seul vrai
pasteur, Jésus lui-même.
Une image traditionnelle
Dans l'Ancien Testament, l'image
du pasteur désigne, le plus souvent, le chef du peuple, mandaté
par Dieu pour le guider et le protéger. Le texte le plus
significatif pour éclairer le discours de Jésus est
sans doute celui où Moïse demande à Dieu un successeur
puisque lui-même n'entrera pas dans la Terre Promise : Que
Yahvé, Dieu des esprits qui animent toute chair, établisse
sur cette communauté un homme qui sorte et qui entre à
leur tête, qui les fasse sortir et entrer pour que la communauté
de Yahvé ne soit pas comme un troupeau sans pasteur (Nb
27, 16-17). L'élu sera Josué dont le nom, en hébreu
et en grec, est identique à celui de Jésus (Nb
27, 18); c'est lui qui fera entrer Israël dans la Terre
Promise. La même image est appliquée à David.
Les représentants des tribus du Nord viennent lui dire :
Autrefois, déjà, quand Saül régnait
sur nous, c'était toi qui sortais et qui entrais avec Israël
et Yahvé t'a dit : c'est toi qui paîtras mon peuple
Israël et c'est toi qui deviendras chef d'Israël (2
S 5, 2). Enfin, Dieu promet la venue d'un nouveau David qui guidera
le nouveau peuple élu : Je susciterai pour le mettre à
leur tête un pasteur qui les fera paître, mon serviteur
David; c'est lui qui les fera paître et sera pour eux un pasteur
(Ez 34, 23).
On pourrait ajouter plusieurs autres
passages; ceux-ci sont suffisants pour illustrer l'enracinement
des propos de Jésus.
Les responsables spirituels du peuple
juif pensent voir (cf. Jn
9, 41) mais, en fait, ils sont des guides aveugles qui entraînent
leurs fidèles sur des routes dangereuses (cf. Lc
6, 39). Jésus est le guide sûr que les disciples
doivent suivre pour entrer dans la véritable Terre Promise
qui est la vie éternelle (cf. v.
10). Ceux qui appartiennent vraiment à Jésus savent
reconnaître sa voix (vv.
4.8) et ne se laissent pas séduire par les faux pasteurs.
Plus loin dans le texte (v.
16), Jésus exprimera son désir de rassembler en
un seul troupeau même ceux qui sont égarés;
tel est, en effet, le sens de sa mission : rassembler dans l'unité
tous les enfants de Dieu dispersés (Jn 11, 52).
Jérôme Longtin, ptre
Diocèse de Saint-Jean-Longueuil
Source: Le Feuillet biblique,
no 2010. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
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