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sa joie
L'apparition
aux disciples d'Emmaüs (Luc 24, 13-35)
Autres lectures : Actes
2, 14.22b-33; Ps 15 (16); 1
Pierre 1,17-21
L'épisode des disciples d'Emmaüs raconte que Jésus
ressuscité s'est manifesté à deux de ses disciples
qui retournaient chez eux après la Passion. Ils étaient
profondément découragés et Jésus leur
a expliqué en cheminant avec eux que la souffrance n'était
qu'une étape. Le triomphe sur la mort devait suivre selon
l'enseignement des Écritures. Jésus est entré
dans leur maison à Emmaüs et il a fait voir son corps
vivant lors de la fraction du pain.
Dans le catéchèse,
on fait prendre conscience aux enfants de la valeur des signes dans
la vie : un salut signifie l'amitié, un sourire signifie
la joie, un bouquet de fleur signifie l'affection. Quand on veut
renouer avec quelqu'un, on l'invite à manger au restaurant
ou encore chez soi. Jésus, pour exprimer son amitié
à ses disciples, s'est chargé de leur partager lui-même
le pain. On se souvient de la multiplication des pains même
par Jean : Jésus prit les pains il les distribua aux convives
(Jean 6, 11). Les disciples d'Emmaüs connaissaient cette habitude
de Jésus et ils ont certainement entendu parler de la dernière
Cène. L'important, c'est que Jésus a voulu être
identifié par un signe très parlant pour toutes les
époques.
Il est peu probable que Jésus
ait reproduit alors la dernière Cène. Cependant saint
Luc, le narrateur, a utilisé ici un vocabulaire eucharistique
pour faire sentir à ses lecteurs que la fraction du pain
(un geste important de la messe actuelle) leur fait rencontrer le
Ressuscité comme ce fut le cas pour les disciples d'Emmaüs.
Jésus a voulu qu'on se souvienne de lui pour l'amitié
qu'il a apportée aux êtres humains. Il n'a pas voulu
laisser le souvenir de ses traits, perceptibles à ceux qui
ont de bons yeux. Il n'a pas voulu même laisser seulement
le souvenir de quelqu'un qui expliquait bien Moïse et les prophètes.
Seules les personnes intelligentes auraient pu alors saisir le message!
Les disciples d'Emmaüs connaissaient
bien les Écritures; ils n'ont pas su y reconnaître
le mystère pascal de Jésus. Il a fallu qu'ils accueillent
un compagnon de route qui les a sortis de leur déception
immédiate alors qu'elle accaparait tout leur regard. Mais
ils n'ont pas reconnu Jésus tout de suite. Il a fallu que
leur attitude d'accueil soit assez forte pour qu'ils posent un geste
concret d'accueil. Alors, la rencontre avec Jésus est devenue
totale. Leur joie a été grande car au don de Jésus
par sa présence, il ont répondu par le don de l'accueil.
Pierre Bougie, PSS
Professeur au Grand Séminaire de Montréal
Source: Le Feuillet biblique,
no 2009. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
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